« Intraduisibles de l’Antiquité » 18 19 octobre Paris

Atelier des « Intraduisibles de l’Antiquité : de la philosophie à l’anthropologie historique ».

Les résumés des différentes communications sont disponibles à l’adresse suivante : https://lida.hypotheses.org/programme-2. En outre le colloque sera entièrement retransmis en visioconférence, pour en obtenir le lien ou pour toute question, vous pouvez écrire aux organisateurs à l’adresse suivante : intraduisibles.antiquite@gmail.com.

Programme :

Mardi 18 octobre (Campus Condorcet, centre des Colloques, Place du Front populaire, 93300 Aubervilliers, salle 3.02)


• 9h30-10h : accueil des participants

• 10h-10h45 : Introduction par Adrien Coignoux et Thibaud Nicolas

10h45 : 1ère session, Traduire un statut, une gageure ? (animée par L. Iribarren, EHESS)


• 10h50-11h40 : Coline Ruiz Darasse (CNRS), « Un préteur chez les Gaulois ? Autour de l’inscription gallo-grecque de Vitrolles (RIG G-108 ; RIIG BDR-14-01). »

• 11h40-12h10 : Florentin Maroye (Université Jules Verne), « Poetaversorfactista : composer sans inventer. L’impossibilité de rendre l’idée du ποιητής en latin au XVIe siècle : l’exemple de Florent Chrestien. »

12h10-13h30 : déjeuner

13h30 : 2ème session, Quand les anciens peinent à traduire (animée par S. Wyler, Université Paris-Cité)


• 13h35-14h20 : Mia Pancotti (ANHIMA), « Le verbe grec ἀναγιγνώσκω : intraduisibilité d’une approche cognitive de la lecture ancienne ? »

• 15h25-16h10 : Teresa Torcello (Università di Bologna), « Hoc ego supersedi vertere. Untranslatability and Hesitation to Translate in the Work of Aulus Gellius »

15h05-15h25 : pause

• 16h10-16h55 : Beatrice Lietz (EPHE), « Intraduisibles grecs dans les Verrines de Cicéron »

• 16h55-17h30 : discussion conclusive de la journée

Mercredi 19 octobre (Paris, INHA, salle Vasari)


• 8h30-9h : accueil des participants

9h : 3ème session, Pratiques religieuses et intraductibilité (animée par V. Pirenne Delforge, Collège de France)


• 9h05-9h50 : Ginevra Benedetti (Collège de France), « Redescendre de l’Olympe : déconstruire la notion moderne de panthéon pour traduire le panthe(i)on antique »

• 9h50-10h35 : Mathilde Naar (EPHE), « Hygie et Salus : l’interpretatio à l’épreuve de la traduction »


10h35-11h : pause


• 11h-11h45 : Giulia Tonon (University of Liverpool), « Untranslatability and the Case of Ptolemaic Priestly Decrees »

• 11h45-12h30 : Clara Daniel (Aix Marseille Université), « “Ave César ! Ceux qui vont mourir vous saluent” Peut-on vouvoyer les Romains ? »

12h30-13h50 : déjeuner


13h50 : 4ème session, discours mythiques et intraductibilité (animée par D. Charpin, Collège de France)


• 13h55-14h40 : Emily Zeran (Friedrich-Schiller-Universität Jena), « Obscure Myths and Unweighted Signs: Problems of the World’s First Literature »

• 14h40-15h25 : Nele Ziegler (CNRS  UMR 7192), « Le Mythe du Très-Sage, Atram-hasis. Un cas d’école »

15h25-15h50 : pause


• 15h50-16h35 : Serge Bardet (Université d’Évry), « Du schibboleth et de son intraductibilité essentielle »

• 16h35-17h35 : table ronde finale

La notion « super puissance » d’un dieu : Πάνθειος / Pantheus , 2 juin 2022

Ginevra Benedetti, postdoc au Collège de France 

qui présentera une conférence sur : 

Exprimer la « super puissance » d’un dieu: 

