Les héros culturels : récits et représentations, appel à communication pour le 30 octobre 2011

Les héros culturels : récits et représentations

Colloque international 23-24 mars 2012

Université Paul Verlaine de Metz

Organisé par le centre de recherche Ecritures

Appel à communication

Les littératures des mondes contemporains – spécialement mais non exclusivement celles

provenant d’Afrique, des Caraïbes, des Amériques ou de leurs diasporas – sont caractérisées

par les déplacements et les transferts culturels. Le colloque s’intéresse à la construction des

discours identitaires dans la production littéraire et artistique, en relation avec leur contexte de

réception. En d’autres termes, il s’agit d’analyser les discours liés à l’authenticité, les

phénomènes de labellisation dans la communication littéraire et artistique, les dispositifs

sémiologiques divers (stylistiques, énonciatifs, thématiques, etc.) de marquage identitaire qui

interviennent des premières opérations de l’écriture jusqu’à la patrimonialisation.

La démarche suppose une réelle interdisciplinarité en termes de domaines (anglophone,

hispanophones, francophones, sans exclusivité), d’objets (ouverture à l’histoire de l’art, aux

médias, etc.), de méthodologie (linguistique et socio-linguistique, stylistique, narratologie,

études de réception, sociologie de la littérature, anthropologie…)

Le colloque ne vise pas une redéfinition de l’identité, mais propose d’étudier un des

phénomènes qui la rendent possible et lisible, en l’occurrence les mythes d’origine, et parmi

ceux-ci en particulier la construction littéraire (et plus généralement narrative) d’un « père

fondateur », entraînant la vénération (collective, institutionnelle) de cette figure idéalisée.

On peut dès lors se risquer à parler de la sacralisation d’un héros, au terme d’un parcours

balisé (naissance obscure, faits héroïques qualifiants puis fondateurs, reconnaissance et

gestion du royaume, couronnement, filiation…) : son comportement est parfait, sa parole est

exemplaire. Exemples : José de San Martín (Argentine) : El Padre de la Patria, El Santo

de la Espada / Le Saint du Sabre ; José Martí (Cuba) : El Apóstol de la Revolución /

L’Apôtre de la Révolution.

Ces figures fondatrices semblent fortement sexuées, ce qu’indique la métaphore du

« père », ou la posture récurrente de l’aïeule en énonciatrice de l’histoire collective.

De tels « rôles familiaux », qui sont à inventorier, relèvent-ils d’une anthropologie

générale, affectant des rôles narratifs semblables à des types de personnages, ou d’une

construction historique ? On a en tout cas assisté ces dernières années à un effort pour

mettre en avant (mettre en récit) des figures fondatrices féminines (reines, princesses,

magiciennes).

Quoi qu’il en soit, de tels récits semblent susciter des formes d’adhésion qui relève de la

croyance – intime éventuellement, mais d’abord induite par le discours social. Le héros,

création narrative et littéraire, est porteur de valeurs identitaires ; sa figure historique,

fédératrice d’un imaginaire propre à la collectivité (nationale, régionale, etc.), est ainsi érigée

en modèle par des oeuvres qui deviennent elles-mêmes exemplaires dans le champ artistique.

Il y a donc une écriture et une lecture littéraires de l’Histoire, en même temps qu’une

opération instaurant un corpus de référence qui définit à son tour une littérature

« nationale ». Qu’est-il à cet égard des romans « fondateurs », des « pionniers », des

« précurseurs », etc. Les « ruptures », et les « émergences » sont-elles, dans l’histoire

littéraire, construites de la même manière que leurs homologues dans la mémoire

historique ?

Une histoire est-elle, en somme, possible sans héros ? Que se passe-t-il (ou ne se

passe-t-il plus ?) lorsqu’au lieu de vies exemplaires, on a des « vies minuscules » ?

Comment l’institution scolaire et la littérature destinée à l’enfance ou à la jeunesse

racontent-elles la « vie exemplaire » d’un homme ou d’une femme (voire d’un groupe),

pour en faire un modèle national, voire régional ou continental ?

Quel lien entre ces biographies et la mise en évidence de types emblématiques, mythifiés

(exemples : l’indien et l’indianisme, l’indien et l’indigénisme, le gaucho et la gauchesca) ?

Quel lien, par ailleurs, entre biographie et recueil de paroles du héros, dans ou en

dehors du récit biographique ?

Y a-t-il une succession de séquences plus ou moins obligées dans le récit du fondateur :

d’abord comme jeune guerrier faisant irruption, ensuite comme “administrateur” du nouveau

royaume, enfin comme « sage » ? Autre séquence : son mariage avec la fille du (vieux) roi ?

Après avoir tué quel dragon ? Un tel rapprochement avec le genre du conte a-t-il lieu d’être ?

dans le récit ? dans la vie même du protagoniste qui se destine à être raconté et suit lui-même,

dans la vie qu’il écrit ainsi, le modèle d’une autre « vie exemplaire » ? A cet égard, il est

légitime aussi d’envisager l’autobiographie comme lieu d’auto-statufication, à la fois

témoignant de l’emprise de vies exemplaires antérieures, mais aussi instaurant la nouvelle

exemplarité du Moi.

Dans cette succession de séquences, faut-il prendre en compte, a fortiori dans le contexte

postcolonial, les « mauvais pères », les « pères déclassés », la « révolte contre le père » ?

Modèle et contre-modèle, figures d’inclusion et d’exclusion, sont donc inséparables.

Une attention doit être gardée au « métadiscursif » : on doit tenir compte de la force légitimante

(avec ses effets narratifs) du discours scientifique et herméneutique sur ces figures et sur ce

qu’elles représentent politiquement.

Il sera donc bon d’élargir la réflexion à d’autres écritures que littéraires, par exemple les

historiens : qu’est-ce qu’ils proposent ou imposent comme narration de l’histoire et des

« figures » ? De même, les journalistes ont du poids.

Les pistes de réflexion sont donc nombreuses. Elles s’ouvrent aussi dans le domaine

des autres arts : la statuaire épique d’Ousmane Sow, les portraits d’Andy Warhol, le

cinéma biographique traitent chacun différemment de la figure héroïque.

 

Les communications pourraient être orientées selon les axes suivants :

  • Les témoignages, l’auto-représentation dans les mémoires.

  • Le processus de mythification.

  • Les récupérations de la même figure dans des contextes politiques variables.

 

 

Langues du colloque : Les résumés seront adressés en français mais les

communications, d’une longueur de 20 mn, pourront être données en anglais, en

allemand ou en espagnol.

 

L’université de Metz prendra en charge l’hébergement des participants mais pas leurs

frais de voyage.

Date limite de soumission des propositions :

Les propositions sous la forme de résumés de 2000 à 4000 signes sont à envoyer avant

le 30 octobre 2011 à

Ranaivoson-hecht@wanadoo.fr

Pierre.halen@univ-metz.fr

valentinalitvan@gmail.com

Date de communication du programme : 1er décembre 2011.

Comité scientifique :

Kathie Birat (Metz)

Pierre Halen (Metz)

Comité d’organisation :

Valentina Litvan (Metz)

Dominique Ranaivoson (Metz)