« Communion » : un mot piégé si on ignore son sens originel.

                                                                   Marguerite Champeaux-Rousselot (2021-12-27)

Communion et … union ne signifient pas la même chose et ne viennent pas du même mot et c’est pourquoi il y a deux m dans communion. Eh oui…

Cette confusion nous demande aussi quelque chose d’inutile, voire de nuisible au nom d’un faux idéal. On peut le rapprocher de comportements sectaires où chacun doit perdre sa personnalité pour se fondre sous l’emprise d’un chef  qui réunit tout son petit monde et exclut ceux qui ne rentrent  pas dans cette unité ; elle incite aussi à un désir de fondamentalisme alors que justement l’Eglise a accepté de reconnaître humblement – et très intelligemment –  son ignorance en acceptant 4 évangiles. Affirmer  que le mot communion insiste encore plus sur l’union  permet d’en tirer beaucoup de conséquences : ce contresens ouvre la porte au risque de beaucoup d’abus.

Ces mises en garde faites,  nous verrons maintenant le sens  du mot communion. Ce n’est pas quand même que le mot communion soit synonyme de division, certes non …, mais le sens de communion n’implique pas d’être unanimes (une seule âme, une seule vie)  ni de ne suivre qu’une seule ligne.  A la fin, ce sera un peu surprenant et inattendu de pouvoir mesurer cet espace de liberté et d’amour que nous donne le sens de ce mot.

Ce qui m’a mise en route pour cette recherche est précisément l’article très stimulant de Christine Fontaine, paru sur son blog le  9 juin 2021 : Personne n’a le droit de communier ! [1]

Prenons donc d’abord le temps de comprendre le sens du mot au moment où on les a employés dans une langue vivante et quand  on a écrit nos textes grecs et latins…  Après tout si nous ne savons ni d’où nous partons ni là où nous allons, nous aurons bien du mal à  arriver  à bon port…   

Donc embarquons pour un voyage dans le temps et l’espace…

Plan (vous pouvez avancer d’* en *  si vous voulez.)

1- *Le mot «  union » n’a pas donné « communion »

2*-Le mot communion est formé  à partir de munus ( et non de unus, 1)

3*-  Le mot munus précédé de com

4*- La communio   aux débuts du christianisme et jusqu’au XIIème  siècle environ.

5*- le sens du mot communion plus tard  à partir du XII° s  environ.

6*- le sens du mot communion  aux XVIII° et XIX° s. et même jusqu’à aujourd’hui

7*- Une heureuse surprise finale !

Après les notes, un résumé en français et en anglais.

1- *Le mot «  union » n’a pas donné « communion »

Et commençons par redire qu’en fait les termes de communion, de commun,  et même de communiquer n’ont pas la même racine que le terme union.

Union appartient aux dérivés de unus en latin, qui signifie le chiffre 1, l’adjectif un,   un seul Quand il y a union, il y a quelque part peut-être l’idée de fusion : le mariage ou la réunion de deux groupes financiers : les deux deviennent un au moins sur certains points.

Mais  la notion de un est totalement absente du terme communion, contrairement à ce que nous fait croire notre français, et les dérives de sens qui s’ensuivent.    

Cette information déplace l’idée que nous nous faisons du mot, et les réactions des mes interlocuteurs à cette information difficile à digérer m’ont montré la nécessité de l’expliquer assez longuement.

2*-Le mot communion est formé  à partir de munus  

En effet, le mot communion  est composé  à partir d’un nom commun latin, munus.

Sans le savoir vous employez  des dérivés  de ce mot.  Par exemple, en français, munir,( je te munis de nourriture pour le voyage ! ; nous avons des munitions pour combattre, pour faire passer nos idées, pour notre trek)  ;  comme son  pluriel est munera,  il donne aussi « je suis rémunéré  au SMIC pour mon travail »  ( rémunérer un mot qui n’a aucun rapport avec numération qui vient de nombre  : regardez les n et les m de ces deux mots  ) ; « pour le travail que j’ai fourni, ma rémunération  est correcte » ;    « le souverain les a reçus avec munificence » (  = il a fait un don d’une générosité grandiose !)[2].

Ce nom neutre, munus au nominatif, muneris au génitif avec son R, signifie en effet la charge, le devoir, l’obligation, le service mais aussi la ressource,  le cadeau que l’on fait, (attention : pas celui qu’on reçoit !), le don offert. 

Le terme est sans doute également parent de ce qu’un groupe va  avoir le devoir de construire pour se protéger : les murailles (moenia), un travail qui ne peut se faire et être efficace qu’ensemble. Or construire ensemble une muraille est l’une des premières activités d’un groupe qui se constitue  pour mieux vivre ensemble, ce qui implique une grosse organisation (qui fait quoi ? ).

3*-  Le mot munus précédé de com

Le préfixe latin cum   signifie avec, ou également quand il y a déjà tout ensemble … : jusqu’au bout.  Il a donné com– en français

Ajouté à munus,  ensemble, on aboutit par exemple   à communauté, commun etc.

Munus commence par un m , c’est pourquoi ajouté au cum latin ou au com  français, il y a deux m.

C’est donc  le fait de mettre ensemble ses dons  ou de collaborer à exercer ensemble des charges. Et qui gère cette communauté qui met ensemble ses ressources, ses compétences de façon solidaire ? La municipalité (là où tout le monde prend part aux charges) avec parfois en sens inverse la municipalisation de certains biens (une sorte de nationalisation à petite échelle ici en France ?)

L’adjectif communis  signifie qui partage les charges, d’où mis en commun. Voici quelques exemples où il est bien clair que cela n’a aucun rapport avec le chiffre 1, un.

Par exemple pour désigner certains de nos lieux de vie : « dans cette propriété, il y a la maison et les communs », (l’endroit où on dépose les affaires utiles à tous).

En droit, dans  la communauté réduite aux acquêts, les biens appartenant aux deux époux ne concernent que ceux acquis après le mariage ; les moines vivent en communauté (ils partagent la même règle, lui apportent ce qu’ils peuvent, et en reçoivent en retour).

En maths, si on regarde les multiples de deux nombres différents,  leur plus petit commun multiple (PPCM) de deux nombres est le premier nombre qui leur sera commun (par exemple PPCM de  12 et 15 ?   12 = 2x2x3 et 15=3×5. Le PPCM = 2x2x3x5 = 60).

Une commune est l’endroit où un groupe de personnes gèrent en mettant en commun et en redistribuant Et les communistes ont  l’intention de mettre tout en commun.

La Commune est d’abord une association jurée des bourgeois d’une ville  face à un roi ou à un seigneur qui les opprime trop, souvent  formée dans une situation exceptionnelle, révolutionnaire, puis elle devient plus institutionnelle, mais en 1870, on reprend le nom rouge de «  la Commune de Paris ».  

Le verbe communicare signifie partager : je communique une maladie, une nouvelle. Par la suite, on insiste plus sur ce qui est à la jonction: la cuisine communique avec l’entrée ; la communication passe bien ; il y a une réelle communication : les informations passent.     

Le verbe latin  communio  signifie donc je partage la charge, le devoir, le cadeau  que l’on me fait,  ou nous nous partageons la charge, le devoir, le cadeau  que l’on se fait  les uns aux autres etc.

Mais en fait ce qui est communis,  si c’est partagé avec tout le monde, devient commun : le commun des mortels aime le plaisir ;  « le jean aujourd’hui est commun à tous » ; le sens commun est le bon sens, la chose du monde le mieux partagée (espérons !).

Et finalement  commun prend même parfois le sens péjoratif  de vulgaire, voire grossier.

Les Commons en Angleterre, la Chambre des communes, indique cet aspect populaire, plébéien.

En grec, commun  se dit  koinos, κοινος : rien à voir non plus ni  avec le chiffre 1, ou unus en latin, en grec eis, mia, en )  ni avec le mot signifiant même, identique  (homoios en grec, similis en latin ). 

((( Par parenthèse, j’ai lu que cet adjectif koinos a été latinisé en  coena (Cyprien aurait peut-être  a écrit vers 240 le  traité De Coena Domini, Au sujet de la Koinè du Seigneur.)  et le mot coena se serait ensuite  amalgamé avec la cena latine, le repas du soir, ( un mot habituel en latin ) ce qui a donné la Cène que nous connaissons. Ceci est à vérifier.))) 

Cet adjectif grec koinos, κοινος, commun,a également le sens de vulgaire, grossier. La notion est donc la même d’un bout à l’autre de ses différents emplois. Or Jésus  parlait araméen (mais savait user 1°) de l’hébreu  et même du grec pour lire l’Ecriture,  2°) du grec qui occupa Israël en 333, langue des commerçants et de la culture de tout le bassin méditerranéen d’alors, et 3°) du latin, l’occupant d’alors et langue administrative : si les Nazis nous avaient occupés 200 ans, nous aurions tous eu de bonnes notions d’allemand, bon gré mal gré). La superposition exacte de cette notion en grec et en latin apporte donc un renseignement intéressant  puisque les évangiles nous sont parvenus uniquement en grec avant d’être traduits en latin.         

4*- La communio   aux débuts du christianisme et jusqu’au XIIème  siècle environ.

Le nom commun communio est donc d’abord le fait d’apporter quelque chose d’utile pour le mettre en commun, puis de se le partager : se le partager implique que chacun a également reçu de l’autre en pleine égalité fraternelle au sein de différences complémentaires : confluence, réciprocité.

Ces différents « mouvements », spécifiques à chacun mais  à destination communautaire, étant fondamentaux, notre messe actuelle en comporte des traces (accueil, offertoire…).           

Certes, cela peut aboutir peut-être à créer une certaine unité ou cela peut même la manifester, mais c’est d’abord le fait de partager. Pour partager dans une assemblée, il faut d’abord apporter et mettre ensemble. Au temps de Jésus déjà[3]… et après dans la même foulée, dans un repas fait à sa mémoire mais aussi en dehors : cf. (Ac.2,44-45Ac.4,32-37).. La κοινωνια, la mise en commun, la communion, la communauté est en même temps 1°) le partage très concret de nourriture, des biens etc., 2°) le germe de ce qui deviendra un « sacrement », 3°) ces gestes et 4°) ceux qui les font.

Le point commun  pour les chrétiens entre ces différents emplois est d’abord et essentiellement le fait d’apporter chacun quelque chose à soi, sa manière de vivre, de croire, (même avec des différences), de les rassembler en un ensemble (même avec des différences) puis de se les partager avec ceux-là même  qui les ont apportées, ( un partage entre soi)   et ensuite de les partager à d’autres.

C’est ce que symbolise le repas fait en mémoire de la vie de Jésus, la synaxe : il y a un déroulé, un mouvement comme du temps de Jésus, des gens l’ont préparé en apportant, c’est rassemblé, on est rassemblés autour, on fractionne ce pain et on le distribue entre soi et à tous. (Reprendre le texte bien évocateur de Paul qui dit cela dans un contexte qui le choque : les chrétiens mangeaient leur pique-nique sans partager avec leurs voisins de table dans le cadre du repas évoquant ces gestes de Jésus. Paul finit par leur dire – ce qui est inacceptable ! mais peut-être nous n’avons pas tous les éléments – vous devriez manger chez vous ! )   

Cela manifeste matériellement, physiquement, gestuellement, symboliquement, que les membres de l’Assemblée, de l’Église sont réunis, même s’ils ne sont pas uniformes. Le mouvement  de rassemblement, de mise en commun,  puis de partage, de fraction,  suppose qu’il y a eu une étape de rassemblement, d’assemblée[4], sans fusionner les individualités, mais avec un peu de transformation des individualités enrichies par ces différentes étapes[5], suivie d’un retour au monde ( ? )  des individualités ainsi enrichies.

Cette conception de la communion (apport, assemblement, partage)  se ressent partout et se traduit dans beaucoup de notions  et ceci pendant 12 siècles environ :

– quand l’assemblée se fait, (la synaxe), la communion est comme dès les débuts du christianisme qui imitait Jésus, encore et toujours, d’abord le fait d’apporter sa petite munition pour les autres, de mettre ces diversités ensemble en commun (sans les gommer pour les réduire par fusion  à une uniformité pensée comme témoignant d’une unité)  puis de fractionner, de partager et distribuer, aux présents et au-delà, ce trésor devenu communautaire qui munit les  chrétiens de la munition spéciale nécessaire à chacun pour leur voyage, le viatique… et le recevoir ensemble, en communauté participante, celle de l’Eglise.