Πάνθειος / Pantheus comme cas d’étude

le jeudi 2 juin, 14h-16h 

présentiel : Salle Mariette  (2, rue Vivienne, INHA, Paris)

distanciel : https://meet.goto.com/FrancescaPrescendi-Morresi/religions-de-rome-et-du-monde-romain

La Genèse de l’écriture, par Denise Schmandt-Besserat

La Genèse de l’écriture, par Denise Schmandt-Besserat

Traduit par : Nathalie Ferron, Postface de : Grégory Chambon

Les Belles Lettres, Paris, 2022

Pour le commander ou l’acheter  ( 25,50 €) :

https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251452937/la-genese-de-l-ecriture

Présentation

Pour les civilisations antiques, l’écriture était un don divin. Les philosophes et les linguistes ont spéculé sur ses origines. À la fin du XXe siècle, des objets archéologiques ont permis de retracer l’évolution de pratiques aboutissant aux premières traces d’écriture en Mésopotamie. Bousculant le mythe et les certitudes savantes, leur étude a montré que les fonctions primordiales de l’écriture ne relèvent ni de la transmission, ni de la conservation du langage, mais de la gestion de biens. 

La conception scientifique de la genèse de l’écriture découle des découvertes de Denise Schmandt-Besserat. Ce livre présente les preuves matérielles que sont les « jetons », examine leur évolution jusqu’à la transmission de leurs fonctions aux tablettes d’argile, puis analyse les implications socioéconomiques de ce processus multimillénaire, avant de restituer la classification des artefacts. 

Cette démarche est comparable à celle d’André Leroi-Gourhan : elle introduit une problématique fondamentale dans le champ des études paléo-historiques en même temps qu’une méthode éclairant la relation entre une classe d’artefacts et l’évolution de l’humanité. Dans une postface inédite, Grégory Chambon fait le point sur les enjeux toujours actuels de cette œuvre fondatrice.

BIOGRAPHIES CONTRIBUTEURS

Denise Schmandt-Besserat

Archéologue et professeur d’art et d’archéologie du Proche-Orient, Denise Schmandt-Besserat a reçu de nombreux prix académiques et été distinguée par l’American Association of University Women. La Genèse de l’écriture (How Writing Came About) a été inclus par American Scientist dans la liste des 100 livres de science les plus importants du XXe siècle.

Grégory Chambon

Grégory Chambon est directeur d’études à l’EHESS, chaire « Savoir et culture matérielle au Proche-Orient Ancien (IIIe-Ier millénaire av. J.-C.) ».

TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS À L’ÉDITION FRANÇAISE  
PRÉFACE 

INTRODUCTION. UNE NOUVELLE THÉORIE 
1. Mythes 
2. La théorie des pictogrammes 
3. Les jetons 
3.1. Études portant sur les jetons 
4. Les archéologues 
4.1. Leo Oppenheim 
4.2. Pierre Amiet 


PREMIÈRE PARTIE. TÉMOINS ARCHÉOLOGIQUES

Chapitre 1. Les jetons 
1. Types et sous-types 
2. Des jetons simples aux jetons complexes 
3. Matériau 
4. Fabrication 
5. Présentation de la collection de jetons étudiée 

Chapitre 2. En quels lieux et par qui les jetons étaient-ils utilisés ? 
1. Types de site 
2. Répartition au sein des sites 
3. Structures 
4. Dépôts de jetons 
5. Contenants 
6. Objets associés 
7. Des jetons comme offrandes funéraires 
7.1. Sites 
7.2. Sépultures 
7.3. Jetons 

Chapitre 3. Cordons de jetons et enveloppes 
1. Cordons de jetons 
1.1. Jetons perforés 
1.2. Bulles pleines 
2. Enveloppes 
2.1. L’objet 
2.2. Répartition géographique et quantité
2.3. Chronologie 
2.4. Contexte 
2.5. État de conservation 
2.6. Jetons enclos dans des enveloppes 
2.7. Marques 

