Que nous est-il parvenu de la littérature antique classique ? Même si nous prenons conscience que c’est une infime partie de cette littérature qui a échappé aux flammes des guerres et aux accidents de ses supports, il faut encore se demander si c’est un échantillonnage fidèlement représentatif.
Avons-nous, par exemple, le droit de parler de « la » littérature grecque comme si nous la connaissions entièrement, du fait de ce corpus qui tient sur le fameux TLG ?
Se poser cette question, c’est aussi devoir s’interroger précisément sur qui les a transmis, qui a choisi ce qui était à transmettre, etc.
C’est aussi réfléchir ce qui nous forme, voire nous formate…
Et, en ce qui me concerne, réfléchir sur ce que j’aurais moi-même choisi si j’avais à transmettre en l’écrivant manuellement, de notre littérature existante d’aujourd’hui.
Et ma réponse serait encore différente si, comme dans l’Antiquité, je devais la mettre en concurrence avec tout ce qui est écrit : médecine, science, philosophie, histoire, spiritualité… C’est alors qu’on pourrait comprendre un peu mieux les choix faits pendant l’Antiquité, il me semble : ces choix manifestent, au-delà des belles théories, la conception que nous avons, tout au fond de nous de très concrètement, de l’homme et de la vie humaine ; tout au fond de nous, très concrètement, au delà des modes, des théories, des beaux discours ou des snobismes.
La question : quel livre emporteriez-vous sur une île déserte ? n’est pas tout à fait la même que celle qui vise à constituer un canon de textes.
Y songeons-nous actuellement d’ailleurs à une époque où tout est conservé et mémorisé (pas par les hommes) ? où le tri est repoussé aux calendes grecques, le non-choix étant de précaution, et le volume total de ces écrits représentant un canon autrement dangereux auquel nul cerveau humain ne pourra faire face par la suite.
Cette conférence devrait fournir par ses exemples un aliment très nutritif pour nos réflexions.
Marguerite Champeaux-Rousselot
La conférence donnée par Luciano CANFORA (Université de Bari)
« La formation des canons : transmission et perte des littératures classiques »
aura lieu le Lundi 27 mai 2013, de 16h à 18h, salle Nicolas-Claude Fabri de Peiresc
INHA, 2 rue Vivienne, 75002 Paris
dans le cadre du Séminaire commun du centre ANHIMA
Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques, UMR 8210
Thème bi-annuel 2012/2014 : TRANSMETTRE. Définitions et pratiques de la transmission dans les cultures de la Méditerranée antique
(Responsables : François CHAUSSON, Madalina DANA, Cecilia D’ERCOLE)