Travail et pain : les meules et moulins. Pour réfléchir à notre pain quotidien et à notre travail. 2012

D’où vient que de nos jours, la machine ne nous aide pas à jouir du repos qu’elle nous permet ? Est-ce une course en avant sans fin ? Où est le différentiel entre le coût réel et le coût final ?

Pour faire la farine à partir des céréales, après avoir moulu les céréales individuellement à la main,  puis à deux personnes l’une en face de l’autre, puis à plusieurs  ou avec des animaux  et de très grosses meules, travail si pénible qu’on y mettait les condamnés  à perpétuité, le premier  texte où les moulins à eau sont mentionnés est écrit par Strabon (– 58 av. J.-C. — 21 à 24 ap. J.-C. ) et concerne le palais de Mithridate ( 132-63 av. J.-C.).

Lucrèce (98-55 environ avant J.-C.) qui écrivait justement à l’époque de Mithridate, ne mentionne pas de moulins à proprement parler, mais  évoque déjà des  roues que l’eau faisait agir et  d’augets (haustra)  établis à l’extrémité de leurs rayons et peut-être était-ce déjà un moulin à proprement parler :

Ut fluvios versare rotas atque haustra videmus

(Lucrèce, l. V , v. 517)

Antipater de Thessalonique écrit au 1° siècle de notre ère au sujet de ce qui lui semble une  invention encore récente et non répandue partout : celle des Moulins à eau :

« Femmes  occupées à moudre le blé, cessez de fatiguer vos bras, vous pouvez dormir à votre aise et laisser chanter les oiseaux dont le gazouillement annonce  le retour de l’aurore. Cérès ordonne aux Naïades de faire ce que faisaient vos mains. Elles  obéissent, s’élancent  jusqu’au haut d’une roue et  font tourner un essieu : l’essieu, par le moyen des roues qui l’entourent,  fait tourner avec force les meules pesantes et creuses qu’il entraîne. Nous voilà revenus  à la vie heureuse et tranquille de nos premiers pères. Nous apprenons à recueillir, tout préparé et sans peine, le fruit des travaux de  Cérès. »

Les moulins à vent sont beaucoup plus tardifs et semblent arriver des pays d’Europe du Nord ou de l’Est ( Bohème, VII° siècle)…

Et … Meunier, tu dors, ton moulin , ton moulin va trop vite … trop fort … ton travail est perdu…

Marguerite Champeaux-Rousselot