Chapitre 4. Tablettes à encoches 
1. Quantité 
2. Contexte 
3. Chronologie 
4. Description 
5. Signes 
5.1. Mise en page 
5.2. Techniques d’impression 
5.3. Des jetons aux signes 
6. Des tablettes à encoches à la pictographie 
6.1. Les jetons : prototypes des signes imprimés 
6.2. Les jetons : prototypes des signes imprimés/incisés 
6.3. Les jetons : prototypes des pictogrammes incisés 
7. Signification des signes et jetons correspondants 
7.1. Signes imprimés 
7.2. Signes incisés 
7.3. Les chiffres 
8. Place des tablettes à encoches dans l’évolution de l’écriture 


DEUXIÈME PARTIE. INTERPRÉTATION

Chapitre 5. Évolution des symboles au cours de la Préhistoire 
1. Symboles et signes 
2. Symboles des Paléolithiques inférieur et moyen 
3. Symboles du Paléolithique supérieur et du Mésolithique 
4. Symboles néolithiques 
4.1. Une forme nouvelle 
4.2. Un nouveau contenu 
5. Une nouvelle étape dans la communication et la conservation des données 

Chapitre 6. Implications économiques et sociales des jetons 
1. Outils de calcul et économie 
1.1. Chasse et cueillette 
1.2. Agriculture 
1.3. Industrie 
2. Outils de calcul et organisation sociale 
2.1. Sociétés égalitaires 
2.2. Sociétés hiérarchisées 
2.3. L’État 

Chapitre 7. Du comptage à l’émergence de l’écriture 
1. Méthodes de comptage 
1.1. Un, deux, beaucoup 
1.2. La correspondance terme à terme 
1.3. Le comptage concret 
1.4. Le comptage abstrait 
2. Témoignages philologiques dans la langue sumérienne 
2.1. Systèmes de numération ternaire 
2.2. Multiplicité des noms de nombres 
3. Données archéologiques proche-orientales 
3.1. Les bâtons de comptage du Paléolithique 
3.2. Les jetons 
3.3. L’écriture 

Chapitre 8. Conclusions : le rôle des jetons au cours de la Préhistoire et leur apport à l’archéologie 
1. Économie 
2. Structure politique 
3. Mathématiques 
4. Communication 

TROISIÈME PARTIE. LES OBJETS

Croquis et photographies 
1. Cônes 
2. Sphères 
3. Disques 
4. Cylindres 
5. Tétraèdres 
6. Ovoïdes 
7. Quadrilatères 
8. Triangles 
9. Biconiques 
10. Paraboloïdes 
11. Boudins repliés 
12. Ovales / Rhomboïdes 
13. Récipients 
14. Outils 
15. Animaux 
16. Divers  

Glossaire 
Abréviations 
Postface 
Bibliographie 
Index

Appel à communication : «Intraduisibles de l’Antiquité » (date limite 30 mai 2022)

Nous avons le plaisir de relayer cet appel à communication qui nous semble balayer un champ passionnant et très utile. Ce travail est indispensable scientifiquement et humainement. ( L’argumentaire lui-même est précieux)

Appel pour la 2ème journée d’étude des « Intraduisibles de l’Antiquité » qui aura lieu à Paris, les 18 et 19 octobre 2022.
Le groupe de recherche interdisciplinaire « Les Intraduisibles de l’Antiquité » est heureux de relancer une dernière fois son appel à communication pour sa deuxième journée d’étude les 18 et 19 octobre 2022 à Paris (à l’INHA). La date butoir d’envoi des propositions (titre et résumé de 200 à 300 mots, avec CV) est exceptionnellement décalée au lundi 30 mai 2022, à l’adresse suivante :
intraduisibles.antiquite @gmail.com (supprimer l’espace)

N’hésitez pas à nous contacter pour toutes questions.
Nous remercions par ailleurs toutes celles et tous ceux qui ont déjà envoyé des propositions de communications et reviendrons vers vous rapidement.
Pour rappel, vous trouverez ci-après l’argumentaire et la présentation de cette journée.