– la communion des saints, ce n’est pas que les saints sont unis, mais que c’est aussi un partage où les saints divers aident les pauvres humains divers  en leur partageant leurs dons divers.

– la communion qui se passe dans la Trinité ne signifie pas l’union des personnes  de la Trinité mais  c’est également l’espace de  leur  échange de dons, de charges, et d’amour.

– la communion ecclésiale reprend l’idée du partage des membres et de leur mise en commun pour un corps harmonieux.

– Et malheur à ceux qui sont excommuniés : on croit souvent que cela signifie qu’ils n’ont plus le droit de recevoir l’eucharistie, mais c’est  bien plus grave : le verbe  ex-communier signifie qu’ils ne disposent plus des dons de Dieu et n’appartiennent plus à la communauté,  laquelle doit les rejeter.    

Ces conceptions font vivre à peu près jusqu’à la 2e moitié du  xiies.

5*- Le sens du mot communion plus tard  à partir du XII° s  environ.

Après le douzième siècle la mystique sacramentelle de la communio a pris une direction bien différente : lors de la liturgie, le fidèle n’apporte plus « rien »  ou presque (la goutte d’eau ), mais, grâce au prêtre seul, le corps du Christ est réellement présent dans sa chair  sur l’autel : il s’unit à nous et inversement dans le sacrement qui s’appelle la communion à son corps :  « à son corps » : c’est bien le verbe unir à qui est implicite ici.  

La théologie suit ces évolutions sur les différents emplois mentionnés ci-dessus :

– quand l’assemblée se fait, (la synaxe), la communion est s’unir à Jésus lui-même (foi personnelle) peu communautaire

– la communion des saints, c’est s’unir aux saints et réciproquement

– la communion qui se passe dans la Trinité est que les 3 personnes sont unies

– la communion ecclésiale : chacun doit s’unir à l’Eglise et à ses frères.

6*- le sens du mot communion  aux XVIII° et XIX° s. et même jusqu’à aujourd’hui

Puis vers le XIX° s. (on ne parle pas ici des tendances promues par Jean XXIII) c’est le thème de l’union (le chiffre un, 1) à tous les niveaux qui a été martelé, imposant aux chrétiens de devoir gommer les différences et leurs libertés pour s’unir sous la hiérarchie : la communion de l’Eglise s’exprime par un  seul rite, un seul chef infaillible etc.  La communion est exigée de tous, du pôle nord aux  favellas.

– quand l’assemblée se fait, la liturgie insiste  sur l’unité (rituel à suivre)

– la communion des saints au Ciel reflète ce qui doit se passer sur Terre

– la communion qui se passe dans la Trinité indique cet amour fusionnel, idéal d’humilité et d’oblation auquel chacun est appelé  un peu partout

– la communion ecclésiale implique la soumission à ceux qui savent. La communion solennelle = la profession de foi 

– le fait d’être hors Eglise  met en relief ceux qui restent dedans (Massada) : la tentation sectaire de l’exclusion et de l’exclusivité élitiste n’est pas loin ( ex-communication des autres mais intériorisée en moi-même ) .

Réfléchissons à ces expressions ou à ces faits :

-l’oecuménisme  cherche la communion des Eglises

– «  je communie avec vous dans un même idéal »

– A quel âge fait-on sa première  communion ? à des âges qui ont bien varié en fonction d la conception qu’on avait de cette communion. «  Qui peut donner la communion »

– la communion ou eucharistie ou messe ou célébration eucharistique… : tout est parfois synonyme ; la communion de désir, etc. 

– réfléchissons aussi au sens du terme communion dans les textes récents, par exemple  « Pour une Église synodale : communion, participation et mission. »  et à ce que cela sous-entend.

– l’enjeu de la « communion » pour les divorcés remariés qui ne vivent pas en frères et sœur, etc.  : interdits ecclésiaux heureusement revus par Amoris Laetitia             

7*- Une heureuse surprise finale

Et aujourd’hui, que reste-t-il alors du sens initial ?

Le sens général du terme :

Pour qu’il y ait « communion », il faut donc qu’il y ait eu avant des éléments séparés, distincts donc souvent éventuellement différents : ce sont des éléments de soi qui appartiennent à chacun.

Pour les apporter aux autres, les distribuer, chacun doit se fractionner (ce qui ne nous diminue pas) pour en faire don ( munus) .

Parfois, ce don inespéré est reçu et fêté ! Parfois celui qui reçoit ce don n’en voudrait pas : il va être hérissé, énervé, en colère… 

Ces éléments apportés par un autre, sont à voir comme  des pichenettes à mes suffisances, des scandales pour mes insuffisances, des éclairages dans mon monde intérieur qui  peut me faire croire que je ne suis pas aveugle  ou que je suis le centre de l’univers, des stimuli, de  possibles apports aux manques dont j’étais inconsciente. Ces éléments sont autant de munus, de dons, et d’apports (j’enfonce des portes ouvertes, désolée.. )

On les met donc ensemble tous ensemble : ce qui s’appelle «  mettre en commun ». Tel est le rôle et de chacun, grands et petits (je n’insiste pas). Ce qui rappelle le sens des mots solidarité, démocratie, subsidiarité, communauté, communication.

Cette communion  réussie produit un grand pain nourrissant, et équilibré, riche, divers, goûteux,  où chacun pourra trouver son compte si…

Si on s’en nourrit : si donc il est partagé pour ma nourriture et  pour celle de la multitude qui voudrait de ce « don ».

Ainsi on retrouve la différence, la diversité…en pleine égalité fraternelle au sein de différences complémentaires puisque chacun reçoit aussi, finalement, de l’autre et de l’Autre, implicitement, ce qu’il désire ou ce dont il a besoin.

En plus de ce fait anthropologique, les croyants peuvent y trouver une spécificité religieuse.

Il reste ce qui a été suggéré par Jean XXIII et les débuts de ce concile. Il nous reste surtout ce qui est montré et dépeint dans l’Evangile : des gestes et un esprit universels et intemporels, humains.

On peut relire ainsi l’introduction à ce texte : communion et … union ne signifient pas la même chose. Une confusion inciterait à divers comportements ( « je ne veux voir qu’une seule tête ! » ou «je suis humble et accepte de disparaître  » ). Parmi les conséquences, le risque de distorsions de la Bonne Nouvelle. 

L’Homme mis debout par Jésus, éveillé par Dieu, apporte sa contribution, quelle qu’elle soit,  met en commun, partage et se tourne  pour apporter aux autres. La communion n’implique pas d’être unanimes (une seule âme, une seule vie)  ni de ne suivre qu’une seule ligne.  Le terme, plein de mouvement et de vie, ouvre un espace de liberté et d’amour à chacun et aux communautés.  

Bonne nouvelle d’il y a 20 siècles  apportée par Jésus, Bonne Nouvelle pour aujourd’hui.

Le terme communion  implique d’être différents… pour pouvoir arriver à ce qu’est la (véritable) communion, cette communion qui entre dans la composition d’une saine relation humaine à tous les niveaux, et, par exemple intra-ecclésiale, synodale, ou communautaire…

                                                          Marguerite Champeaux-Rousselot ( 2022-03-16)

[1] 9 juin 2021 : Personne n’a le droit de communier ! par Christine Fontaine

http://www.dieumaintenant.com/personnenaledroitdecommunier.html

[2] Pour les curieux du vocabulaire : et qu’est-ce alors que l’immunité  diplomatique ? C’est le fait que les diplomates par exemple qui ont parfois besoin du secret sont dispensés de certaines charges et obligations de transparence  et sont protégés des deux côtés belligérants. Par  dérivation, lorsqu’on cherche  une immunité vaccinale, cela veut dire qu’en se vaccinant, on espère être exempt de la maladie !

[3] Tout en commun ? La vie économique de Jésus et des premières générations chrétiennes, de Jonathan Cornillon, Collection Cerf Patrimoines, 784 pages – juin 2020

Voir aussi dans Wikipédia par exemple un bon article synthétique sur « Communauté de biens de l’Église de Jérusalem » et après…

[4] Le sens de ce mot serait lui aussi à préciser de la même façon.

[5] Par parenthèse, on peut noter aussi que le lexique de la Genèse n’évoque  pas du tout un mariage homme femme ni  une union qui viserait comme idéal de les fusionner en les rendant un, 1.

Extrait ou résumé en français et en anglais.

Communion et … union ne signifient pas la même chose et ne viennent pas du même mot et c’est pourquoi il y a deux m dans communion. Eh oui…Un voyage étymologique permet de rectifier une idée fausse. Fausse et même dangereuse car elle inciterait à quelque chose d’inutile, voire de nuisible au nom d’un faux idéal qui pourrait culminer en emprise sectaire ou fondamentalisme (ne suivre qu’une seule ligne). Le terme communion décrit un mouvement d’apports mutuels différents, de mise en commun, puis de partage.

Communion and … union do not mean the same thing and do not come from the same word and that is why there are two m’s in communion. Yes… An etymological journey allows us to rectify a false idea. False and even dangerous because it would incite to something useless, even harmful in the name of a false ideal which could culminate in sectarianism or fundamentalism (following only one line). The term communion describes a movement of different mutual contributions, of pooling and then sharing.

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Qu’est-ce qu’un theos ? La Grèce ancienne en comparaison. jeudi 4 nov. 2021, 9h-18 h, Paris

Journée d’étude : Qu’est-ce qu’un theos ? La Grèce ancienne en comparaison

Organisateurs : Claude Calame, Vinciane Pirenne-Delforge, Gabriella Pironti

Lieu : Collège de France, Salle 4

Inscription gratuite mais obligatoire (dans la limite des places disponibles) : manfred.lesgourgues @ college-de-france.fr

Programme 

  • 9h00 – Introduction par Gabriella Pironti (EPHE) et Vinciane Pirenne-Delforge (Collège de France)
  • 9h30 – Claude Calame (EHESS) : Au-delà de la « personne » et de la « puissance divine » : comment divinités et héros grecs sont-ils invoqués par mortelles et mortels ?
  • 10h15 – Thomas Galoppin (Toulouse/MAP), Francesco Massa (Fribourg) : Theoi et puissances divines à l’épreuve du comparatisme, dans le sillage des rencontres toulousaines en l’honneur de Jean-Pierre Vernant
  • 11h00 – Pause
  • 11h30 – Ilaria Calini (Hastec, EPHE) : Dieux-héros et rois-dieux dans les compositions littéraires de la Mésopotamie ancienne
  • 12h15 – John Scheid (Collège de France) : Numen, deus, diuus. La notion romaine de la divinité
  • 14h30 – Anna Angelini (Zürich) : Du super-corps du dieu trônant à l’invisibilité du dieu céleste : la représentation de Yhwh dans la Septante
  • 15h15 – Hélène Collard (Liège) : Dieux au figuré, ou comment l’image fait le dieu
  • 16h00 – Renaud Gagné (Cambridge) : « Tous les dieux. » Rituel, rhétorique et totalité divine
  • 16h45 – Pause
  • 17h15 – Table ronde avec la participation de Philippe Borgeaud (Genève), Jean-Jacques Glassner (CNRS), Charles Malamoud (EPHE), François de Polignac (EPHE).

« Nos archives débordent, regorgent, de puissances, de divinités, de dieux, des grands, des petits, des obèses, des obscènes, des terribles, des minables, de tout poil, de toutes couleurs, drôles, pitoyables, transcendants, ronds-de-cuir. Des dieux en pagaille, une population en pleine expansion. On en fabrique partout, sans cesse. » Ainsi Marcel Detienne introduisait-il, en 1988, un dossier comparatiste intitulé précisément : « Qu’est-ce qu’un dieu ? ». La question posée à cette occasion, ti theos ?,  trouve sa formulation indigène en Grèce ancienne dans un fragment de Pindare. Elle a été reprise en 2010 par Albert Henrichs qui y répondait en reconnaissant aux theoi helléniques trois caractéristiques fondamentales : l’immortalité, l’anthropomorphisme, le pouvoir.

