Excédents excédentaires en Allemagne en 2012 : gestion de la crise en Europe et en Grèce (2012)

On n’en croit pas ses yeux !

L’Allemagne pensait, au début de l’année avoir un excédent de 19,5 milliards d’euros  dans ses caisses d’assurance-maladie. C’était une de ses plus belles performances, et la garantie de la pérennité de son système social. En réalité, à mi-année, on peut s’attendre à ce que cet excédent se monte en fin d’année à 27 milliards d’euros !

C’est le résultat de mesures,  comme le forfait trimestriel de 10 euros que tous doivent  régler avant d’être remboursés  ou de sévères encadrements des rémunérations médicales  ou des demandes des patients…

Les caisses d’assurance maladie allemandes qui ont beaucoup plus d’autonomie que les caisses françaises, ont aussi beaucoup plus de responsabilité et ne veulent pas relâcher la pression en pensant aux risques futurs  ( vieillissement de la population, crise et chômage entraînant des baisses de cotisation  ).

Nous avons ici sous les yeux l’exemple d’une  gestion intelligente et prévoyante : sans changer, avec une partie seulement de ces  fonds,  l’Allemagne pourrait peut-être aider un peu plus des patients défavorisés,  et, ce qui sera rentable plus tard, permettre la prévention, les investissements de recherche pour garder l’autonomie ( scientifique et économique ) en produits médicaux et en gestes techniques, la rémunération et la répartition intelligentes des professions de santé pour  ne pas se trouver avec des effectifs trop faibles dans le temps et l’espace… Elle commencerait à recueillir les fruits de son « épargne », tout en continuant à  assurer ses lendemains.

On comprend, vu de France,  que l’Allemagne ne souhaite pas changer de système : c’est sans doute un exemple dont pourraient s’inspirer ceux qui souhaitent maintenir le principal d’un système de protection sociale à la française,  un système de protection sociale dont certes nous avons été fiers en France, mais qui n’a été si enviable que parce qu’il réussissait en même temps  à cacher qu’il était fondé sur des dettes, le fameux trou de la Sécu qui continue  à augmenter en France. Il est facile de montrer de belles réalisations si on considère que la facture sera payée par les suivants ou les autres… Mais dans les concours de cuisine, les concurrents ont les mêmes ingrédients pour réussir leur  plat. La règle du jeu est de faire avec ce qu’on a, et dans ces conditions, l’Allemagne recevrait le premier prix, bien d’autres cuisiniers, dont la France,  étant disqualifiés  pour avoir triché. La fourmi Allemagne  peut faire aussi la fête car sa protection sociale est quand même d’une bonne qualité, et tient le choc face à la crise…

On comprend que l’Allemagne, fourmi,  a de très bonnes raisons de s’inquiéter de devoir partager ces « trésors » ( car il en est de même dans les autres secteurs ) avec les cigales… Les cigales encore vaillantes doivent faire amende honorable, et modifier leur mode de vie ; quant à celles qui sont malades et proches de mourir, c’est évidemment la solidarité européenne compréhensive qui doit jouer, avec  un programme à très long terme, de réanimation en urgence d’abord,  puis de  convalescence avec tutorat et encadrement, et enfin de projet à long terme de reconstruction et d’insertion : dans l’honneur : pas de dons, mais des prêts  à un taux facilitant sa croissance et sa renaissance et sans que le prêteur s’engraisse sur le dos de l’emprunteur.

On n’en croit pas ses yeux devant ces excédents excédentaires allemands,  mais il faut que nos yeux  soient dessillés par ces chiffres : courage ! Impossible n’est pas français, dit-on : ni de droite, ni de gauche,  l’Economie va son chemin et suit les lois du bon sens, les lois de la nature.  Si les économies en sortent, elles vont de travers.

Marguerite Champeaux-Rousselot

2012-06-20