Réponse au cardinal Müller sur ses critiques au sujet du synode sur l’Amazonie

Le cardinal Gerhard Müller a publié une longue critique argumentée contre l’Instrumentum Laboris qui prépare le Synode de l’Amazonie.
Nous ne sommes pas d’accord sur nombre de ses arguments et sur sa présentation et nous tentons ici de lui répondre en commençant éventuellement un dialogue s’il le souhaite.

Méthode suivie pour cette réponse :
Nous suivrons exactement son texte et son plan dont nous avons repris les numéros et quelques mots du titre.
Son texte est consultable en allemand, mais nous avons travaillé sur sa traduction disponible ici https://www.diakonos.be/le-cardinal-muller-critique-le-synode-sur-lamazonie/. Pour ce qui est de la traduction, voir le blog de Jeanne Smits © leblogdejeannesmits .
Le texte intégral figure à la fin de ce document.
Nous laisserons volontairement de côté tous les sujets qui n’ont pas abordés, pour ne concentrer uniquement sur ce qu’il a écrit.

Nous invitons chacun à réfléchir personnellement sur ces sujets si importants et si nouveaux qui nous obligent à repenser beaucoup de nos opinions.
Et qui d’autre peut nous éclairer que celui vers qui les chrétiens se tournent tous ?
Celui vers qui peuvent se tourner, qu’ils soient Amazonie ou d’Europe, d’un pays jeune ou vieux, qu’il soit riches ou pauvres, savants de sciences ou de bon sens, et même chrétiens ou non…

1. Sur la méthode de l’“Instrumentum Laboris” (IL)

Selon le cardinal Müller, il s’agit de promouvoir « un développement « intégral » de tous les hommes dans notre unique maison de la Terre, dont l’Eglise se déclare responsable » : ajoutons que cette responsabilité ne relève pas d’elle seule et que c’est à juste titre qu’elle se sent concernée puisqu’elle est composée d’Hommes et s’adresse à tous.
Selon le cardinal Müller, l’ IL est rédigée en trois parties qui « sont construites selon le schéma qu’utilise aussi la Théologie de la Libération : Voir la situation – juger à la lumière des évangiles – agir en vue de l’établissement de meilleures conditions de vie. » : c’est, selon nous, à juste titre puisque c’est l’exemple même que l’Evangile nous présente en racontant comment Jésus faisait : il voyait une situation, la jugeait selon la loi de Dieu ( la Bonne nouvelle qui sortait des interdits et des rites mal compris ou faits pour la dureté de cœur ) et rétablissait lui-même de meilleurs conditions de vie ou les faisait rétablir à chacun, à tous, car tous nous sommes responsables du plus petit, d la brebis perdue, du fils prodigue, du vigneron de la dernière heure, et tantôt nous sommes ce dernier … Ce processus est d’ailleurs celui qui sera le critère ( selon l’Evangile ) le jour de notre mort.