Peut-on se contenter de cette réponse ou bien faut-il poursuivre le questionnement ? Dans l’historiographie de la définition du « dieu » envisagé en milieu polythéiste se profile en particulier la notion de « puissance divine », à la suite des travaux de Jean-Pierre Vernant et en contraste avec l’application généralisée de la notion de « personne » aux divinités du monde grec. Dans cette recherche sur la spécificité de la figure divine, il faut aussi tenir compte des études qui ont signalé depuis lors les limites de l’anthropomorphisme. Dans la volonté qui nous anime de reprendre l’interrogation de Pindare et de placer une fois encore le dieu, la déesse, les dieux, theos et deus, thea et dea, au centre d’une réflexion commune, la perspective comparative est double : définition par contraste avec la figure du héros et celle du mortel, et comparaison différentielle avec les dieux dans d’autres religions antiques, tout en tenant compte des formes discursives et iconographiques qui font apparaître une divinité comme telle. Il s’agira dès lors de faire le point sur les enquêtes récentes et d’ouvrir de nouvelles pistes de recherche sur cette question cruciale pour l’histoire des religions antiques.

«Ministères, charismes et pouvoir dans une Église synodale» 23 juin 2021, 20 h 30. Zoom ou YouTube

Troisième débat organisé par Saint-Merry Hors-les-Murs 

À la veille du synode sur l’Église sur la synodalité, une bonne articulation entre ministères, charismes et pouvoirs institutionnels ou non, ces réalités à valeur structurantes  telles qu’elles sont vécues dans nos communautés chrétiennes, semble un des antidotes au cléricalisme et aux abus de toutes sortes qui dérivent d’un « ministère » au sens évangélique confondu avec un pouvoir  au sens banal du terme.

La démarche synodale conduisant à plus de synodalité sera éclairée par Roselyne Dupont-Roc, helléniste et bibliste, et Antoine Guggenheim, théologien, codirecteurs de l’ouvrage Après Jésus. L’invention du christianisme, Albin Michel, 2020 : en effet, revenir aux sources  permet de découvrir que c’est non seulement la démarche la plus ancienne de l’Eglise aux premiers siècles, mais encore et surtout la manière même dont Jésus semble-t-il considérait  sa relation avec sa propre Assemblée   et la loi de son   peuple.

Assainir cette relation entre service et pouvoir dans le Royaume de ce monde qui est aussi déjà celui des cieux semble un des antidotes possibles et nécessaire pour faire fructifier les paradoxes de la Bonne Nouvelle.

A suivre par Zoom :
https://zoom.us/j/96133393901?pwd=enUxWDBwVmhlNGljRGllbHV5ei9QQT09
Code secret : 5uF9Mz

Et sur la chaîne YouTube de Saint-Merry Hors-les-Murs :https://www.youtube.com/channel/UCpJLbG_ocr73VZeGQXxfVow

« Liturgie » et « clerc » : étymologie et histoire

Le sens étymologique et l’histoire de ces mots sont nourrissants pour notre aujourd’hui car ils rappellent que la liturgie est expression créative existentielle de chacun et de tous. Ce qui a tout son intérêt dans la recherche sur la « synodalité » et dans la perspective du Synode convoqué par le Pape François en 2022.

par Marguerite Champeaux-Rousselot

Etymologie : laos et ergon

Étymologie. Le terme liturgie vient du grec λειτουργία / leitourgía,  à partir du nom commun ἐργον / ergon, « action, œuvre, service »  et de l’adjectif λειτος / leitos, «public», dérivé de λεώς = λαός / laos, « peuple ».

Le terme laos a une valeur forte déjà chez Homère. En effet, en Grèce antique, le terme dèmos signifiait l’ensemble des citoyens, ce qui est .. ( eh oui ! )  sélectif :  cela écarte les  femmes, les esclaves, les enfants, les étrangers etc. ,  mais le terme  laos ( qui n’ a pas d’étymologie assurée ) signifie « les gens », et a donné par exemple en grec moderne leôphoros qui désigne  une avenue où circulent les gens, un boulevard, une grande avenue, et un de ses dérivés latinisé, a donné en français laïc ou lai.

Le verbe  leitourgeô  en Grèce ( au moment de la démocratie, fin VI° et V° et suivants  )  exprimait le fait d’assurer  un service  au bénéfice du peuple :  il s’agissait  de certains citoyens volontaires ( riches ) qui était candidats pour avoir l’honneur de financer sur leurs propres deniers les besoins du laos, de la population tout entière : par exemple des armes et des soldats pour la sauvegarde de la cité, des fêtes religieuses si utiles pour se concilier les dieux, des représentations théâtrales qui étaient perçues comme un moment éducatif pour la population tout entière et avaient également une fonction religieuse etc. : tout cela pouvait s’appeler une « Liturgie ».

Parmi ces candidats mus par un idéal liturgique – ou … moins spontanés ! -,   comment le laos, c’est à dire les gens, choisissaient-ils ceux qui seraient  les  liturges ? Ce choix important s’est effectué  selon les sujets et les époques de deux façons bien significatives : certains choix en Grèce s’effectuaient par tirage au sort car le nom sorti  manifestait  la volonté des dieux,  mais à l’époque des liturgies,  ( Vème et IVeme siècles surtout )  il relevait de citoyens élus comme magistrats qui étaient ensuite responsables de la pertinence  de leurs  choix… Ces liturgies, entièrement offertes au service du peuple dans son entier, laos, soudaient les habitants la cité en une communauté et leur bénéficiaient à tous. Leur contenu était mûrement pensé.

Avec le déclin de la Grèce classique, le terme prit peu à peu un sens moins précis  et moins organisé pour désigner simplement un travail quelconque fait en faveur du peuple.

… et leitarchie ?

En grec, il existait aussi dans le domaine religieux, un verbe composé avec le même terme leitos mais qui désignait précisément ceux qui conduisent   pour le peuple ( laos)   les sacrifices et  les banquets, les chefs, les prêtres  : c’étaient les  leitarchoi = ceux qui conduisent  (archein ). Il s’agissait là d’un groupe très particulier avec un statut élevé que marque le verbe « conduire ».

Ceux qui se réclamaient de Jésus pouvaient-ils utiliser un tel terme pour désigner leurs responsables, puisque le paradoxe évangélique ( le plus petit est le plus grand .. ) pointe le piège contenu dans de tels termes ?

Cela n’était pas envisageable ! Pour désigner leurs responsables, les chrétiens n’utilisèrent donc pas ce terme archein  qui impliquait un reniement dangereux des valeurs évangéliques. Ils voulurent conserver  l’idée que les gens ( laos )  choisissaient  une personne responsable d’une action, d’un  travail  (ergon )  que tous   ( laos) les fidèles organisaient  pour  répondre à leurs  propres besoins, et ils utilisèrent alors peu à peu le terme leitourgeia dans ce sens.

Un détour par l’étymologie de klèros

Dans l’Antiquité grecque, on pouvait utiliser le terme de klèrikoi pour qualifier ceux qui avaient des charges religieuses héréditaires.  Le terme vient de klèros  qui fait référence soit au tirage au sort, soit  à l’héritage qu’on recevait, souvent par tirage au sort entre des parts égales, soit à tout  héritage et aux droits héréditaires. C’est le terme utilisé par la Septante en grec, pour traduire l’hebreu qui qualifie les  prêtres juifs ( voir par exemple Deutéronome 18, 4) . Les structures de la prêtrise païenne ou juive en faisaient souvent une charge héréditaire, un privilège dont on héritait.

Chez les premiers disciples de Jésus, pas de prêtrise héréditaire certes, mais peu à peu l’idée que les responsables forment un groupe à part se précise  et  seulement vers le III° siècle, on choisit ce vieux terme pour désigner  ce qui peu à peu s’élabore en reconstruisant un groupe séparé qui s’est retrouvé à suivre les anciennes structures de la prêtrise  juive qui était une charge héréditaire, un privilège dont on héritait, ce qui deviendra bien plus tard, en passant par le latin, le futur  « clergé ».

Cependant, la prêtrise chez les chrétiens n’a jamais été ni un droit ni une obligation héréditaires, même si on sait, par de nombreux témoignages écrits de l’époque, que le clergé pouvait être marié et avoir des enfants dont certains eux aussi devenaient clercs. L’aspect héréditaire dès le début du christianisme s’est effacé devant l’importance de la vocation personnelle ou l’appel de la communauté à accepter cette responsabilité.

Le mot restait cependant : le sens en était gênant. On a alors adapté son sens et formulé une autre explication pour ce mot qui désignait en contexte chrétien les (futurs) prêtres : 

cf. Jérôme, Ep. 52,5 :  clericus : si enim κληρος  graece, sors latine appellatur, propterea uocantur clerici, uel quia de sorte sunt Domini, uel quia ipse Dominus sors, id est pars clericorum est.  

« Si klèros en grec signifie bien  en effet le sort en latin, et que en outre les clercs sont appelés ainsi à cause de cela également, c’est ou bien parce qu’ils sont d’après le sort, « du Seigneur », ou bien parce que le Seigneur lui-même est leur sort,  c’est-à-dire qu’il est la part des clercs. »

L’usage du terme se répand et finit par délimiter en quelque sorte une catégorie : ce groupe si distingué, si choisi, des klèrikoi  au nom certainement perçu comme significatif. De ce fait, consciemment ou non, volontairement ou non, il se différencie du groupe de « ceux qui ne sont pas klèrikoi » : il sera plus pratique de les désigner par un terme eux aussi, et c’est alors qu’on se servira d’un dérivé du terme laos, les gens : laïkos . Cet adjectif sera substantivé et  deviendra très utilisé quand il s’agira de marquer la différence avec les klèrikoi ( terme qui donnera clerus en latin, héritage etc.  et  clerc et clergé en français ), une différence qui sera d’abord simplement ressentie comme d’ordre hiérarchique, avant que des théologiens la valident comme telle.

On voit combien déjà cette appellation klèrikoi  les  séparait implicitement  des autres fidèles.

… d’où le terme « liturgie »

Pour en revenir au mot leitourgia : la première partie du mot est un adjectif qui dérive de laos , que nous venons de définir comme les gens, sans spécificité  ni exclusion, et signifie public. La deuxième partie  fait référence au travail (ergeia, comme dans sidérurgie, chirurgie, énergie). La liturgie, à l’époque où a été créé ce mot pour un travail fait en faveur des gens, était donc vécue comme se définissant  comme un service rendu aux gens, et par des personnes choisies par eux et perçues quasiment comme des bienfaiteurs qui mettaient leurs biens au service de la communauté.

Ce terme général fut utilisé par les premiers chrétiens lorsqu’il fallut s’organiser : les rassemblements (prière, enseignement, partage…) se déroulèrent n’importe où mais souvent, pour des raisons pratiques, dans les maisons adéquates et disponibles, leurs propriétaires ouvrant leurs bourses. La transposition se fit naturellement dans l’esprit de l’évangile : liberté des pratiques liturgiques pour répondre aux besoins écoutés de chacun, fraternité et réciprocité garantissant la communion liturgique dans la diversité. (N.B. pour le terme communion et communautaire, voir aussi sur ce site : contrairement à une opinion répandue, ces termes n’ont pas de racine commune avec un ou union. )

A cause de cela, le terme aujourd’hui désigne souvent de façon réductrice les rites communautaires.

Il en est toujours ainsi.

Mais l’histoire du mot met en évidence ce qui donne sens et valeur aux rites. Elle fonde en fait les textes sur lesquels ils s’appuient.

: telles furent les grandes lignes qui évoluèrent peu à peu au fil des siècles pour en arriver à une prière communautaire obéissant à un rituel liturgique codifié et uniformisé pour être universel et à l’abri des dérives, les clercs et les laïcs ayant chacun des rôles définis comme inégaux.

Cependant peu à peu un écart existentiel s’est creusé entre la pratique et ce qui est devenu plus théorique. Le peuple n’avait quasiment plus son mot à dire ni rien à faire. Cette dichotomie a contribué à conduire aux résultats que nous connaissons : par exemple, au début du XXème siècle, un désintérêt certain pour la liturgie dominicale, une incompréhension de la liturgie sacramentelle, une « éloignement » du clergé sont sans doute quelques uns des facteurs de la chute du nombre de « messalisants », chute ininterrompue depuis les année 1930.

Certains veulent continuer à approfondir le sillon qui dessine une frontière symbolique et belle d’aspect entre les laïcs et le sacré, sacré mystérieux dispensé par des clercs, ce qui rend plus désirable.

Mais avec Vatican II, avec François , et surtout avec l’Evangile, aujourd’hui nous sommes pourtant invités à nous inspirer du sens originel du mot liturgie pour lui redonner son sens vivifiant, lequel n’a aucun mal à s’adapter à notre quotidien : une action bénéfique accomplie par le peuple de tous, pour le peuple de tous : un besoin à satisfaire certes mais qui est orienté par Jésus qui nous invite à prier Dieu, seuls ou en communauté,  » en esprit et en vérité », à agir en enfants de Dieu puis nous assembler pour partager, nous ressourcer en Dieu lors d’une prière souvent communautaire avant de repartir agir en enfants de Dieu. La liturgie est en quelque sorte une traduction commune de nos diversités qui se tournent vers notre Père.