« Traduire c’est trahir » dit le proverbe, le passage d’une langue à l’autre entraîne des
difficultés de traductions provoquées par des écarts sémantiques et/ou des décalages morphosyntaxiques qui mettent en exergue des distinctions anthropologiques autant, voire davantage, que linguistiques. Cette idée s’inscrit dans la continuité tant des travaux de Barbara Cassin (Cassin 2004) que dans le cadre d’étude des translation studies et notamment la théorie de « translation culturelle » développée par Homi Bhabba (Bhabba 1994), la skopos theory de Hans Vermeer (Vermeer 1984) ou plus largement les descriptive translation studies (Toury 1985).

Le groupe des Intraduisibles de l’Antiquité se propose ainsi de « déterritorialiser » ces approches contemporaines pour mieux les appliquer au contexte antique ainsi qu’à un type précis de difficultés de traduction : celles provoquées par l’usage d’un mot d’origine étrangère, dans un texte ou une pratique concernant les collectifs de la Méditerranée antique.

L’objectif est d’analyser ces difficultés de traduction de manière à identifier quels processus, quelles motivations, quels besoins et quelles barrières sont érigées lorsqu’un individu, qu’il s’inscrive dans une période antique ou soit un observateur moderne (savant ou chercheur), use d’un mot emprunté à une langue antique. In fine, notre objectif est d’identifier à la fois le « nœud d’intraductibilité », au sens des causes des difficultés de traduction qu’entraînent tel ou tel emprunt à une langue étrangère, mais aussi, et surtout, quels savoirs anthropologiques nous pouvons en retirer et comment, par quelles stratégies, nous pouvons dépasser cette incapacité à traduire.

Il ne s’agit donc pas tant d’aborder ces mots comme des problèmes à résoudre mais comme des cas-limites ayant le potentiel de nous permettre de mieux cerner les écarts qui résident entre les différents collectifs humains de la Méditerranée antique tout en réévaluant la pertinence de toute une gamme de catégories épistémologiques modernes.


Lors de notre première journée d’étude, quatre principaux facteurs rendant un mot de l’Antiquité « intraduisibles » ont émergé :

  • une déférence excessive pour la langue-source rendant impossible ou tabou l’exercice de la traduction (une traduction excessivement source‑oriented),
  • l’absence d’une catégorie anthropologique équivalente dans la langue-cible (une traduction qui ne s’est pas accompagnée d’un effort d’adaptation culturelle),
  • une atrophie de la polysémie originelle du fait de la multiplicité des traductions successives (une traduction excessivement target‑oriented)
  • et une compréhension sémantique trop faible du terme de la langue-source (ne tenant pas assez compte des données émiques).

Pour la deuxième journée d’étude, les personnes souhaitant proposer une communication sont donc invitées soit à se pencher sur un des quatre facteurs « d’intraductibilité » proposés ci-dessus à l’aune de leur propre documentation, soit à proposer une nouvelle catégorie à ajouter à celles-ci en s’appuyant sur l’étude d’un ou plusieurs cas issus de leur propre champ disciplinaire.

En outre, ces facteurs ne s’excluent pas les uns les autres et les intraduisibles pourront être étudiées à travers des analyses concernant le rôle de la traduction (function-oriented), comme le résultat de cette opération (product-oriented), ou bien l’acte en lui-même (process-oriented), du point du vue du traducteur
(Holmes 1972).

Il est également possible de proposer l’étude spécifique d’un « intraduisible de
l’Antiquité » et à questionner celui-ci en essayant d’en détecter toutes les spécificités endogènes par rapport aux traductions modernes.

Par ailleurs, si la première journée d’étude se concentrait essentiellement sur le grec et le latin nous enjoignons les chercheurs travaillant sur des langues
orientales à nous faire parvenir leurs propositions.

Le colloque se tiendra préférentiellement en présentiel mais des projets de communication en distanciel peuvent être proposés.

Organisateurs : Thibaud NICOLAS (EHESS / PSL) et Adrien COIGNOUX (AnHiMA)

Comité scientifique :

Vinciane PIRENNE-DELFORGE (Collège de France)

Lionel MARTI (CNRS)

Leopoldo IRIBARREN (EHESS)

Stéphanie WYLER (Université Paris-Cité / AnHiMA)

Consecrare, sacrificare… par Yann Berthelet : 4 conférences en mai 2022 à Paris

Yann Berthelet est professeur d’Histoire de l’Antiquité gréco-romaine à l’Université de Liège.