2. Définition des termes et des objectifs ?

Mgr Müller commence par regretter les longueurs des textes mais demande qu’on clarifie les termes clés en trouvant qu’ils sont utilisés à l’excès ( sans être clarifiés ?). Il demande ce qu’est « un chemin synodal », « le développement intégral », « une Eglise samaritaine », « missionnaire », « synodale et ouverte », ou « tendant la main », « l’Eglise des pauvres », « l’Eglise de l’Amazone ». Nous pensons que tous ces termes sont clairs et qu’ils ont été longuement expliqués lors de débats précédents sur lesquels le cardinal n’était pas d’accord. Il semble préférer dire que ce n’est toujours pas clair pour lui au lieu de dire qu’il ne les accepte toujours pas. Il pose des questions qui n’ont pas lieu d’être : « Cette Eglise est-elle différente du Peuple de Dieu ou doit-elle être comprise simplement comme la hiérarchie du Pape et des évêques, ou en fait-elle partie, ou se trouve-t-elle du côté opposé, celui du peuple ? Le Peuple de Dieu est-il un terme sociologique ou théologique ? » Il est évident, au contraire pour ceux qui sont en accord avec le Pape et l’Evangile, que l’Assemblée des fidèles,- c’est le sens d’Ekklèsia – , ne peut pas être comprise comme constituée par les membres de sa hiérarchie, ni de l’entourage du pape, ni de certains évêques et pas d’autres etc. ! Ne peut pas, et ne doit pas. Il est donc évident également que cette Ekklèsia ( qui est constituée de fait par tous les fidèles qui le souhaitent, hiérarchie comprise par conséquent ) ne peut pas et ne doit pas être du côté que le cardinal ose bien présenter comme « opposé » (quel lapsus significatif fait ici ce cardinal membre de la hiérachie catholique ) à quoi que ce soit dans l’Eglise précisément.. ; encore moins « opposé au peuple » ! Poser la question pourrait relever de la tentative de diviser un royaume contre lui-même d’ailleurs… Quant à la question de savoir si « le Peuple de Dieu est (…) un terme sociologique ou théologique », elle n’a de sens que pour ceux qui font des exclusions dans le peuple immense constitué par les enfants de Dieu. Le Nouveau testament nous donne l’exemple, lui qui aboutit finalement, en suivant l’Evangile, à ne faire supporter aucune exclusion à aucun des enfants de Dieu sur notre Terre, sauf s’ils veulent s’exclure eux-mêmes…
Le cardinal continue en posant la question : « N’est-ce pas plutôt la communauté des fidèles qui, avec leurs bergers, sont en pèlerinage vers la vie éternelle ? » Oui, il a raison sur ce point. Et il ajoute en séparant implicitement deux groupes d’évêques : « Est-ce aux évêques d’entendre le cri du peuple, ou est-ce Dieu qui, comme Il l’a fait avec Moïse pendant la captivité d’Israël en Egypte, dit aujourd’hui aux successeurs des Apôtres de conduire les fidèles hors du péché et en dehors de l’impiété du naturalisme séculariste et de l’immanence à son salut dans la Parole de Dieu et dans les Sacrements de l’Eglise ? » Selon lui, les premiers évêques écouteraient seulement le cri du peuple, tandis que d’autres écouteraient Dieu directement … Est-il donc sûr que les premiers n’ont pas appris de Jésus que la parole de Dieu s’adresse à chacun à travers tout prochain ( même inconscient, même non-croyant ),à travers toute situation, dans tout peuple, si son cœur n’est pas endurci et, quant à Moïse et à ceux qui font comme lui, le cardinal a-t-il oublié que le Dieu de Moïse s’est adressé à ce pasteur en disant : «La clameur des fils d’Israël est parvenue jusqu’à moi, et j’ai vu l’oppression que leur font subir les Égyptiens. Et maintenant, va! Je t’envoie chez Pharaon: tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël.» ( Exode 3, 12). Peuple au sens sociologique ou au sens théologique ? peu importe puisque la théologie n’est supposée construire que sur la sociologie que nous apprend le bon sociologue qu’est Dieu : Moïse a écouté Dieu qui a écouté son peuple… Je ne sais pas si Dieu a réellement donné une tâche différente aux « successeurs des Apôtres » : l’Histoire scientifique aurait d’ailleurs à redire sur ces termes pseudo-historiques et en fait d’une valeur théologique certaine ; les responsables chrétiens au départ étaient choisis, élus, sur leurs capacités… C’était le peuple des fidèles donc qui les choisissait – localement en premier – comme capables de les écouter et de répondre à leurs besoins en Dieu et sur la Terre. Le Cardinal envisage deux objectifs qui seraient fixés aux chefs de l’Eglise (et à tous les fidèles ) : Jésus, ou Dieu, ont-ils exprimé comme première priorité de « conduire les fidèles hors du péché » ? C’est loin d’être la priorité de l’Evangile : le péché n’est qu’un dégât collatéral au manque d’amour… ( un tel discours sur le péché est appuyé par le discours sur l’Enfer et le Purgatoire de chacun, discours avant tout personnel pour ne pas dire égoïste, même si l’égoïsme inclut les autres dans le même cas que soi en établissant une réciprocité d’intentions pieuses ). On peut estimer néanmoins que, en aimant les autres et Dieu, Jésus et son Père nous apprennent bien, même implicitement, à rejeter en fait le péché. Cependant le cardinal ajoute en passant une seconde priorité : sortir les fidèles de « de l’impiété du naturalisme séculariste et de l’immanence à son salut dans la Parole de Dieu et dans les Sacrements de l’Eglise ? » En voici des termes à expliquer !! Sans doute veut-il parler du fait de considérer la Nature comme un bien matériel pour l’homme et non comme une divinité ou comme une construction entièrement divine ? Et il ajoute les moyens : à son salut dans la Parole de Dieu et dans les Sacrements de l’Eglise ? « La Parole de Dieu », soit, et à condition que Dieu ne soit pas enfermé dans les mots et les frontières d’une langue, d’une civilisation, d’un langage, d’une époque, car Dieu qui est au cœur de tout Homme est également au-delà de tout Homme. Cela doit-il, comme le laisse entendre le cardinal, passer par « les sacrements de l’Eglise » ? pourquoi pas si on le souhaite, mais encore faut-il savoir qu’ils sont récents, et ne figurent pas dans l’état où ils sont dans l’Evangile : ce sont des constructions théologiques intéressantes pour certains, mais inutiles pour d’autres.