Si 90% de notre peuple (laos) est sorti pour vivre sans nos églises , (oui : VIVRE mieux sans elles… ) ne peut-on s’interroger pour redonner au terme liturgie son sens initial, avec son poids et son vécu?

Si la liturgie s’ouvre sur les besoins implicites de ceux qui ont quitté l’Eglise, ne serait-ce pas une démarche pastorale d’écoute ? Cet appel muet de la foule ne nous mettrait-il pas en route ?

L’Eglise, au lieu de cheminer pour se réformer en circulant à l’intérieur de son milieu ecclésial, pourrait ouvrir les portes, s’intéresser au seuil, aux parvis, aux périphéries, au Monde, à nos frères, à toutes nos Galilées. Elle pourrait « ouvrir » et libérer sa liturgie en la mettant chaque fois au diapason des hommes.

Ce serait une manière synodale de vivre ce « travail du peuple » dans la perspective du Synode convoqué par le Pape François pour 2022.

Marguerite Champeaux-Rousselot

recherches-entrecroisées.net : quesaquo ?

Pour naviguer facilement sur le site : plan du site et renseignements pratiques

To maintain the Centre Pastoral Saint-Merry in Paris. Sign on change.org





to sign   : http://chng.it/fjWSPksPGW

The Most Rev Michel Aupetit, Archbishop of Paris, announced on February 7th that he would «from March 1st, 2021, put an end to the mission commissioned in 1975 by [the then Archbishop] Cardinal Marty to the « Pastoral Centre of St Merry’s parish »https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Merri, in the heart of Paris. That mission workhttps://recherches-entrecroisees.net/2021/03/04/1975-lettre-de-mission-pour-le-centre-pastoral-halles-beaubourg-par-mgr-f-marty/ consisted of the creation of a space for «experimenting» new ways of evangelization and «inventing new/novel means for Tomorrow’s Church». 

The thousands of people from Paris and its surroundings and beyond France’s borders, who have known and loved that unique outcome of the Second Vatican Council within the Church of Paris, which is St Merry’s Pastoral Centre, hereby manifest their shock at such a damaging decision, taken without any consultation.

In a time when the Church is reflecting on synodality and promoting participation, a time when Pope Francis is inviting us to reach to the peripheries, such a counterproductive decision is baffling to us.

For more than 45 years, St Merry’s Pastoral Centre has been a venue where people from Paris and its surrounding area, especially those people who had strayed away from the Church, have found warmth, acceptance and prayer. The thousands of messages – from France and beyond – left on our site are a testament to that. 

Are there no novel ways of announcing the Gospel? That is the issue at stake.

We, the Undersigned,

Guy Aurenche, Danielle Mérian, Pietro Pisarra, Jean Verrier, Jacqueline Casaubon, Claude Plettner, Anne-René Bazin, Marianne Grilhé, Claire Saconney, Bernadette Capit, Michel Lahaie, Didier Pény, Marie-Odile et Jean-François Barbier-Bouvet, Nathalie Thillay, Anne Tardy-Planechaud…

proclaim our commitment to St Merry’s Pastoral Centre in Paris. We request that the Centre be allowed to go on with its original mission, and that a dialogue be established, so that this particular face of the Church may continue on with its valuable ministry.

1975 Lettre de mission pour le Centre Pastoral Halles-Beaubourg, par Mgr. F. Marty

mai 1975      

Lettre de mission du Cardinal Marty, confiée au père Xavier de Chalendar, premier responsable du Centre pastoral Halles-Beaubourg (CPHB)

 «Les Halles : pour l’Église de demain… des modes nouveaux

Les Halles, le plateau de Beaubourg… on sait les vastes projets en cours de réalisation et qui modifient progressivement le visage et la vocation de ce quartier.

Ce centre de Paris voit surgir et se développer des lieux de recherche et de rencontre, des lieux de commerce et de détente, des lieux de culture et d’expression artistique qui se veulent au service de tous et vont attirer, chaque jour, et pour chaque fête, des milliers de personnes.

Il est inutile de souligner l’importance de ce qui va se jouer là, dans les années qui viennent.

Les églises sont nombreuses dans ce secteur et elles comptent parmi les plus belles de Paris : Saint-Merry, Saint-Gervais, Saint Leu-Saint Gilles, Saint-Eustache. Elles sont les plus visibles de l’Église. Elles accueillent des communautés chrétiennes paroissiales : elles sont le lieu d’une pastorale locale aux formes multiples ; elles resteront au service du quartier.

Mais elles doivent permettre aussi d’inventer des modes nouveaux pour l’Église de demain. Elles ne doivent pas devenir des musées.

Depuis plusieurs années déjà, des chrétiens se préoccupent de proposer ensemble des services à tous ceux qui vont venir dans ces quartiers rénovés, à tous ceux qui y travaillent ou qui y vivent. Service de prière selon des styles assez divers : possibilités de rencontre, de communications, d’accueil ; réflexions et travail sur la foi au contact des nouvelles formes de culture…

Des prêtres diocésains, des prêtres oratoriens de Saint-Eustache et des laïcs vont poursuivre ce travail de recherche et prendre les initiatives nécessaires pour réaliser là un vrai service pastoral, original et adapté.

L’abbé Xavier de Chalendar, ancien vicaire épiscopal pour le monde scolaire et universitaire, est chargé d’animer et de coordonner l’ensemble de ce secteur pastoral non territorial.

Cardinal François Marty,

Mai 1975 »

Ce Centre Pastoral Halles-Beaubourg est devenu Centre-Pastoral Saint-Merry.

1975 Lettre de mission pour le Centre Pastoral Halles-Beaubourg (aujourd’hui CP Saint-Merry)

mai 1975      

Lettre de mission du Cardinal Marty, confiée au père Xavier de Chalendar, premier responsable du Centre pastoral Halles-Beaubourg (CPHB)

 «Les Halles : pour l’Église de demain… des modes nouveaux

Les Halles, le plateau de Beaubourg… on sait les vastes projets en cours de réalisation et qui modifient progressivement le visage et la vocation de ce quartier.

Ce centre de Paris voit surgir et se développer des lieux de recherche et de rencontre, des lieux de commerce et de détente, des lieux de culture et d’expression artistique qui se veulent au service de tous et vont attirer, chaque jour, et pour chaque fête, des milliers de personnes.

Il est inutile de souligner l’importance de ce qui va se jouer là, dans les années qui viennent.

Les églises sont nombreuses dans ce secteur et elles comptent parmi les plus belles de Paris : Saint-Merry, Saint-Gervais, Saint Leu-Saint Gilles, Saint-Eustache. Elles sont les plus visibles de l’Église. Elles accueillent des communautés chrétiennes paroissiales : elles sont le lieu d’une pastorale locale aux formes multiples ; elles resteront au service du quartier.

Mais elles doivent permettre aussi d’inventer des modes nouveaux pour l’Église de demain. Elles ne doivent pas devenir des musées.

Depuis plusieurs années déjà, des chrétiens se préoccupent de proposer ensemble des services à tous ceux qui vont venir dans ces quartiers rénovés, à tous ceux qui y travaillent ou qui y vivent. Service de prière selon des styles assez divers : possibilités de rencontre, de communications, d’accueil ; réflexions et travail sur la foi au contact des nouvelles formes de culture…

Des prêtres diocésains, des prêtres oratoriens de Saint-Eustache et des laïcs vont poursuivre ce travail de recherche et prendre les initiatives nécessaires pour réaliser là un vrai service pastoral, original et adapté.

L’abbé Xavier de Chalendar, ancien vicaire épiscopal pour le monde scolaire et universitaire, est chargé d’animer et de coordonner l’ensemble de ce secteur pastoral non territorial.

Cardinal François Marty,

Mai 1975 »

Les aventures étymologiques du terme « paroisse »

De la paroïkia (grec ancien) à la paroecia gérée par un parochus (bas-latin) : une migration terminologique entre ciel et terre avec un coup de théâtre !

par Marguerite Champeaux-Rousselot ( 2020-06-17)

Au cours de sept siècles de dérive terminologique marquée par l’usage approximatif du grec puis du bas-latin francisé, la notion de milieu de vie s’est cristallisée peu à peu en maison avant de désigner l’ensemble organisé d’une communauté ecclésiale.  
Ajoutons que le terme « paroisse » résulte de deux noms... d’où des surprises et des rebondissements.

Cet article est consacré à la naissance du terme « paroisse ». Par ailleurs, vous trouverez prochainement un document consacré à l’Histoire de la Paroisse elle-même (à partir du 1er s. jusqu’à aujourd’hui) .

Le terme grec paroikia  

Le terme paroisse vient originellement du nom commun grec π α ρ ο ι ́ κ ι α, (avec un kappa, κ, prononcé paroïkia) composé de ο ι ́ κ ι α qui désigne un lieu, la maison où la famille se rassemble, (d’où écologie économie, œcuménique etc.) et de παρα qui veut dire « auprès de, à côté de ».

Le verbe dérivé de ce nom π α ρ ο ι κ ε ι ̃ ν signifie demeurer auprès de ; séjourner dans un pays où on est un étranger.

Il a été employé dans la Septante qui traduit l’Ancien Testament de l’hébreu en grec,  pour désigner le fait qu’Abraham séjournait en Egypte ; un π α ́ ρ ο ι κ ο ς est proprement « celui qui habite à côté, près de » un étranger résidant ici, un voisin mais qui justement même dans une cité n’a pas droit de cité.

Le nom composé π α ρ ο ι ́ κ ι α a donc été d’abord employé pour signifier « la résidence ou le séjour dans un pays étranger », de durée plus ou moins longue.

Le sens spirituel du terme paroikia  : l’épître de Pierre   

Mais prenons d’abord la situation peu après la « disparition » de Jésus : par exemple dans les Actes des Apôtres.

Les disciples sont convoqués par les Juifs  dont ils se distinguent en enseignant et annonçant la Bonne nouvelle ( un seul  verbe  pour ces quatre mots :  «  euaggelizô »)  « tout le jour/chaque jour, dans le temple comme en privé  » [1] . Ils se distinguent d’eux  par leur esprit de liberté par rapport aux rites et n’hésitent pas à risquer d’être maltraités  pour cette liberté.  Ils se réunissaient en effet pour prier en groupe dans les maisons d’hommes et de femmes,  nous rapporte Paul : chez Lydia, Cornelius, Aquila et Priscille, à Éphèse etc.  

Ce «  toujours et partout », nous en avons un bon exemple dans l’épitre connue attribuée à Pierre (I Pierre, 2, 11). L’auteur  emploie en effet deux adjectifs qui concernent la place de certains étrangers  qui n’ont pas les droits d’autres habitants : la maison (oikia) d’un paroikos ne sera jamais que « voisine » ( para signifie «  à côté de » ) sans jamais être intégrée dans la cité, et celui qui séjourne dans un peuple ( dèmos)  sans en faire partie restera un parepidèmos, ( littt. «  à côté du peuple » ) : son séjour, fût-il long, ne lui permettra jamais de se fondre dans la communauté de ses habitants: ils seront toujours à côté (par- oikios et par-epi-dèmos) – deux situations souvent gênantes ou regrettables.

Or dans ce chapitre, l’auteur  prend le contre-pied de cette position et utilise la dimension symbolique des deux termes pour signaler la situation particulière du chrétien : certes les chrétiens ont leur maison dans leur peuple, mais leur maison  la plus essentielle n’est pas celle-ci ! Pierre sait s’adresser à des gens qui avaient tous les droits de vivre dans le monde et ont décidé… de devenir, quoique toujours en son sein, membres d’un autre Royaume vers lequel ils choisissent d’avancer. Il leur montre que désormais, à cause de ce choix,  ils sont des paroikos et des parepidèmos : « Vous par contre, race choisie, royale, communauté sacerdotale, nation sainte, peuple à conserver…, pas peuple jadis et maintenant peuple de Dieu, personnes qui n’ont pas obtenu miséricorde, et qui maintenant l’ont obtenue. Bien-aimés, je vous exhorte, vous, comme des résidents étrangers (paroikos) et des étrangers de passage (parepidèmos), à vous tenir loin des désirs charnels qui combattent contre l’âme ; en conservant belle votre conduite parmi les païens etc.  »  (I Pierre, 2, 11)  

Les disciples d’alors se sentaient donc comme appartenant à leur milieu et en même temps « à côté ». Ils se sentaient comme en séjour en pays étranger, leur patrie de cœur étant ailleurs, puisque fils ambitionnant d’être d’un autre Royaume ou de le mériter. (Mon Royaume n’est pas de ce monde…). Inquiétude et regret doivent faire place à la motivation et à l’espérance [2] .     