Il est invité par Francesca Prescendi Morresi et Emmanuel Dupraz.

1. Consecratio : rite de fondation ou transfert dans la propriété divine ?

                                             (le lundi 09/05, de 10h à 12h au Campus Condorcet).

2. Consecrare, sacrum facere et  sacrificare  

(le jeudi 12/05, de 14h à 16h à l’INHA).

3. Consecratio, rites funéraires et divinisation

(le jeudi 19/05, de 14h à 16h à l’INHA).

4. Consecratio, sacratio et res publica : entre dualité de la cité et double vie des dieux

                                                    (le lundi 23/05, de 10h à 12h au Campus Condorcet).

En présentiel et en visio –conférence :

pour s’inscrire     https://berthelet.eventbrite.fr

Ecole Pratique des Hautes Etudes, ( EPHE).              PSL.

Un aspect de l’Histoire des Dogmes : monde chrétien et musulman. ( conf. par E. Fiori, 2022-04-20 Paris)

« Transposer et transformer l’histoire des dogmes : les florilèges dogmatiques syriaques et la patristique grecque en monde musulman. »

Dans le cadre de la direction d’études de Marie-Odile Boulnois (« Patristique grecque et histoire des dogmes ») et en collaboration avec le Laboratoire d’études sur les Monothéismes (UMR 8584), Monsieur Emiliano Fiori (professeur associé à l’Université Ca’ Foscari, Venise) donnera une conférence intitulée : « Transposer et transformer l’histoire des dogmes : les florilèges dogmatiques syriaques et la patristique grecque en monde musulman ».

Inscription obligatoire : https://fiori.evenbrite.fr

Mercredi 20 avril 2022, de 14h à 16h, à la MSH, 54 bd Raspail, salle 15.

L’affiche est en pj.

La recherche de la vérité dans la Grèce archaïque, par Pierre Vesperini, le mardi 8 mars 2022, 14h 30-15h 30, à Paris et en visio.

Vinciane Pirenne-Delforge (Normes religieuses et questions d’autorité dans le monde grec recevra Pierre Vesperini, CNRS, qui donnera  un séminaire au Collège de France, 11, place Marcelin Berthelot, Salle 2. 

Les cours et séminaires sont gratuits, en accès libre. Cependant, pour assister en visio,  il faut demander le lien  à Manfred : manfred.lesgourgues    @           college-de-france.fr

Notre commentaire est plus bas .

Résumé de l’auteur :

Du grand livre de Marcel Detienne Les Maîtres de vérité dans la Grèce archaïque (1967), on a gardé l’image d’une sorte de « premier âge » de la « pensée grecque », au cours duquel aèdes, devins, « rois de justice » et autres « sages » (sophoi) auraient possédé et proclamé à leurs contemporains des vérités inspirées par les dieux. C’est dans un deuxième temps, et au prix d’une « laïcisation » du savoir, qu’aurait pu naître la philosophie au sens tout à la fois de recherche (et non plus possession) du vrai, et de critique de la doxa (mythes, traditions, autorités, en un mot, « conglomérat hérité », pour le dire avec Gilbert Murray).

Ce qu’on voudrait tenter de montrer ici, c’est que ce schéma évolutionniste est trompeur. Les « maîtres de vérité » n’ont pas disparu avec le passage à la philosophie. Qu’il suffise de penser à Épicure, symbole du rationalisme philosophique s’il en fut. Et, symétriquement, l’idée de recherche et l’idée d’examen sont présentes dès les débuts de la pensée grecque, en ce qu’elles sont en fait inhérentes à l’esprit même du polythéisme grec.