3. L’herméneutique

Le cardinal pose la question : « L’Eglise du Christ a-t-elle été placée par son Fondateur comme une sorte de matière première entre les mains des évêques et des papes, dont ils peuvent aujourd’hui – éclairés par le Saint Esprit – assurer la reconstruction pour en faire un instrument actualisé, avec des objectifs séculiers ? »
Sa réponse oublie de faire état de ce que l’Eglise elle-même appelle la Tradition : celle-ci évolue naturellement puisque le Magistère – uni au sens de la foi de l’ensemble du peuple de Dieu – est en droit précisément « de faire des interprétations authentiques et infaillibles » qui sont des principes constitutifs de la connaissance pour la Profession de Foi catholique et sa réflexion théologico-académique, et deviendront à leur tour des vérités académiques, selon le mot du cardinal. Mais en faut-il pour vivre l’Evangile ? Jésus ne nous les aurait-il pas données, ces vérités ? Le Magistère s’active donc de manière interprétative et régulatrice (Dei Verbum 8-10 ; 24), et c’est normal … puisque l’Evangile nous guide suffisamment, de la volonté même de Jésus.
IL faut laisser de côté toutes les affirmations du cardinal qui ne sont pas des citations du texte. Il critique le fait que le texte cite le pape actuel, Jean-Paul II et Benoît XVI, peu les Ecritures sont peu citées, et « les Pères de l’Eglise presque pas du tout » ; il prétend que les auteurs d’IL appellent « – d’une manière assez brouillonne – « son mantra » (IL 25) : ce terme ne se trouve nulle part dans leur texte. Il appelle « flagornerie » le fait que les auteurs citent le Pape, et pense que le pape se trompe en disant « la grâce suppose la culture » alors que certains ont déjà déclaré que c’est la grâce qui présuppose la nature » : non, il faut préciser au cardinal que nature et culture ne sont pas la même chose, et il faut redonne rune valeur très juste à la phrase de bon sens : « les sujets actifs de l’inculturation sont les peuples indigènes eux-mêmes » (IL 122).