Quitter le grec paroikia  pour le latin  paroicea ? le  spirituel pour de  l’organisé ?  

Le nombre de ceux qui suivent la Voie s’agrandit et s’enracine.   

Voici que le christianisme s’est implante solidement et que le pouvoir religieux chrétien se renforce (faut-il dire pactise ?) avec  le pouvoir civil (Constantin 1er ). Le nombre des chrétiens s’accroit, y compris  des chrétiens fortunés, et avec lui, le besoin d’organisation matérielle et administrative. A nouveauté religieuse, organisation et terminologie nouvelles – tant du point de vue spirituel que géographique et administratif. La tentation  du quantitatif et du concret pour persuader de la puissance  de Dieu et la manifester l’a souvent emporté sur  le paradoxe évangélique.

L’ekklesia ( en grec) était littéralement l’assemblée des appelés, leur communauté de fils de Dieu construisant le Royaume spirituel au fil de leurs cheminements, et il a fallu trouver des concepts, des mots spéciaux pour distinguer ce qui relevait de cette assemblée mais sur un autre plan, à savoir l’endroit de vie concret des chrétiens sur cette Terre, ce qui était en quelque sorte le plus éloigné du Royaume de Dieu…  Les lettrés eurent alors recours au terme grec paroikia qui convenait bien puisqu’il ne recouvre pas du tout ce qu’était l’ekklesia.

Par la suite, le terme grec π α ρ ο ι ́ κ ι α (avec son κ) employé dans le contexte ecclésiastique (surtout d’organisation matérielle, au départ) fut transcrit en (bas-) latin paroecia, avec un c car le latin n’a pas de k, puis peu à peu francisé avec des variantes quand il fut employé par tous, lettrés ou non, à partir du IVème siècle à peu près.

Le latin gagne en Occident. Le terme  grec ekklesia est latinisé lui aussi en ecclesia.

Les textes, même s’ils sont rares, attestent que le premier terme latin, paroecia sous ses diverses formes, est utilisé par écrit au IVème siècle par les premières communautés chrétiennes : au début du IVème s, il prend le sens de «communauté, église particulière», puis il sert, en référence à l’évêque, dans la 2ème moitié du IVème s. pour désigner le territoire qui ressortissait de son église épiscopale, c’est-à-dire de son « diocèse » (que nous nommons aujourd’hui « évêché ») et il est employé comme synonyme de ce terme. 

Or les zones urbaines ayant été généralement adopté en premier l’Evangile, l’église de l’évêque avec son presbyterium était souvent située dans une cité épiscopale et tout au début, le baptistère se trouvait près de cet évêché, mais le diocèse ou la paroiceia  étaient bien plus vastes que la cité elle-même et comprenait les campagnes [3] qui, elles,  se convertirent plus tard.

Ce terme paroiceia est employé concurremment avec diocesis et ceci pendant six siècles dans ce sens : le dernier emploi connu écrit de paroecia en ce sens d’évêché date de 1076. Cela explique en partie la configuration encore actuelle des « paroisses urbaines ».

Un nouveau venu au Vème siècle : le  terme  grec   parochos  latinisé en parochus !  

Lorsque, à partir du Vème siècle environ, se mirent en place de plus en plus précisément, diverses organisations de gestion matérielle, on constate que le mot paroecia subit progressivement l’influence d’un mot latin qui n’a pas du tout la même étymologie : parochus – qui vient à son tour perturber le sens du terme paroiceia   dont le sens dérive de plus en plus.

Si le mot latin parochus vient lui aussi d’un mot grec latinisé, son étymologie n’a aucun rapport avec le paroikia évoqué plus haut puisqu’il s’agit cette fois de π α ́ ρ ο χ ο ς, (avec un khi χ, prononcé parokhos), formé de παρα, qui veut dire « auprès de, à côté de » et de ε ́χ ω qui veut dire « avoir ». Le verbe composé π α ρ ε ́ χ ω signifie « fournir, offrir, présenter », et a donné le nom commun π α ́ ρ ο χ ο ς qui veut dire « régisseur des magistrats en voyage » et a été latinisé à l’époque classique en parochus au sens plus général de régisseur.

Comment et pourquoi l’emploi de parochus s’est-il développé ? 

Lorsqu’il a fallu trouver de nouvelles appellations pour les responsables de la gestion (matérielle surtout) des campagnes désormais christianisées même à distance de l’évêché (paroiceia ou diocèse), il a fallu trouver un nom qui marque bien la distinction avec le responsable des questions cultuelles : on a employé alors ce terme parochus pour désigner sa mission logistique. 

Cependant, les textes montrent non seulement des mélanges orthographiques entre paroiceia et parochus, mais aussi des entrelacements voire des confusions dans leur emploi et leur sens. 

En effet, comme la prononciation n’était pas uniformisée, ni l’écriture répandue, ni l’orthographe stabilisée, et comme le premier terme ressemblait au second par la graphie et le son (paronymie et homonymie), la contamination entre les deux mots a pu se faire facilement.

De leur côté, les lettrés ont pu forger savamment une forme dérivée de parochus pour désigner ce que doit gérer le parochus : la parochia très proche de la paroikeia grecque latinisée en paro(e/i)ceia…Une sorte de synecdoque, désignant le territoire par la charge. Quant au commun des gens moins instruits, l’usage a pu confondre plus ou moins les deux paronymes très proches phonétiquement et formellement.

Compte-tenu du contexte linguistique, il s’est passé un phénomène socio-linguistique qui semble traduire un raisonnement inconscient général : tout semble s’être passé comme si on avait supposé que le parochus, du fait qu’il était par son métier  loin de l’évêque mais néanmoins en lien avec lui, avait à gérer la paroecia qui était loin de l’église diocésaine et néanmoins en lien avec elle. Si bien que désormais, la paroecia se mit à signifier aussi, en quelque sorte, « ce que gérait le régisseur (parochus) ».

Entre le sens administratif de parochus et le sens spirituel et religieux de paroiceia qui va l’emporter ?

Qui à l’époque  contribue à inventer les mots nécessaires aux nouvelles fonctions, à l’administration ? Qui les répand ? Ceux qui savent écrire, parler  latin et traduisent le latin en français pour le menu peuple qui s’adapte et apprend les nouvelles règles etc.

C’est pourquoi, finalement, au milieu de plusieurs variantes, le terme qui l’a emporté linguistiquement et sémantiquement, c’est le terme administratif, celui des écrits, des lettrés, des plus éduqués qui régissaient et tenaient la plume : c’est donc le terme dérivé de parochus.

Cette confusion a été également renforcée par des points communs dans leur signification (sémantique) spécifiquement liée à la religion.

Là aussi, on constate le fait de cette évolution linguistique et sémantique, sans en trouver d’explication dans les textes d’alors, rares et souvent répétitifs ( chartes, comptes, contrats… ).

Il y a donc une contamination.

Les deux évolutions se combinent de ci, de là (improprement certes, mais pragmatiquement !) pour finalement, faire de la paroecia en latin un endroit géré par un parochus en latin.

En effet,

– d’une part nous avons vu grâce à la lettre dite de Pierre par exemple, que la notion de paroikia ( avec un k ) venait du fait que les baptisés se vivaient d’une certaine façon comme de passage sur une Terre étrangère, habitant un endroit de vie connecté « ailleurs », la paroecia ou paroiceia

– d’autre part, on peut supposer qu’ils ont considéré que leurs responsables ou qu’eux-mêmes avaient à régir leur lieu de vie sur cette Terre où ils ne font qu’un voyage : ils n’y vivent que passagèrement et suivent la voie indiquée par le Christ qui leur montre le passage. Ici le sens originel du terme grec parokhos (avec le khi) et de parochus s’est révélé bien convenir.

– les baptisés qui se vivaient d’une certaine façon comme en transit  momentané sur une Terre à laquelle ils ne devaient pas s’attacher, ont  volontiers délégué  la gestion des affaires terrestres à qui les guidait religieusement…

Citoyen de l’au-delà et de passage dans la cité terrestre, le chrétien se retrouvait bien dans ce double cadre conceptuel – mais la dimension organisationnelle a progressivement pris le pas sur l’acception spirituelle.

Et naturellement, à la fin,  avec l’uniformisation progressive des termes, la paroiceia est devenue la paroichia.

Voilà donc comment et pourquoi ce second terme ( parochus ) a influencé le premier et l’a finalement emporté aux environs du VIIème siècle.

Le lexique ici  traduit toute une histoire des mentalités. 

Fin des aventures étymologiques du terme français « paroisse »

Nous sommes partis de la paroïkia (grec ancien) vers la paroecia  des fidèles  dont l’évêque avait la charge spirituelle, puis est arrivé un parochus (bas-latin) qui a administré et régi le territoire matériel de l’évêque.

Finalement ce parochus a administré ce qui ne s’est plus appelé paroiceia mais paro(i)chia.     

Le français  paroisse  résulte  de cette migration terminologique  en zig-zag et qui a connu un coup de théâtre imprévu avec l’arrivée de parochus.  

Gérer entre ciel et terre, une question qui n’est pas résolue !…

Ce qui l’a emporté c’est la puissance utile d’une organisation territoriale faisant partie d’une pyramide.  

Cela aura des implications multiples.

Nous en avons fini avec l’étymologie de ce terme.

Pour la suite de l’histoire de la notion de paroisse, lire un autre article sur le même site … en sautant le début qui résumera plus ou moins ce que vous venez de lire … mais qui contient aussi  une excellente devinette  sur l’emploi le plus ancien du terme  paroikos  ..  !                                                       

Marguerite Champeaux-Rousselot ( 2020-06-17)


[1] Luc conclut ainsi cet épisode violent  en précisant que le conseil des Juifs n’avait pu les obliger à respecter des horaires, des règles, des lieux etc. Il écrit :  « Πᾶσάν τε ἡμέραν, ἐν τῷ ἱερῷ καὶ κατ᾿ οἶκον, οὐκ ἐπαύοντο διδάσκοντες  καὶ  εὐαγγελιζόμενοι  Ἰησοῦν  τὸν Χριστόν. »  ( Actes, 5,42)  :  Littéralement  « Et toute la journée/chaque jour, et dans un lieu religieux  public comme dans un lieu privé , ils ne cessaient  d’enseigner et d’annoncer la Bonne nouvelle de Jésus le Messie ». Traduire par « dans les maisons » ne suffit pas ; en effet, le terme ne désigne pas une maison mais le privé.  C’est une manière de dire «  24 h/24 et partout ». Cela bouscule ce qui convenait  traditionnellement  pour l’enseignement et la prière : les disciples ne semblent plus  respecter le sacré et le rite.   

[2] Je repense à ce chant de mon enfance : « Citoyens du ciel, habitants de la maison du Seigneur.. », le tout étant de ne pas être excluant..

[3] Bien plus tard, au point que paganus, qui a donné paysan, désignait les croyants traditionnels polythéistes qui ont «résisté» plus longtemps, et a donné également le mot païen.

Evangile et Révolution, par Pierre Castaner, 2020

Un livre est né ! Les heures de confinement ont été pour moi désert et source retrouvée. J’ai donc collecté mes textes que j’ai quelque peu salés, poivrés, ajustés, chouchoutés, et j’ai commis un livre.EVANGILE et REVOLUTION Vous y trouverez pêle-mêle des cafés théo, des homélies, des méditations prononcées dans le claustra et un appel aux chrétiens libres. Les photos disputent la place aux textes, humour et poésie se répondent.

Pierre Castaner

Synodalité de guérison et de prévention : un chemin qui suit l’Evangile ( 2020-03)

                                                  

par Marguerite Champeaux-Rousselot ( 2020-03)

Pour sortir des abus dans l’Eglise au Chili, le pape François propose un chemin dans sa  « Lettre de François  aux catholiques chiliens ».

