Une cape contre le chaos ?

Par Filjak.

Elle est auteure de polars nuageux, ancienne chercheuse au CNRS, spécialiste de la peste au Moyen Âge. Elle s’appelle Frédérique Audoin-Rouzeau, plus connue sous le nom de plume de Fred Vargas. En 2008, elle était l’invitée de Jean-Noël Jeanneney dans Concordance des temps. L’émission, que France Culture vient de rediffuser, est passionnante sur l’histoire de la maladie contagieuse par excellence, et permet de remettre en perspective historique la pandémie actuelle de Covid-19, la maladie causée par le coronavirus.

En 2008, la peur était celle d’un passage du virus de la grippe aviaire à l’être humain, pour une redite de la grippe espagnole de 1918. Contamination par les postillons, par les mains souillées portées à la bouche ou au nez, engorgement des services de santé, hécatombe: le coronavirus n’est pas le H5-N1, mais sur les conséquences, mondiales, on y est. Ne manque que le chaos, celui qu’on a observé lors des épidémies de peste, quand la mort omniprésente et le rejet de la culpabilité poussaient les survivants à jouir à tout prix avant qu’il ne soit trop tard. À emmurer vivants les malades aussi, jusqu’à ce que la fatalité s’occupe de leur régler leur sort. À trouver des boucs émissaires. C’est cette dissolution régression de l’humanité et du lien social que Fred Vargas redoutait, exhortant les pouvoirs publics à s’y préparer.

L’écrivaine-chercheuse avait, pour combattre cela en permettant à tous, et sans de gros moyens, la poursuite d’une activité à peu près normale, imaginé une cape antivirus en plastique transparent, facile à fabriquer, et qui ressemblerait un peu à une combinaison d’apiculteur. Plus protectrice que les masques, et réutilisable, elle. Fred Vargas s’était inspirée de la tenue des médecins de l’époque, et du fait, aussi, que les cavaliers qui s’enveloppaient de la couverture de leur cheval étaient épargnés, la puce du rat, vectrice du bacille fatal, n’aimant pas les équidés.

Ce projet de cape avait fait l’objet de quelques articles à l’époque (Libération, Revue médicale suisse), ainsi que de tests très officiels. Manifestement, sans lendemain.

L’efficacité de cette protection reposait sur la durée de survie limitée du virus de la grippe hors de tout hôte : quatre heures. Il semble hélas que la durée de survie du Covid-19 soit bien plus longue. Mais l’idée de Frédérique Audoin-Rouzeau ne vaut-elle pas le coup d’être réexaminée? Le 10 mars – il y a une éternité –, Naomi Campbell-la-germophobe faisait ricaner avec sa tenue anti-coronavirus. Aujourd’hui, c’est un cinquième un tiers (mis à jour après une semaine qui a vu s’accélérer la mondialisation confinaire) de la planète qui est sous cloche, chacun chez soi.

MÀJ post-confinement. Les masques sont certes moins protecteurs, sans doute, qu’une combinaison, mais c’est tout ce qu’on a pour pouvoir évoluer dans l’espace public sans contaminer les autres. Ils sont enfin disponibles à la vente, et même si ce n’est pas le cas, on peut s’en fabriquer soi-même, sans même savoir coudre ! Alors, pour éviter une seconde vague, et l’instauration de mesures drastiquesà vos masques !
Filjak.

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