Du fait de l’erreur théologique de perspective ( mettre en quelque sorte la théologie et le passé à la source de la pastorale vivante ) le cardinal ne peut être d’accord avec le fait que l’Amazone peut comme le dit l’IL, être « un lieu de sens pour la foi ou l’expérience de Dieu dans l’histoire. » Pour l’IL « Le territoire est un lieu théologique depuis lequel on vit la foi, c’est aussi une source singulière de révélation de Dieu. Ces espaces sont des épiphanies où se manifeste la réserve de vie et de sagesse pour la planète, une vie et une sagesse qui parlent de Dieu. » Le cardinal voudra bien noter que c’est exactement l’expérience proposée aux Hommes et racontée au fil des siècles dans toute la Bible. Que chaque Homme, que chaque situation, que chaque territoire soit cette source, ne contredit en rien les textes fondateurs que nous avons, mais au contraire sont dans leur ligne et les confirme, en manifestant leur vérité durable et profonde et universelle. Le Cardinal le rappelle lui-même : «Comme le dit Dei Verbum, « nous n’attendons plus de nouvelle révélation publique » (4)» ce qui sous-entend qu’elle peut néanmoins arriver … Dei Verbum ne peut interdire quoi que ce soit de ce genre. Si on trouvait un nouvel évangile dan une jarre quelque part, l’Eglise regardait s’il apporte quelque chose et le validerait… La critique actuelle moderne et des théologiens se servent d’ailleurs de certains textes. Par ailleurs l’inculturation ne va pas contre la révélation des Evangiles : elle peut aller contre des « détails » d’inculturation de notre Eglise : nos évêques sont-ils mariés ? travaillent-ils ? sont-ils élus ? sont ils en charge pour un certain temps ? le baptême n’a-t-il lieu que dans une rivière ? portent-ils des habits à franges ? les images sont-elles interdites ? ont-ils interdiction de manger du veau à la sauce Mornay ? etc. etc. etc.
La révélation, comme le dit le cardinal citant avec raison Dei Verrbum (7) : « Cette sainte Tradition et la Sainte Ecriture de l’un et l’autre Testament sont donc comme un miroir où l’Eglise en son cheminement terrestre contemple Dieu, dont elle reçoit tout jusqu’à ce qu’elle soit amenée à le voir face à face tel qu’il est. » « La sainte Tradition et la Sainte Ecriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu, confié à l’Eglise » (Dei Verbum 10) Dieu n’a guère de souci d’être inculturé comme ceci ou comme cela, pourvu qu’il soit au cœur de chacun, c’est là où le miroir est le plus fidèle : tout rite obligatoire fige une ride de ce miroir mouvant et le déforme au contraire en acier insensible et coupant , déformant et incapable de le refléter . etc.
Le cardinal continue en critiquant ensuite la composition de ceux qui ont préparée cette IL et le fait qu’ils sont d’accord pour se citer eux-mêmes.
Il les accuse d’accuser leurs opposants ( lui-même et d’autres ) de « doctrinalisme et de dogmatisme monolithiques », ou de « ritualisme » ou de « cléricalisme » et de se fonder sur une « pensée rigide » et sur « l’orgueil de la raison » On ne peut que cnstater que effectivement dans ce que nous venons de lire, le cardinal s’appuie effectivement sur une pensée de type dogmatique, sur des considérations qui datent d’une époque et ne se réfèrent pas à un ensemble ni à l’Histoire, donne au terme Tradition un sens étriqué et ritualiste figé ; enfin s’il ne s’appuie pas avec orgueil sur la raison humaine, il s’’appuie sur les raisonnements théologiques qui ont pour particularité de construire leurs propres raisonnements à partir de concepts qu’ils élaborent selon une évolution datable et éventuellement dépassée.
Il les accuse enfin de l’accuser d’être « incapable de dialogue » et conclut de façon presque comique : « Ce serait une perte de temps et un gaspillage d’efforts que de discuter avec de telles personnes. »
Il les accuse de ne pas avoir l’expérience de l’Amérique du Sud, et parle de la sienne : il est évident que cela ne remplace pas le vécu des personnes de là-bas. Il n’est pas question de ligne officielle : comme il a été dit, c’est le vécu de ce peuple qui compte (une idée que lui conteste : s’il faut parler de ligne officielle, c’est plutôt celle qui ne tiendrait pas compte du peuple)
Les questions qui le fâchent sur « le chemin synodal qui est mis en œuvre actuellement » ( tien, il sait donc ce que c’est en fait ? ) sont : (abolition du célibat, la présence des femmes dans le sacerdoce et dans les postes clefs du pouvoir contre le cléricalisme et le fondamentalisme, adaptation de la morale sexuelles révélées à l’idéologie du genre et à la valorisation des pratiques homosexuelles) . Il se trouve que certaines, pour ne pas dire toutes rejoignent celles du peuple Amazonien et de bien d’autres… ( et ne viennent pour beaucoup que d’un éloignement progressif des positions de l’évangile lui-même .. ) .
Heureusement son dernier paragraphe est en accord avec le fond de l’IL : « Tout catholique sera d’accord avec une intention importante de l’IL, à savoir que les peuples de l’Amazonie ne doivent pas demeurer l’objet du colonialisme et du néocolonialisme, l’objet de forces qui ne pensent qu’au profit et au pouvoir, au prix du bonheur et de la dignité d’autrui. Il est clair qu’aussi bien dans l’Eglise, la société et l’Etat où vivent ces personnes – en particulier nos frères et sœurs catholiques – sont des agents égaux et libres dans leur vie et leur travail, leur foi et leur morale – dans notre responsabilité commune devant Dieu. Mais comment y parvenir ? »