Notre commentaire :

Ce séminaire semble particulièrement intéressant pour ceux qui s’intéressent à la représentation que nous nous faisons de l’intelligence grecque… comme exemple probant de l’idée de progrès, et d’un progrès qui va de ce que nous appelons l’irrationnel à ce qui est plus rationnel ; de ce que nous considérons comme plus « primitif » à ce qui est plus .. « civilisé »: nous aujourd’hui évidemment !

Nous avons sans doute encore bien du chemin à faire comme le montre Pierre Vesperini !

La doxa reçue par les Anciens n’était pas aussi rigide que la nôtre qui a été influencée indirectement, et par la foi en une vérité unique en matière religieuse, et par le désir d’une vérité unique pour le domaine rationnel. C’est notre conception même de la religion des Anciens grecs que nous devons réviser.

Une prise de conscience salutaire de la plupart des chercheurs qui prennent du recul nous semble bien converger vers cette découverte, au fur et à mesure que tombent les préjugés.

Religion, utopie et mémoire : avec Danièle Hervieu-Léger, Pierre-Antoine Fabre et Pierre Lassave, le  23 mars 2022, Paris ou visio

Danièle Hervieu-Léger (EHESS, CéSor) et Pierre-Antoine Fabre (EHESS, CéSor) viendront parler de leur livre d’entretiens Religion, utopie et mémoire (Éditions de l’EHESS), en débat avec Pierre Lassave (CNRS, CéSor).
Dans le cadre des Mercredis de l’IREL, et comme pour le Mercredi précédent, l’inscription permet d’assister à la rencontre sur place à la MSH Raspail ou à distance.
« Danièle Hervieu-Léger explore depuis cinquante ans le devenir des religions dans les sociétés occidentales contemporaines. Faisant de la scène catholique son principal terrain de réflexion, elle s’éloigne du prisme classique de la sécularisation du monde moderne pour traiter le « croire » comme un rapport au temps, à l’espace et au monde. Dans cet entretien avec Pierre Antoine Fabre, elle restitue son parcours personnel, spirituel, politique et professionnel, en accordant une large part aux rencontres, mais aussi à l’engagement institutionnel qui fut le sien comme présidente de l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales, dont elle a contribué à inventer l’avenir dans un paysage universitaire en plein bouleversement. Elle nous donne ainsi à voir la recherche scientifique dans ce qu’elle a de plus théorique, mais aussi de plus quotidien. »

S’inscrire  pour assister à cette rencontre : https://www.eventbrite.fr/e/billets-religion-utopie-et-memoire-287902753887

Comment parler de ce qui ne peut se mettre en mots ? « Phénoménologie de la transcendance », par Sophie Nordmann, 9 février 2022

L’exposé de Sophie Nordmann, mercredi 9 février 2022, sera suivi d’un débat avec Philippe Gaudin.
 
– Sophie Nordmann (enseignante-chercheuse à l’EPHE en philosophie contemporaine, éthique, pensée juive, et membre du GSRL) a écrit deux livres Phénoménologie de la transcendance I (Création Révélation Rédemption) et Phénoménologie de la transcendance II (Humanité).  
– Philippe Gaudin (directeur de l’IREL et membre du GSRL)  

La rencontre aura lieu à la MSH (salle AS1-01), 54 boulevard Raspail à Paris mais également en ligne : dans les deux cas sur inscription (ouverture des inscriptions à partir du 15 février).    

« Toute phénoménologie, par définition, part de et en reste au monde tel qu’il s’offre à la conscience.
Une phénoménologie de la transcendance semble donc une entreprise impossible, puisqu’il s’agirait de chercher dans l’expérience du monde « quelque chose » qui ne puisse en aucune manière que ce soit être rapporté au monde. (…) Pour le dire autrement, si la transcendance était objet d’expérience possible, alors justement elle ne serait plus transcendance.
Par principe, une ‘phénoménologie de la transcendance’ ne cherchera donc pas positivement quelque chose de transcendant dans le monde. Il ne pourra s’agir que d’une phénoménologie de la trace : phénoménologie de ce qui est au monde sur le mode de la non-présence et de la non-représentabilité.» 
Une phénoménologie de ce qui « brille par son absence» qui nous invite à une réflexion nouvelle et inattendue sur l’humanité de l’homme.  

