2017-03-17 Le FMI prescrit désormais également un allègement de la dette de la Grèce

Le Dr FMI au chevet de la Grèce : il faut désormais un allègement de la dette

Homme émacié, copie du 1er siècle d’après notre ère, d’un bronze du 2ème siècle avant notre ère, 11,5 cm de haut, Dumbarton Oaks, Washington

En 2010, il y  a six ans déjà, on indiquait à la Grèce la manière de se tirer de sa dette… sans qu’elle espère obtenir un allègement quelconque de dettes privées, et le FMI en était d’accord. Il s’agissait entre autres choses de restructurer les dettes détenues par le secteur privé en la faisant racheter par certaines de ses institutions publiques.

La Grèce y est parvenue en vendant des biens précieux et en continuant, de fait, à s’endetter. La mise en place de l’austérité nécessaire à ces restructurations y a engendré une profonde récession. On a abouti ainsi en fait à l’inverse du résultat souhaité, c’est-à-dire à l’augmentation du ratio de la dette grecque : à la fin de l’année 2015, il atteignait 176% du PIB, (340 milliards de dollars). Et, si les perspectives de durabilité de la dette grecque se sont détériorées, c’est précisément parce que les autorités de la zone euro ont déjà refusé plusieurs annulations significatives de sa dette. Devant cette situation, la Zone euro persiste dans son analyse et demande désormais à la Grèce de changer son déficit primaire 2015 de 1% du PIB en un excédent de 3,5%, et de s’y maintenir durablement, et ceci parallèlement au remboursement des prêts et des intérêts…

Le FMI a pour la première fois réagi négativement à ce type de proposition en déclarant, comme d’autres l’avaient déjà fait, que c’était impossible : si l’on continue, les jeunes travailleurs et les entreprises vont partir emportant avec eux le travail, le dynamisme et la reprise éventuelle, et la Grèce à genoux va mourir.

Selon le FMI, aujourd’hui la Grèce est au bord de l’asphyxie : son état fragile nécessiterait encore quelques réformes salutaires mais elle ne pourrait plus supporter aucune mesure supplémentaire aboutissant à plus d’austérité, à moins que parallèlement les créanciers publics européens de la Grèce lui redonnent de l’oxygène en effaçant une partie non négligeable de sa dette.

Le FMI préconise donc un objectif d’excédent plus réaliste, à savoir 1,5% du PIB, tout en précisant qu’un tel objectif ne peut (plus) s’atteindre qu’en le combinant avec une importante annulation de dettes par les autorités de la zone euro : « Quelles sont les conséquences pour l’allégement de la dette? La dette de la Grèce est hautement insoutenable et aucune réforme structurelle ne parviendra à lui rendre sa viabilité sans un allégement considérable. De même, aucun allégement de dette ne permettra à la Grèce de renouer avec une croissance robuste sans la mise en œuvre de réformes. »

http://www.imf.org/external/french/np/blog/2016/121216f.htm

The IMF is Not Asking Greece for More Austerity

Posted on December 12, 2016 by iMFdirect

Si le FMI est désormais conscient qu’il s’est trompé d’outil, les dirigeants européens s’opposent au FMI pour le moment, et continuent néanmoins officiellement, à nouveau, et comme précédemment, d’exclure une telle possibilité, étant seulement disposés à envisager à une date ultérieure une extension des échéances et une réduction des taux d’intérêt.

En fait, qui pourrait ainsi continuer à pressurer un pays en lui  maintenant une dette reconnue comme impossible à rembourser  ? quel groupe humain, tel un boa constrictor, va s’entêter à étrangler un pays dont les efforts sont reconnus ? quel parasite une fois
installé sur sa victime va s’en nourrir jusqu’à la faire mourir comme le gui sur le pommier ? quels « économistes » peuvent indiquer  qu’une dette ne revient pas cher à un pays si elle perdure infiniment, même s’il est obligé de contracter de nouveaux emprunts  en réglant des intérêts au total plus importants encore ( «  Vous les paierez plus tard, toujours plus tard, cher emprunteur , n’ayez pas peur ! » ) ? Non, aucun économiste ne l’indiquera comme une solution, vraie, réelle, juste, mais leur silence le laisse croire et laisse les banques faire. Et à qui profite le crime ?  A ceux qui profitent des intérêts des créances … Mais nous avons déjà évoqué sur ce site les liens entre banques privées, publiques et Etats.

Le FMI déclare lui, désormais, haut et fort que plus d’austérité pour rembourser plus n’est pas une solution viable… Les remèdes essayés, tentés, expérimentés, sur le premier malade, qui n’a vraiment pas eu de chance ! ont montré leur inefficacité et même leur nocivité : le malade mal soigné est maintenant en danger de mort. Il faut donc, (même si certains hommes politiques et financiers sont responsables et condamnables), il faut que les dirigeants de la zone euro acceptent d’annuler une part importante de la dette grecque, et ceci le plus tôt possible pour que la Grèce se relève plus vite : toute l’Europe s’en portera mieux.

( voir les articles précédents sur ce thème : les annulations de dettes dans d’autre pays,  leurs conséquences positives forte pour le pays concerné et ses voisins ; la taille modeste de cette dette  par rapport à d’autres dettes ou à celles d’autres pays).

Les erreurs peuvent permettre d’avancer si on en tire des leçons.

Aujourd’hui, le total des dettes publiques et privées à travers le monde atteint 215% du PIB global et ne cesse d’augmenter. Certains pays sont des colosses aux pieds d’argile.

L’égoïsme et l’orgueil de quelques uns mettent en danger le monde entier.  L’inconscience, l’ignorance, les idéologies et les préjugés d’autres font empirer certaines situations.

Les erreurs reconnues par contre sont porteuses d’espoir.

                                                                                       Marguerite Champeaux-Rousselot

 

 

 

La citation du FMI en anglais, grec et allemand :

http://www.imf.org/external/french/np/blog/2016/121216f.htm

« Greece’s debt is highly unsustainable and no amount of structural reforms will make it sustainable again without significant debt relief. Similarly, no amount of debt relief will allow Greece to return to robust growth without reforms. »

« Το χρέος της Ελλάδας είναι κατά πολύ μη βιώσιμο, και όσες διαρθρωτικές μεταρρυθμίσεις και να γίνουν, το χρέος δεν θα ξαναγίνει βιώσιμο χωρίς σημαντική ελάφρυνση του χρέους. Παρόμοια, καμία ποσότητα ελάφρυνσης του χρέους δεν θα επιτρέψει την Ελλάδα να επιστρέψει σε δυνατή ανάκαμψη χωρίς μεταρρυθμίσεις. »

« Griechenlands Verschuldung ist in hohem Maße untragbar, und ohne Schuldenerleichterung werden selbst noch so umfangreiche Strukturreformen nicht in der Lage sein, die Verschuldung wieder auf ein tragfähiges Niveau zurückzuführen. Desgleichen wird selbst der größte Schuldenerlass kein robustes Wachstum ermöglichen, wenn er nicht mit Reformen einhergeht. »