4. Le point de départ

Le cardinal commence par déclarer qu’il ne fat pas opposer « une approche dogmatique « d’en haut » à « une approche pédagogique et pastorale « d’en bas ».
Effectivement car qui aurait promu comme prioritaire une approche dogmatique d’en haut ? Qui aurait le droit de « rejeter « le principe divino-humain du soin pastoral » (Franz Xavier Arnold) ? Personne sans doute !
Que l’Homme réfléchisse, avec l’aide de sa raison, sur le sens de la vie entre la naissance et la mort, que sa vie soit ébranlée par les crises existentielles de l’existence humaine, partout et à toutes les époques, lui permet de se tourner vers Dieu, chaque fois d’une façon personnelle .
Cela peut certes ressembler à ce que le Cardinal appelle une « cosmovision avec ses mythes », mais un incroyant n’appellerait-il pas ainsi la Genèse !? Le problème de l’Amazonie est-il donc à circonscrire dans un esprit étroit et incapable de voir qu’il est lié à tous ? Quel est l’homme irrationnel et égoïste qui voyant les efforts demandés à tous les enfants de la Terre par l’écologie et l’économie sur la planète, tenterait de les réduire et de les discréditer en les appelant un ensemble de rites relevant de la « la magie rituelle de Mère « Nature », comme si cela n’avait pas d’impact réel ? Quel autre homme décalé et incapable d’objectivité et de respect observerait une prière ou des honneurs rendus à des personnes reconnues localement comme des modèles ou à des ancêtres morts ( cela ne ressemble-t-il pas à nos saints ? ) et tenterait de les rendre repoussants et d’en effrayer les autres en les appelant, dans un langage anti-ethnologique et méprisant, « des sacrifices aux « dieux » et aux esprits » pour présenter ces personnes comme des primitifs moins intelligents ?
Oui, il essaie d’effrayer « profondément » et en outre affirme que les Indiens d’Amazonie « nous attirent par de fausses promesses» . On ne voit pas trop cependant les citations à l’appui de cela ! Certes, les chrétiens ont toutes les tentations .. même sans que des Indiens chrétiens pervertis aillent sur demande du cardinal nous pervertir pour éviter que d’autre indiens puissent réussir à suivre le processus montré par Jésus qui a parlé araméen, s’habillait comme tout le monde et trouvait Dieu dans le cœur de tous, même de celui où les autres ne voyaient qu’un occupant, qu’un hérétique, ou qu’un exclu ou un condamné au nom de la loi mosaïque revue par les légistes… L’esprit de Dieu est précisément dans cette ouverture dynamique à tous les possibles – même encore inconnus- qui chemineront vers lui.
Le cardinal fait ensuite une ligne avec laquelle on peut être d’accord : nul ne peut accepter du « du christianisme que les restes confortables de valeurs morales et de rituels civils-religieux. » Il accuse de cela « une vision du monde scientifico-positiviste propre à une bourgeoisie libérale » : ne serait-il pas plus juste de dire tout simplement le matérialisme qu’il soit de droite ou de gauche ?c’est à dire l’égoïsme en fin de compte ? l’orgueil ? le principe de plaisir ?
Le cardinal fait mine de se demander si la philosophie et la théologie ne seront pas remplacées par « la cosmovision amazonienne et la sagesse des ancêtres avec leurs mythes et rituels », et qu’on adorera peut-être le cosmos « comme Dieu » … Comment peut-il dire cela alors qu’il s’agit précisément de reprendre la main sur lui, don abîmé du Créateur dont on découvre l’Homme responsable à sa mesure ?
Reconnaître la beauté du don de Dieu et sa responsabilité, voire de sa faute, tel est le but d’IL. Faire la volonté de Dieu sur la terre, voici ce qui nous est demandé à tous pour le bonheur de tous. Ce ne sont pas ceux qui me disent Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le Royaume de mon Père mais seulement ceux qui font la volonté de mon Père etc. ( Matthieu 7, 21-23)

5. l’Incarnation du Verbe et l’Inculturation elle-même : le chemin d’évangélisation