( NDLR : cela devrait être fort intéressant ! Cette phénoménologie de la Transcendance à mon avis pourrait se rapprocher de certaines spiritualités ou religions  pour qui Dieu ou un dieu ne se mettent pas en mots   car ils sont saints et brillent par une absence qui rend l’Homme libre et heureux  : théologie apophatique, négative ou mystique…, certaines découvertes théologiques plus ou moins récentes, le doute qui vaut mieux que la foi, le Dieu caché, les paradoxes de l’Evangile, le « liquide » et le seuil, le Hors-les-Murs et le nomadisme etc. Des réalités humaines, des valeurs, des idéaux éventuellement non-religieux qui sont peut-être en chaque Homme ? Marguerite Champeaux-Rousselot )

S’inscrire pour assister à cette rencontre

« Norme religieuse et questions d’autorité dans le monde grec » , cours de ​Vinciane Pirenne-Delforge. 

Cours donné en 2022 au Collège de France. 

Séminaire en parallèle ce mardi 8 février à 14h30 : deux premières interventions 

Josine Blok (Université d’Utrecht) sur What has citizenship to do with the gods? Reflections on the religious foundations of ancient Greek citizenship 

Summary :

Citizenship has two components: membership of the group of citizens (the citizen body) and the rights, duties, and obligations the citizens have towards the community and the state. Each of these components, as well as the connection between them, is shaped by formal rules (laws) and informal conventions and values. In classical Greece membership of the citizen body formally depended on descent, while the community as such consisted in their shared heritage (ta patroia), the total of their material and immaterial goods, founded on the common cult of the gods. In classical Athens, this communal religious foundation was called ta hiera kai ta hosia, all the gifts to the gods and all obligations of humans towards each other and towards the gods that were pleasing to the gods.

In my contribution to the séminaire I will clarify this element of Greek citizenship in more detail and discuss some of the critical responses by colleagues to my viewpoints.

Christophe Pébarthe (Université de Bordeaux) sur La naissance de la politique. Autorité humaine et ordre divin dans les poèmes homériques et hésiodiques 

Résumé :

Des études classiques ont expliqué la naissance de la polis en mettant en avant le logos et le meson. Le discours, tenu en public, marquerait l’avènement d’un monde nouveau dans lequel la persuasion aurait remplacé la force. Désormais, l’efficace de la parole supposerait l’approbation du groupe social et ne nécessiterait pas l’intervention des divinités. D’autres travaux ont préféré évoquer, sans véritablement l’expliquer, l’extension d’un domaine soumis, non plus au cours naturel des choses, mais aux actions humaines. D’autres encore envisagent des individus s’agrégeant progressivement jusqu’à former une communauté civique ou bien des transformations des conditions matérielles. Toutes ces explications ont en commun de n’accorder aucune place au monde divin, comme si celui-ci occupait dans les conceptions grecques la même position par rapport au monde humain que dans certaines conceptions contemporaines, pris dans la logique du couple immanence/transcendance.

Pourtant, comme le rappelait naguère Jean-Pierre Vernant dans sa Leçon inaugurale au Collège de France, « l’insertion du religieux dans la vie sociale, à ses divers étages, ses liens avec l’individu, sa vie, sa survie ne prêtent pas à une délimitation précise du domaine de la religion ». La lecture des poèmes homériques et hésiodiques confirme l’existence d’une tout autre articulation entre les univers divin et mortel. Elle invite à comprendre les transformations du monde grec archaïque autrement. C’est en pensant conjointement les êtres humains et les divinités, à partir d’une même grille de lecture, qu’il a été possible aux poètes de rendre compte de l’émergence d’une sphère dans laquelle l’ordre divin ne fondait pas l’autorité humaine. Celle-ci pouvait dès lors être le produit d’une activité collective – ou travail social –, la politique.

La séance qui dure 1 h se tiendra au Collège de France, 11, place Marcelin Berthelot, en salle 2.

Les cours et séminaires sont gratuits, en accès libre, sans inscription préalable.