Mais il prend soin d’indiquer que ce chemin devrait être celui pour remédier à toutes sortes d’abus… Nous pouvons donc lire cette lettre, et en tirer du fruit pour nous-même aussi.

I Synodal et Synodalité

Il décrit un chemin en détail mais le terme global qui peut caractériser le processus de guérison comme de prévention, tient en un mot, synodal,    qu’il emploie par deux fois : dans l’introduction (1°) et dans sa phrase de conclusion ( 2°), c’est dire l’importance pour lui de la synodalité.

Un terme qui, nous le savons désormais, sera au cœur du synode de 2022 qui concernera précisément la synodalité.

Voici les deux phrases :

1°) je voudrais également dire à chacun de vous en particulier : « La Sainte Mère Église attend de vous aujourd’hui que vous l’interpelliez. Et ensuite (…) l’Église a besoin que vous passiez votre permis d’adulte, spirituellement adultes, et que vous ayez le courage de nous dire : “cela me plaît, ce chemin me semble être celui à emprunter, cela ça ne va pas”… Dites-nous ce que vous sentez, ce que vous pensez »[1]. Ceci nous permet à tous de nous impliquer dans une Église dont la démarche synodale sait mettre Jésus au centre.

Au sein du Peuple de Dieu, il n’y a pas de chrétiens de première, deuxième ou troisième catégories.

2°) Je reconnais et apprécie votre exemple courageux et constant car dans les moments de turbulence, de honte et de douleur, vous continuez d’avancer dans la joie de l’Évangile.

Je les appelle à avancer, poussés par l’Esprit, à la recherche d’une Église chaque jour plus synodale, prophétique et pleine d’espoir, moins abusive parce qu’elle sait mettre Jésus au centre, en celui qui a faim, en le prisonnier, le migrant et l’abusé.

II  Nous transcrivons ci-dessous  les passages de cette Lettre qui ont une valeur générale, à titre de document de travail.

( Rappel : texte intégral  de la  « Lettre de François  aux catholiques chiliens »  ci-dessous)

… chercher avec eux des chemins de vérité et de vie à court, à moyen et à long terme, face à une plaie ouverte, douloureuse et complexe qui ne cesse de saigner depuis longtemps

Je les ai invités à regarder où le Saint-Esprit nous conduit, puisque « fermer les yeux sur son prochain rend aveugle aussi devant Dieu »[2]

C’est avec joie et espérance que j’ai reçu la nouvelle qu’il y avait beaucoup de communautés, de villes et de chapelles où le peuple de Dieu priait, surtout pendant les jours où nous rencontrions les évêques. Le Peuple de Dieu implore à genoux le don du Saint-Esprit pour trouver la lumière au sein d’une Église blessée par son péché, pour implorer miséricorde, et pour qu’elle devienne prophétique jour après jour de par sa vocation[3]. Nous savons que la prière n’est jamais vaine et qu’« dans l’obscurité commence toujours à germer quelque chose de nouveau, qui tôt ou tard produira du fruit »[4]

le statut du Peuple de Dieu qui « est la dignité et la liberté des fils de Dieu, dans le cœur de qui, comme dans un temple, habite l’Esprit Saint »[5]. Le saint peuple fidèle de Dieu est oint de la grâce du Saint-Esprit ; par conséquent, lorsqu’il s’agit de réfléchir, de penser, d’évaluer, de discerner, nous devons être très attentifs à cette onction. Chaque fois qu’en tant qu’Église, que pasteurs, que personnes consacrées, nous avons oublié cette certitude, nous perdons notre chemin. Chaque fois que nous essayons de supplanter, de réduire au silence, de nier, d’ignorer ou de réduire à de petites élites le Peuple de Dieu dans sa totalité et ses différences, nous construisons des communautés, des plans pastoraux, des théologies appuyées, des spiritualités, des structures sans racines, sans histoire, sans visages, sans mémoire, sans corps, bref, sans vie. Nous désunir de la vie du Peuple de Dieu, nous précipite dans la désolation et dans la perversion de la nature ecclésiale ; la lutte contre une culture d’abus nécessite de renouveler cette certitude.

je voudrais également dire à chacun de vous en particulier : « La Sainte Mère Église attend de vous aujourd’hui que vous l’interpelliez. Et ensuite (…) l’Église a besoin que vous passiez votre permis d’adulte, spirituellement adultes, et que vous ayez le courage de nous dire : “cela me plaît, ce chemin me semble être celui à emprunter, cela ça ne va pas”… Dites-nous ce que vous sentez, ce que vous pensez »[6]. Ceci nous permet à tous de nous impliquer dans une Église dont la démarche synodale sait mettre Jésus au centre.

Au sein du Peuple de Dieu, il n’y a pas de chrétiens de première, deuxième ou troisième catégories. Votre participation active ne se résume pas à une concession que vous faites volontairement, mais elle est constitutive de la nature ecclésiale. Il est impossible d’imaginer le futur sans cette onction qui opère en chacun de vous et qui réclame et exige certainement de nouvelles formes de participation. J’exhorte tous les chrétiens à ne pas avoir peur d’être les protagonistes de la transformation revendiquée aujourd’hui, à impulser et à promouvoir des alternatives créatives dans la recherche quotidienne d’une Église qui veut chaque jour mettre « L’important » [7]  au centre. J’invite toutes les organisations diocésaines, quelle que soit leur région, à chercher consciemment et lucidement des espaces de communion et de participation pour que l’onction du Peuple de Dieu puisse trouver des médiations concrètes pour se manifester.

Le renouvellement de la hiérarchie ecclésiale par elle-même ne génère pas la transformation à laquelle le Saint-Esprit nous pousse. Nous sommes tenus de promouvoir conjointement une transformation ecclésiale qui nous concerne tous.

Une Église prophétique et par conséquent pleine d’espérance, exigera de tous une mystique des yeux ouverts[8], interrogative et non engourdie[9]. Ne vous laissez pas dépouiller de l’onction de l’Esprit.

« Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit »[10]. C’est ainsi que Jésus répondit à Nicodème quand ce dernier l’a interpellé sur la possibilité de naître à nouveau pour pouvoir entrer dans le royaume des cieux.

En ce moment, à la lumière de ce passage, il est bon pour nous de revoir notre histoire personnelle et communautaire : le Saint-Esprit souffle où il veut et comme il veut dans le seul but de nous aider à renaître. Loin de nous enfermer dans des schémas, des modalités, des structures fixes ou obsolètes, loin de démissionner ou « de baisser sa garde » face aux événements, l’Esprit Saint est continuellement en mouvement pour élargir sans cesse les yeux étroits, pour redonner le rêve à ceux qui ont perdu espérance[11], pour faire justice dans la vérité et dans la charité, pour purifier du péché et de la corruption et pour inviter en permanence à une nécessaire conversion. Sans ce regard de foi, tout ce que nous pouvons dire et faire tomberait dans l’oreille d’un sourd. Cette certitude est essentielle pour regarder le présent, sans faux-fuyants mais avec détermination, avec courage, mais aussi avec sagesse, avec ténacité mais sans violence, avec passion mais sans fanatisme, avec de la persévérance mais sans inquiétude. Cette certitude est essentielle pour changer ainsi tout ce qui menace aujourd’hui l’intégrité et la dignité de toute personne ; car les solutions qui s’imposent doivent faire face aux problèmes sans se laisser prendre au piège ou, ce qui serait pire, sans perpétuer les mêmes mécanismes que nous voulons éliminer[12]. Aujourd’hui, nous sommes mis au défi d’affronter, d’assumer et de souffrir le conflit, de pouvoir ainsi le résoudre et le transformer en un nouveau départ[13].

l’effort et à la persévérance de gens concrets qui, malgré le manque d’espoir ou de confiance, n’ont cessé inlassablement de rechercher la vérité ; je parle des victimes d’abus sexuels, de pouvoir, d’autorité et de ceux qui les ont crus et accompagnés.

La culture de l’abus et de la dissimulation est incompatible avec la logique de l’Évangile puisque le salut offert par le Christ est toujours une offre, un don qui réclame et exige la liberté. Laver les pieds des disciples c’est la manière avec laquelle le Christ nous montre le visage de Dieu. Ce n’est jamais par la contrainte ou l’obligation mais par le service. Soyons clairs, tout ce qui tente de contrer la liberté et l’intégrité des gens est anti-évangélique. Par conséquent, il est également nécessaire de générer des processus de foi où l’on apprend à savoir quand il faut douter et quand il ne faut pas. « La doctrine, ou mieux, notre compréhension et expression de celle-ci, “n’est pas un système clos, privé de dynamiques capables d’engendrer des questions, des doutes, des interrogations”, et “les questions de notre peuple, ses angoisses, ses combats, ses rêves, ses luttes, ses préoccupations, possèdent une valeur herméneutique que nous ne pouvons ignorer si nous voulons prendre au sérieux le principe de l’incarnation” (…) »[14] . J’invite tous les centres de formation religieuse, les facultés de théologie, les écoles, les collèges, les séminaires, les maisons de formation et de spiritualité, à promouvoir une réflexion théologique qui serait capable d’être à la hauteur des temps présents, à promouvoir une foi mature, adulte et qui assume l’« humus » vital du Peuple de Dieu avec ses idées et ses préoccupations. Je les invite à promouvoir ainsi des communautés capables de lutter contre les situations d’abus, des communautés où l’échange, la discussion et la confrontation sont les bienvenus[15]. Nous serons fructueux dans la mesure où nous rendons autonomes les communautés ouvertes de l’intérieur ; nous libérons ainsi des pensées fermées et auto-référentielles pleines de promesses et de mirages qui promettent la vie mais qui favorisent finalement la culture de l’abus.

Je voudrais faire une brève référence à la pastorale populaire qui existe dans un grand nombre de vos communautés et qui est un trésor inestimable et authentique où on apprend à écouter le cœur de notre peuple et dans le même acte le cœur de Dieu. Durant mon expérience de pasteur, j’ai appris à découvrir que la pastorale populaire est l’un des rares endroits où le peuple de Dieu est souverain de l’influence du cléricalisme qui cherche toujours à contrôler et à bloquer l’onction de Dieu sur son peuple. Apprendre de la piété populaire, c’est apprendre à entrer dans un nouveau type de relation, d’écoute et de spiritualité qui demande beaucoup de respect et ne se prête pas à des lectures rapides et simplistes, car la piété populaire « reflète une soif de Dieu que seuls les pauvres et les simples peuvent connaître »[16].

Être une « Église en marche » c’est également se laisser aider et interpeler[17]. N’oublions pas que « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit »[18].

je pense nécessaire de vous partager ma joie et mon espoir d’avoir pu confirmer durant le dialogue que nous avons eu, votre reconnaissance à des personnes que j’aime appeler les « saints de la porte d’à côté »[19]. Ce serait injuste qu’en plus de notre douleur et notre embarras face à ces structures d’abus et de dissimulation qui se sont perpétuées et face à tant de mal qu’ils ont fait, nous ne reconnaissions pas les nombreux fidèles laïcs, consacrés et consacrées, prêtres et évêques qui donnent leur vie par amour dans les zones les plus reculées de la terre chilienne bien-aimée. Tous ceux-là sont des chrétiens qui savent pleurer avec les autres, qui cherchent la justice dans la faim et la soif, qui regardent et agissent avec miséricorde[20]  ; ce sont des chrétiens qui essaient chaque jour d’éclairer leur vie à la lumière du protocole[21]  avec lequel nous serons jugés : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi »[22].

Je reconnais et apprécie votre exemple courageux et constant car dans les moments de turbulence, de honte et de douleur, vous continuez d’avancer dans la joie de l’Évangile.

Je les appelle à avancer, poussés par l’Esprit, à la recherche d’une Église chaque jour plus synodale, prophétique et pleine d’espoir, moins abusive parce qu’elle sait mettre Jésus au centre, en celui qui a faim, en le prisonnier, le migrant et l’abusé.

François
Vatican, le 31 mai 2018, Fête de la Visitation de Notre-Dame

Traduction française de Kinda Elias pour La DC. Titre de La DC.