La réponse st théologique, dit le cardinal :  Il ne se fonde donc sur aucune parole de l’Evangile à proprement parler, car l’évangile en fait pas de distinction entre la possibilité de tous de devenir fils de Dieu, à l’image de Jésus, en y joignant une impossibilité de vivre dans telle ou telle condition spatiotemporelle.
Néanmoins nous tenterons aussi de nous placer sur le même terrain que le cardinal en lui répondant de façon théologique.
La théologie est libre de se définir exactement comme elle le veut elle-même… puisqu’elle est elle-même son objet : ce n’est pas risqué d’un point de vue scientifique puisque c’est une simple tautologie à laquelle elle se doit de rester fidèle par la suite, ou à faire évoluer sa propre définition.)
La définition qu’en donne le cardinal « la compréhension (intellectus fidei) de la Révélation de Dieu dans sa Parole dans la profession de foi de l’Eglise » semblerait effectivement coupée des réalités humaines, mais il se trouve que l’Eglise ( voir plus haut ) est constituée des fidèles : rien d’étonnant donc à ce que ces professions de foi changent avec les époque du moment que cela reste de l’ordre d’une formulation et de moyens qui ont toujours pour but de comprendre sa « parole » qui est communication à chacun et à tous , et de découvrir sa « révélation » dans un langage accessible à chacun et à tous : ces « professions de foi » différentes ne doivent pas altérer, effectivement, la capacité de chacun à chercher Dieu et même l’augmenter de façon plus adaptée . Il n’est pas ici question de « romantisme social ». Le romantisme social serait de rester sur des souvenirs et non dans la réalité, sur un idéal de fidélité à la forme d’une époque au lieu de s’attacher à vivre fidèlement le fond dans le langage d’une époque et d’un lieu.
Le cardinal écrit avec raison : « Notre monde naturel est la création d’un Dieu personnel. » Il est évident que le monde naturel change – c’est sans doute aussi la volonté de Dieu – et l’Homme s’inscrit dans ces changements ; il bénéficie de certains, écope d’autres, et en provoque également certains de bons et d’autres de mauvais.
La Parole éternelle de Dieu n’est pas fixée dans un moment spatiotemporel précis (langue etc.) : c’est son message qui est éternel. Certes, on peut dire que sa parole s’est faite chair – et comment faire autrement pour nous atteindre ? – mais peu importe le véhicule utilisé par Jésus. L’imitation que propose jésus ne porte pas sur ses modes de vie spatio-temporels et, oui, même si la citation du Cardinal ne correspond pas à Romains 15, c’est bien « l’Esprit de Dieu » ( Romains, 14), « esprit d’adoption » « qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu », ( Romains 16 ) « héritiers de Dieu », « cohéritiers du Christ » ( Romains 17 ) : et nous lui crions même pas « Dieu » ni « saigneur créateur » !) , mais « Abba, Père » (idem) , un cri universel et si l’on peut dire « social » qui nous relie tous, et sentimental en apparence, plus qu’intellectuel… et théologique ! Car la théologie elle-même ne peut nier que c’est évidemment dans la langue de chacun, du bébé, du handicapé, à la langue du théologien ou du sceptique que se fait ce lien entre l’homme et Dieu ; ce lien qui se fait vers Dieu à partir de l’homme préhistorique à celui du 50° siècle, de l’eskimo à l’illettré, car nous sommes chair et esprit, et ce lien surnaturel se fait avec son esprit qui accepte notre humble et passager langage humain charnel et spirituel…
Le cardinal, après avoir expliqué hautement que le lien avec Dieu ne peut se faire que par le langage institué et pratiqué par certains membres de l’Eglise catholique pour libérer les hommes des chaînes ( qui, notons-le n’ont pas été mises par l’Evangile lui-même, au contraire) , pense pouvoir continuer à instrumentaliser les peurs de l’Homme : il prétend que les fidèles auront été ainsi, par sa manière de faire, « libérés de la peur des forces élémentaires du monde et des figures démoniaques, dieux et esprits, qui nous dressent leurs guet-apens insidieux dans l’imprévisibilité des forces matérielles du monde. » Il est clair que le cardinal fait ici ne interprétation du monde qui mériterait quelques uns des adjectifs qu’il a employés plus haut pour ses opposants…
