Pour Saint-Merry, dix ans après son premier tableau de crucifixion, Maxim Kantor a peint pour la première fois une Résurrection, mais sans reprendre l’iconographie traditionnelle. Il peint un homme, seul, décharné comme après un temps de souffrance, nu, avec un simple périzonium. Ses mains, sur les rames, sont proches du corps, évoquant les descentes de croix. Contrairement aux personnages de bon nombre d’autres tableaux de Maxim Kantor, l’homme ne regarde pas le visiteur, il est ailleurs. L’homme passe d’une rive à l’autre, comme dans le mythe ancien du Styx. La mer et le ciel se confondent. La barque a les contours d’une mandorle, le cadre traditionnel de la représentation du Christ en gloire. Résurrection est l’expression d’une expérience personnelle de l’artiste, le passage, ou étymologiquement la Pâque. Il a en effet quitté définitivement son pays d’origine, la Russie.
La symbolique utilisée par Maxim Kantor est multiple mais le corps occupe une place centrale, la mandorle-barque étant une traduction du qualificatif glorieux utilisé en théologie. Le caractère très concret du tableau renvoie à la fois au vécu intime et récent de l’artiste ainsi qu’aux récits des apparitions dans les Textes qui insistent sur la corporéité du Ressuscité.