Choix et commentaire par Marguerite Champeaux-Rousselot ( 2020-03)

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III  Texte intégral  :

Chers frères et sœurs,

Le 8 avril dernier, j’ai convoqué mes frères évêques à Rome pour chercher avec eux des chemins de vérité et de vie à court, à moyen et à long terme, face à une plaie ouverte, douloureuse et complexe qui ne cesse de saigner depuis longtemps (1). Je leur ai suggéré qu’ils invitent tout le saint peuple de Dieu à se mettre en état de prière afin que le Saint-Esprit nous donne la force de ne pas tomber dans la tentation de nous enliser dans des propos dépourvus de sens, dans des diagnostics sophistiqués ou en de vains gestes, qui ne nous permettraient pas d’avoir le courage nécessaire pour faire face à la douleur causée, au visage des victimes et à l’ampleur des événements. Je les ai invités à regarder où le Saint-Esprit nous conduit, puisque « fermer les yeux sur son prochain rend aveugle aussi devant Dieu » (2).

C’est avec joie et espérance que j’ai reçu la nouvelle qu’il y avait beaucoup de communautés, de villes et de chapelles où le peuple de Dieu priait, surtout pendant les jours où nous rencontrions les évêques. Le Peuple de Dieu implore à genoux le don du Saint-Esprit pour trouver la lumière au sein d’une Église blessée par son péché, pour implorer miséricorde, et pour qu’elle devienne prophétique jour après jour de par sa vocation (3). Nous savons que la prière n’est jamais vaine et qu’« dans l’obscurité commence toujours à germer quelque chose de nouveau, qui tôt ou tard produira du fruit » (4).

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La lettre du pape François aux catholiques chiliens

  1. Faire appel à vous, vous demander de prier n’était pas un recours fonctionnel usuel, ni un simple geste de bonne volonté. Au contraire, je voulais placer les choses à leur place, précise et précieuse, et situer le problème là où il doit être : le statut du Peuple de Dieu qui « est la dignité et la liberté des fils de Dieu, dans le cœur de qui, comme dans un temple, habite l’Esprit Saint» (5). Le saint peuple fidèle de Dieu est oint de la grâce du Saint-Esprit ; par conséquent, lorsqu’il s’agit de réfléchir, de penser, d’évaluer, de discerner, nous devons être très attentifs à cette onction. Chaque fois qu’en tant qu’Église, que pasteurs, que personnes consacrées, nous avons oublié cette certitude, nous perdons notre chemin. Chaque fois que nous essayons de supplanter, de réduire au silence, de nier, d’ignorer ou de réduire à de petites élites le Peuple de Dieu dans sa totalité et ses différences, nous construisons des communautés, des plans pastoraux, des théologies appuyées, des spiritualités, des structures sans racines, sans histoire, sans visages, sans mémoire, sans corps, bref, sans vie. Nous désunir de la vie du Peuple de Dieu, nous précipite dans la désolation et dans la perversion de la nature ecclésiale ; la lutte contre une culture d’abus nécessite de renouveler cette certitude.

Comme je l’ai dit aux jeunes de Maipu, je voudrais également dire à chacun de vous en particulier : « La Sainte Mère Église attend de vous aujourd’hui que vous l’interpelliez. Et ensuite (…) l’Église a besoin que vous passiez votre permis d’adulte, spirituellement adultes, et que vous ayez le courage de nous dire : “cela me plaît, ce chemin me semble être celui à emprunter, cela ça ne va pas”… Dites-nous ce que vous sentez, ce que vous pensez » (6). Ceci nous permet à tous de nous impliquer dans une Église dont la démarche synodale sait mettre Jésus au centre.

Au sein du Peuple de Dieu, il n’y a pas de chrétiens de première, deuxième ou troisième catégories. Votre participation active ne se résume pas à une concession que vous faites volontairement, mais elle est constitutive de la nature ecclésiale. Il est impossible d’imaginer le futur sans cette onction qui opère en chacun de vous et qui réclame et exige certainement de nouvelles formes de participation. J’exhorte tous les chrétiens à ne pas avoir peur d’être les protagonistes de la transformation revendiquée aujourd’hui, à impulser et à promouvoir des alternatives créatives dans la recherche quotidienne d’une Église qui veut chaque jour mettre « L’important » (7) au centre. J’invite toutes les organisations diocésaines, quelle que soit leur région, à chercher consciemment et lucidement des espaces de communion et de participation pour que l’onction du Peuple de Dieu puisse trouver des médiations concrètes pour se manifester.

Le renouvellement de la hiérarchie ecclésiale par elle-même ne génère pas la transformation à laquelle le Saint-Esprit nous pousse. Nous sommes tenus de promouvoir conjointement une transformation ecclésiale qui nous concerne tous.

Une Église prophétique et par conséquent pleine d’espérance, exigera de tous une mystique des yeux ouverts (8), interrogative et non engourdie (9). Ne vous laissez pas dépouiller de l’onction de l’Esprit.

  1. « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit » (10). C’est ainsi que Jésus répondit à Nicodème quand ce dernier l’a interpellé sur la possibilité de naître à nouveau pour pouvoir entrer dans le royaume des cieux.

En ce moment, à la lumière de ce passage, il est bon pour nous de revoir notre histoire personnelle et communautaire : le Saint-Esprit souffle où il veut et comme il veut dans le seul but de nous aider à renaître. Loin de nous enfermer dans des schémas, des modalités, des structures fixes ou obsolètes, loin de démissionner ou « de baisser sa garde » face aux événements, l’Esprit Saint est continuellement en mouvement pour élargir sans cesse les yeux étroits, pour redonner le rêve à ceux qui ont perdu espérance (11), pour faire justice dans la vérité et dans la charité, pour purifier du péché et de la corruption et pour inviter en permanence à une nécessaire conversion. Sans ce regard de foi, tout ce que nous pouvons dire et faire tomberait dans l’oreille d’un sourd. Cette certitude est essentielle pour regarder le présent, sans faux-fuyants mais avec détermination, avec courage, mais aussi avec sagesse, avec ténacité mais sans violence, avec passion mais sans fanatisme, avec de la persévérance mais sans inquiétude. Cette certitude est essentielle pour changer ainsi tout ce qui menace aujourd’hui l’intégrité et la dignité de toute personne ; car les solutions qui s’imposent doivent faire face aux problèmes sans se laisser prendre au piège ou, ce qui serait pire, sans perpétuer les mêmes mécanismes que nous voulons éliminer (12). Aujourd’hui, nous sommes mis au défi d’affronter, d’assumer et de souffrir le conflit, de pouvoir ainsi le résoudre et le transformer en un nouveau départ (13).

  1. En premier lieu, il serait injuste d’attribuer ce processus uniquement aux derniers événements vécus. L’ensemble du processus de révision et de purification que nous sommes en train de vivre est possible grâce à l’effort et à la persévérance de gens concrets qui, malgré le manque d’espoir ou de confiance, n’ont cessé inlassablement de rechercher la vérité ; je parle des victimes d’abus sexuels, de pouvoir, d’autorité et de ceux qui les ont crus et accompagnés. Des victimes dont la clameur a atteint le ciel (14). Je voudrais, encore une fois, remercier publiquement le courage et la persévérance de tous.

Ce temps est un temps pour l’écoute et le discernement afin d’atteindre les racines qui ont permis à ces atrocités de se produire et de se perpétuer, et pour enfin trouver des solutions au scandale des abus, non avec une simple stratégie de confinement et de contention – essentielle, mais insuffisante – mais avec toutes les mesures nécessaires pour prendre en charge le problème dans sa complexité.

En ce sens, je voudrais m’attarder sur le mot « écouter », car discerner veut dire apprendre à écouter ce que l’Esprit veut nous dire. Et nous ne pouvons le faire que si nous sommes capables d’écouter la réalité de ce qui se passe (15).

Je crois que c’est là l’un de nos principaux défauts et omissions : ne pas savoir écouter les victimes. Ainsi, on a tiré des conclusions partielles qui manquaient d’éléments cruciaux pour un discernement sain et clair. Avec honte je dois dire que nous n’avons pas su entendre et réagir à temps.

La visite de Mgr Scicluna et de Mgr Bertomeu est née de notre constatation qu’il y avait des situations que nous n’avions pas su voir ni entendre. En tant qu’Église, nous ne pouvions continuer à marcher en ignorant la souffrance de nos frères. Après avoir lu le rapport, j’ai voulu rencontrer certaines victimes d’abus sexuels, de pouvoir et de conscience, pour les écouter et leur demander pardon pour nos péchés et nos omissions.

  1. Dans ces réunions, j’ai constaté comment le manque de reconnaissance d’écoute de leurs histoires, ainsi que le manque de reconnaissance d’acceptation des erreurs et omissions tout au long du processus, nous avaient empêchés d’avancer. Une reconnaissance qui se veut plus qu’une expression de bonne volonté envers les victimes, elle se veut plutôt une nouvelle façon de s’arrêter devant la vie, devant les autres et devant Dieu. L’espoir dans un lendemain meilleur et la confiance en la Providence sont nés et croissent pour nous pousser à « assumer la fragilité, les limites que nous impose le péché afin de nous aider à aller de l’avant» (16). Un « plus jamais » à la culture de l’abus et au système de camouflage qui a permis à cette dernière de se perpétuer, nécessite de travailler les uns avec les autres pour créer une culture d’attention aux autres qui imprègne nos manières d’établir des relations, de prier, de penser, de vivre l’autorité, ainsi que nos coutumes, nos langues et notre relation au pouvoir et à l’argent. Nous savons aujourd’hui que le meilleur moyen de faire face à la douleur causée c’est de s’engager dans une conversion personnelle, communautaire et sociale qui nous apprend à écouter et surtout à prendre soin des plus vulnérables. Il est donc urgent de créer des espaces où la culture de l’abus et de la dissimulation ne soit pas le schéma dominant ; où une attitude critique et interrogative ne soit pas assimilée à la trahison. Cela doit nous inciter, en tant qu’Église, à rechercher humblement tous les acteurs qui façonnent la réalité sociale et à promouvoir des instances de dialogue et de confrontation constructive afin d’évoluer vers une culture d’attention et de protection.

Appréhender cette société uniquement à partir – ou avec – nos forces et nos outils, nous encerclera dans une dynamique volontariste dangereuse qui périrait à court terme (17). Nous devons aider et générer une société où la culture de la violence ne trouve pas de place pour se perpétuer. J’exhorte tous les chrétiens, en particulier les responsables des centres de formation et d’éducation tertiaires (18), des centres formels et informels d’éducation à la santé, des instituts de formation et les universités à mettre en commun leurs forces et ressources dans les diocèses et à impliquer toute la société civile, dans la promotion de manière lucide et stratégique, d’une culture d’attention et de protection. Que chacun de ces espaces promeuve une nouvelle mentalité.

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La lettre du pape François aux catholiques chiliens

  1. La culture de l’abus et de la dissimulation est incompatible avec la logique de l’Évangile puisque le salut offert par le Christ est toujours une offre, un don qui réclame et exige la liberté. Laver les pieds des disciples c’est la manière avec laquelle le Christ nous montre le visage de Dieu. Ce n’est jamais par la contrainte ou l’obligation mais par le service. Soyons clairs, tout ce qui tente de contrer la liberté et l’intégrité des gens est anti-évangélique. Par conséquent, il est également nécessaire de générer des processus de foi où l’on apprend à savoir quand il faut douter et quand il ne faut pas. « La doctrine, ou mieux, notre compréhension et expression de celle-ci, “n’est pas un système clos, privé de dynamiques capables d’engendrer des questions, des doutes, des interrogations”, et “les questions de notre peuple, ses angoisses, ses combats, ses rêves, ses luttes, ses préoccupations, possèdent une valeur herméneutique que nous ne pouvons ignorer si nous voulons prendre au sérieux le principe de l’incarnation” (…) » (19). J’invite tous les centres de formation religieuse, les facultés de théologie, les écoles, les collèges, les séminaires, les maisons de formation et de spiritualité, à promouvoir une réflexion théologique qui serait capable d’être à la hauteur des temps présents, à promouvoir une foi mature, adulte et qui assume l’« humus » vital du Peuple de Dieu avec ses idées et ses préoccupations. Je les invite à promouvoir ainsi des communautés capables de lutter contre les situations d’abus, des communautés où l’échange, la discussion et la confrontation sont les bienvenus (20). Nous serons fructueux dans la mesure où nous rendons autonomes les communautés ouvertes de l’intérieur ; nous libérons ainsi des pensées fermées et auto-référentielles pleines de promesses et de mirages qui promettent la vie mais qui favorisent finalement la culture de l’abus.