Je laisse de côté le paragraphe qu’il a mis en note car la citation fait bien ( elle es des temps précoces de l’Eglise ) mais le cardinal traduit mal le latin : il faut lire, « ce qui n’a pas été assumé n’est pas guéri », ce n’est pas tout à fait la même chose. et Grégoire de Naziance en parlait de plus dans un contexte différent ; par ailleurs le pape ne soutient ni que l’Homme ni que Jésus n’ont qu’une nature ; enfin dans la dernière phrase qu’il juge aberrante, le terme incarnation ici ne fait pas référence à celle de Jésus ce qui aurait été précisé mais à celle de la proposition de foi que fait l’Eglise catholique, encore très (trop ) occidentalo-centrée : « La diversité culturelle exige une incarnation plus réelle afin d’embrasser des modes de vie et des cultures différents. » (IL 113). Le texte d’IL veut dire que le langage de la foi proposé, les manières de faire proposées par l’Eglise catholique à l’Amazonie sont en quelque sorte désincarnées, « parachutées », ne tiennent pas compte des réalités humaines o elles vont se produire, et ne conviennent donc pas, ce qui les rend … difficiles à accepter , voire inopérantes, et ceci, alors que rien ne s’oppose à ce qu’elles soient mieux ancrées dans la culture du pays. Que le principe du salut « comme le sacrement universel du salut » dans le Christ (Lumen Gentium 1:48), ne veut pas dire que le langage soit le même et inamovible. Le latin de l’Eglise n’a pas été réclamé en araméen par Jésus comme langue obligatoire des sacrements etc. Le latin est un « rite secondaire » lui aussi. Peu importe la provenance du vin, du raisin etc. du moment que le sens est le même : Jésus, s’il était né au Kamtchatka, nous aurait-il obligés à parler sa langue et à boire un peu d’huile de phoque ? Vu la teneur globale et les priorités de son message, sûrement pas ! Ce que demande Jésus dans le mariage c’est la fidélité à la promesse, aux promesses, que les mariés se sont faites… et ceci dans des valeurs humaines qui, jusqu’à preuve du contraire, semblent universelles de respect des promesses faites à l’autres, d’un amour qui s’efface réciproquement devant l’autre etc. etc. Les premiers chrétiens se sont inculturés au fil des siècles au point que l’Eglise bien souvent a laissé faire et même parfois devancé les réformes rampantes mettant en route l’infériorité de la femme, ( au point qu’elle a perdu la position que Jésus lui avait donnée ) de l’enfant ( au point que le oui des enfants se mariant ne comptait pas ou qu’on les a baptisés alors qu’ils étaient inconscients de leur « conversion » ), du pauvre et du malheureux ( au point que l’Eglise le pressurait lui aussi ou lui demandait d’être soumis et de penser qu’au-delà il serait récompensé de ses malheurs ) , de l’homme de couleur ( au point d’accepter le « partage du monde » et l’esclavage) … Ce n’était pas une bonne chose certes : revenons donc aux principes de l’Evangile en ne mettant pas plus d’impératifs que Jésus n’en a mis, lui qui vivait comme une minorité dans sa minorité au sein d’un monde en majorité non-croyant comme lui et/ou païen ( même cas que nous.. ) et multiculturel. Jésus n’a guère institué de « signes sacramentels » ni même les apôtres par rapport à ce qui existe aujourd’hui. C’est un fait historique. Pourquoi le baptême ne pourrait –il pas être donné au nom de .. Dieu et avec ce qu’on a sous la main, de l’eau de préférence … ? C’est la fraction du pain que Jésus a demandé de reproduire et le partage de la coupe : le geste compte et non la chose, la signification et non la reproduction littérale. Les gestes de Jésus et ses paraboles sont toujours transposables et c’est lui qui nous a appris à transposer. La volonté de Jésus n’est jamais excluante : elle est incitatrice, montre la voie, la direction. Il y a bcp de demeures dans la maison de mon Père etc. C’est lui qui a montré le chemin de l’inculturation qu’ont si bien mise en route ( parfois après des débats qui nous ont été racontés) les premiers disciples ! Passer de l’araméen ou de l’hébreu au grec ou au latin.. etc. Arrêter les rites, beaux symboliquement mais qui ne signifiaient plus rien d’important. L’étude de l’évolution des tout premiers temps de la future Eglise montre cela clairement : on l’a trop oublié.
Ce qui détruit « l’unité de l’Eglise en son centre sacramentel » c’est précisément l’acharnement à ne faire qu’une seule langue, à s’y accrocher même si personne en la parle plus et si Dieu ne la parle pas spécialement… ( Est-ce aller trop loin de dire que cette obligation artificielle et non fonde sur l’Evangile rappellerait un peu une tendance mise en route à Babylone : de quoi droit quelqu’un décide –t-il la langue et du rite à utiliser pour parler à Dieu ou l’égaler ? Qui a sacralisé les sacrements comme quelque chose dépendant de « choses » ? )
La phrase que le cardinal cite ensuite lui a fait mal certes : « Sans cette inculturation, la liturgie peut être réduite à une “pièce de musée” ou à la “propriété d’une poignée de privilégiés”. » (IL 124) car la liturgie ne doit pas /ne peut devenir cela…mais il peut sans doute comprendre qu’imposer ces manières de faire à des gens en espérant qu’ils en vivront à force de répétition et d’éducation, c’est non seulement risqué mais encore dommage et d’autant plus que c’est infondé en Jésus.
Le dernier paragraphe du chapitre 5 est très gentil pour Dieu que le cardinal veut défendre en lui laissant un maximum de fidèles dans l’Eglise, mais il va en fait contre tous les exemples de Jésus qui ne se choque pas que d’autres parlent de Dieu, fassent même des miracles en son nom etc., à leur manière etc.