Je voudrais faire une brève référence à la pastorale populaire qui existe dans un grand nombre de vos communautés et qui est un trésor inestimable et authentique où on apprend à écouter le cœur de notre peuple et dans le même acte le cœur de Dieu. Durant mon expérience de pasteur, j’ai appris à découvrir que la pastorale populaire est l’un des rares endroits où le peuple de Dieu est souverain de l’influence du cléricalisme qui cherche toujours à contrôler et à bloquer l’onction de Dieu sur son peuple. Apprendre de la piété populaire, c’est apprendre à entrer dans un nouveau type de relation, d’écoute et de spiritualité qui demande beaucoup de respect et ne se prête pas à des lectures rapides et simplistes, car la piété populaire « reflète une soif de Dieu que seuls les pauvres et les simples peuvent connaître » (21).

Être une « Église en marche » c’est également se laisser aider et interpeler (22). N’oublions pas que « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit » (23).

  1. Comme je vous l’ai dit, lors des rencontres avec les victimes, j’ai pu constater que le manque de reconnaissance nous empêche d’avancer. C’est pourquoi je pense nécessaire de vous partager ma joie et mon espoir d’avoir pu confirmer durant le dialogue que nous avons eu, votre reconnaissance à des personnes que j’aime appeler les « saints de la porte d’à côté» (24). Ce serait injuste qu’en plus de notre douleur et notre embarras face à ces structures d’abus et de dissimulation qui se sont perpétuées et face à tant de mal qu’ils ont fait, nous ne reconnaissions pas les nombreux fidèles laïcs, consacrés et consacrées, prêtres et évêques qui donnent leur vie par amour dans les zones les plus reculées de la terre chilienne bien-aimée. Tous ceux-là sont des chrétiens qui savent pleurer avec les autres, qui cherchent la justice dans la faim et la soif, qui regardent et agissent avec miséricorde (25) ; ce sont des chrétiens qui essaient chaque jour d’éclairer leur vie à la lumière du protocole (26) avec lequel nous serons jugés : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi » (27).

Je reconnais et apprécie votre exemple courageux et constant car dans les moments de turbulence, de honte et de douleur, vous continuez d’avancer dans la joie de l’Évangile. Ce témoignage me fait beaucoup de bien à moi et me soutient dans mon propre désir de surmonter l’égoïsme et de me donner encore plus (28). Afin de réduire l’importance et la gravité du mal causé et de rechercher les racines des problèmes, nous sommes également engagés à reconnaître la force agissante et active de l’Esprit dans tant de vies. Sans ce regard, nous resterions à mi-chemin et nous pourrions entrer dans une logique qui, loin de chercher à améliorer le bien et à réparer le mal, biaiserait la réalité et nous ferait tomber dans une grave injustice.

Accepter les coups, ainsi que les limites personnelles et communautaires, loin d’être une action de plus, devient le point de départ de tout un processus authentique de conversion et de transformation. N’oublions jamais que Jésus-Christ ressuscité se présente aux siens avec ses blessures. Plus précisément, c’est grâce à ses blessures que Thomas a pu confesser la foi. Nous sommes invités à ne pas déguiser, masquer ou cacher nos plaies.

Une Église blessée est capable de comprendre et d’être émue par les blessures du monde d’aujourd’hui, de se les approprier, d’en souffrir, de les accompagner et de chercher à les guérir. Une Église avec des plaies ne se met pas au centre, ne se croit pas parfaite, ne cherche pas à couvrir et à cacher son mal, elle se remet plutôt au seul qui peut guérir les blessures et qui a pour nom Jésus-Christ (29).

Cette certitude est celle qui nous poussera à rechercher, avec le temps et l’inopportunité, l’engagement à générer une culture où chacun a le droit de respirer un air exempt de toutes sortes d’abus. Une culture sans la dissimulation qui finit par vicier toutes nos relations. Une culture qui, face au péché, génère une dynamique de repentance, de miséricorde et de pardon et qui face au crime, génère la dénonciation, le jugement et la sanction.

  1. Chers frères, j’ai commencé cette lettre en vous disant que faire appel à vous n’est pas une ressource fonctionnelle ou un geste de bonne volonté, au contraire, c’est invoquer l’onction que vous avez en tant que Peuple de Dieu. Avec vous, nous pouvons planifier les étapes nécessaires pour un renouveau et une conversion ecclésiale saine et de long terme. Avec vous, nous pouvons générer la transformation qui plus que nécessaire, devient impérative. Sans vous, rien ne peut être fait. J’exhorte tous les fidèles du saint Peuple de Dieu qui vivent au Chili à ne pas avoir peur de s’impliquer. Je les appelle à avancer, poussés par l’Esprit, à la recherche d’une Église chaque jour plus synodale, prophétique et pleine d’espoir, moins abusive parce qu’elle sait mettre Jésus au centre, en celui qui a faim, en le prisonnier, le migrant et l’abusé.

Je vous demande de ne pas cesser de prier pour moi. Je le fais également pour vous et je demande à Jésus de vous bénir et à la Sainte Vierge de prendre soin de vous.

François
Vatican, le 31 mai 2018, Fête de la Visitation de Notre-Dame

Traduction française de Kinda Elias pour La DC. Titre de La DC.

(1) Lettre du pape François aux évêques du Chili suite au rapport de Mgr Charles J. Scicluna, 8 avril 2018.

(2) Pape Benoît XVl, Deus caritas est, n. 16 ; DC 2006, n. 2352, p. 173-174.

(3) Rencontre du pape François avec les prêtres, les religieux, les consacrés et séminaristes, cathédrale de Santiago du Chili, 16 janvier 2018 ; DC 2018, n. 2530, p. 11.

(4) Pape François, exhortation apostolique Evangelii gaudium, n. 276 ; DC 2014, n. 2513, p. 77.

(5) Concile Vatican II, Lumen gentium, n. 9.

(6) Rencontre du pape François avec les jeunes, basilique nationale de Maipu, 17 janvier 2018.

(7) Jésus-Christ, (ndlr).

(8) Une attitude d’union et d’ouverture à Dieu et à l’Église, (ndlr).

(9) Pape François, exhortation apostolique Gaudete et exsultate, n. 96 ; DC 2018, n. 2531, p. 23.

(10) Jn, 3. 8.

(11) Pape François, Homélie de la sainte messe de Solennité de la Pentecôte 2018.

(12) Il est bon de reconnaître certaines organisations et certains médias qui ont abordé la question des abus de manière responsable, recherchant toujours la vérité et ne faisant pas de cette douloureuse réalité une ressource médiatique pour augmenter la note dans sa programmation.

(13) Pape François, exhortation apostolique Evangelii gaudium, n. 227 ; DC 2014 ; n. 2513, p. 65.

(14) « Le Seigneur dit : “J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances” » Ex 3, 7.

(15) « Souvenons-nous que c’était le premier mot-mandat que le peuple d’Israël reçut de Yahvé : Écoute Israël » (Dt 6, 4).

(17) Pape François, exhortation apostolique Gaudete et exsultate, nn. 47-59 ; DC 2018, n. 2531, p. 14-17.

(16) Pape François, Visite au Centre pénitentiaire pour femmes, Santiago, Chili, 6 janvier 2018 ; DC 2018, n. 2530, p. 8.

(19) Pape François, Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, n. 44 ; DC 2018, n. 2531, p. 13.

(18) Programmes d’enseignement “non universitaire”, (ndlr).

(21) Pape Paul Vl, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, n. 48 ; DC 1976, n. 1689, p. 10.

(20) Il est essentiel d’effectuer les rénovations indispensables dans les centres de formation impulsées par la récente Constitution apostolique Veritates gaudium. À titre d’exemple, je tiens à souligner que « en effet, la tâche urgente de notre temps est que tout le peuple de Dieu soit prêt à entreprendre, avec esprit « une nouvelle étape d’évangélisation. Cela nécessite « un processus déterminé de discernement, et de purification ». Dans ce processus, un renouvellement correct du système des études ecclésiastiques est appelé à jouer un rôle stratégique. En effet, celles-ci ne sont pas seulement appelées à offrir des lieux et des parcours de formation qualifiée des prêtres, des personnes consacrées et des laïcs engagés, mais elles constituent une sorte de laboratoire culturel providentiel où l’Église fait un exercice d’interprétation performative de la réalité qui jaillit de l’événement de Jésus-Christ et qui se nourrit des dons de la sagesse et de la science dont le Saint-Esprit enrichit sous des formes variées tout le Peuple de Dieu ? : du sensus fidei fidelium au magistère des pasteurs, du charisme des prophètes à celui des docteurs et des théologiens. ». Pape François, constitution apostolique Veritates gaudium, n. 3 ; DC 2018, n. 2530, p.44-45.

(23) Jn 3, 8.

(22) Cela peut se lire aussi : se remettre en question, (ndlr).

(25) Pape François, Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, n. 16.79.82 ; DC 2018, n. 2531, p. 8-9, 20, 20-21.

(24) Pape François, Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, n. 6-9 ; DC 2018, n. 2531, p. 6-7.

(27) Mt 25, 34-36.

(26) Économie du salut, (ndlr).

(29) Pape François, Rencontre avec les prêtres, les religieux, les consacrés et les séminaristes, à Santiago du Chili, 16 janvier 2018 ; DC 2018, n. 2530, p. 11-16.

(28) Pape François, Exhortation apostolique Evangelii gaudium, n. 76 ; DC 20148, n. 2513, p. 27.

[1] Rencontre du pape François avec les jeunes, basilique nationale de Maipu, 17 janvier 2018.

[2] Pape Benoît XVl, Deus caritas est, n. 16 ; DC 2006, n. 2352, p. 173-174.

[3] Rencontre du pape François avec les prêtres, les religieux, les consacrés et séminaristes, cathédrale de Santiago du Chili, 16 janvier 2018 ; DC 2018, n. 2530, p. 11.

[4] Pape François, exhortation apostolique Evangelii gaudium, n. 276 ; DC 2014, n. 2513, p. 77.

[5] Concile Vatican II, Lumen gentium, n. 9.

[6] Rencontre du pape François avec les jeunes, basilique nationale de Maipu, 17 janvier 2018.

[7] Jésus-Christ, (ndlr).

[8] Une attitude d’union et d’ouverture à Dieu et à l’Église, (ndlr).

[9] Pape François, exhortation apostolique Gaudete et exsultate, n. 96 ; DC 2018, n. 2531, p. 23.

[10] Jn, 3. 8.

[11] Pape François, Homélie de la sainte messe de Solennité de la Pentecôte 2018.

[12] Il est bon de reconnaître certaines organisations et certains médias qui ont abordé la question des abus de manière responsable, recherchant toujours la vérité et ne faisant pas de cette douloureuse réalité une ressource médiatique pour augmenter la note dans sa programmation.

[13] Pape François, exhortation apostolique Evangelii gaudium, n. 227 ; DC 2014 ; n. 2513, p. 65.

[14] Pape François, Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, n. 44 ; DC 2018, n. 2531, p. 13.

[15] Il est essentiel d’effectuer les rénovations indispensables dans les centres de formation impulsées par la récente Constitution apostolique Veritates gaudium. À titre d’exemple, je tiens à souligner que « en effet, la tâche urgente de notre temps est que tout le peuple de Dieu soit prêt à entreprendre, avec esprit « une nouvelle étape d’évangélisation. Cela nécessite « un processus déterminé de discernement, et de purification ». Dans ce processus, un renouvellement correct du système des études ecclésiastiques est appelé à jouer un rôle stratégique. En effet, celles-ci ne sont pas seulement appelées à offrir des lieux et des parcours de formation qualifiée des prêtres, des personnes consacrées et des laïcs engagés, mais elles constituent une sorte de laboratoire culturel providentiel où l’Église fait un exercice d’interprétation performative de la réalité qui jaillit de l’événement de Jésus-Christ et qui se nourrit des dons de la sagesse et de la science dont le Saint-Esprit enrichit sous des formes variées tout le Peuple de Dieu ? : du sensus fidei fidelium au magistère des pasteurs, du charisme des prophètes à celui des docteurs et des théologiens. ». Pape François, constitution apostolique Veritates gaudium, n. 3 ; DC 2018, n. 2530, p.44-45.

[16] Pape Paul Vl, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, n. 48 ; DC 1976, n. 1689, p. 10.

[17] Cela peut se lire aussi : se remettre en question, (ndlr).

[18] Jn 3, 8.

[19] Pape François, Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, n. 6-9 ; DC 2018, n. 2531, p. 6-7.

[20] Pape François, Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, n. 16.79.82 ; DC 2018, n. 2531, p. 8-9, 20, 20-21.

[21] Économie du salut, (ndlr).

[22] Mt 25, 34-36.