6 Le critère du discernement ( conclusion)

Dans ce chapitre 6 , le cardinal ne cite même plus le texte d’IL. Il se contente de rappeler ce qu’il faudrait faire, ce qui impliquer pour tout lecteur rationnel que cela n’est pas dans le texte. ( « ce qui manque dit-il .. ) Les lecteurs du cardinal iront-ils vérifier dans le texte ce qu’il en est réellement ?
Le rappel du contenu de la foi de tous les chrétiens est-il utile en ce qui concerne spécifiquement l’Amazonie ? Ferions-nous les mêmes rappels de base en ce qui concernerait les problèmes spécifiques à l’Europe ou à l’Australie ?
Le cardinal ne dit pas en quoi ces rappels seraient utiles aux habitants de l’Amazonie : imagine-t-on Jésus leur donner avant tout comme parole de Dieu un « témoignage clair de l’autocommunication de Dieu dans le Verbe Incarné, de la sacramentalité de l’Eglise, des sacrements comme moyens objectifs de la grâce plutôt que de simples symboles autoréférentiels, du caractère surnaturel de la grâce » ? ( Par parenthèse, rien que ces mots me découragent à les lire !! ) Ce témoignage sera-t-il vraiment utile pour ces chrétiens baptisés et fervents qui vivent des situations de pauvreté, de détresse, de désespoir devant la ruine définitive de leur environnement et de leurs ressources naturelles par les égoïsmes de certains ? Le mélange des genres témoignerait d’une froideur et d’un manque d’écoute graves, associés à une erreur d’analyse et aboutissant à un effet zéro ou pire. Sur un plan théologique d’ailleurs en ce qui concerne la petite part faite à l’Homme dans cette phrase, le cardinal offre à ces indiens son « témoignage clair .. des sacrements comme moyens objectifs de la grâce ». Ne songe-t-il pas que le sacrement n’est pas un geste magique, produisant la grâce chez l’autre comme si ce geste, actuellement le plus souvent à d’un clerc, obligeait Dieu à lui obéir ? Le sacrement n’est plus le rituel païen antique plus ou mois superstitieux destiné à « séduire le dieu », expier une faute ou à « conjurer le mauvais sort »… Ce sont les prophètes, Jean-Baptiste et Jésus qui ont expliqué que Dieu détestait les rites « vides ». Jésus a , en particulier expliqué que le geste de se purifier par l’extérieur, de faire de beaux dons, de prier en public, etc. ne servent pas à grand-chose ou pire, car seul compte ce qui vient de l’intérieur de la personne elle-même : par exemple la demande et la volonté de rester pur dans ses yeux, ses oreilles ou son coeur, de renaître d’eau et :ou d’esprit , la volonté de partager le pain ou la coupe, de se promettre alliance sans pouvoir la rompre unilatéralement ensuite, de pardonner à son frère ou de lui demander pardon , de laver les pieds des autres et de leur donner ses biens et sa vie. Le fait qu’une personne les désire ardemment rencontre le désir de Dieu qui communique sa grâce, toujours proposée d’avance… Là où chacun désire ardemment rencontrer mieux Dieu et l’autre, là passe la grâce surnaturelle, là est le seul sacrement : les gestes sacramentels faits en Eglise ne sont que des moyens objectifs qui peuvent même n’être qu’illusion surtout s’ils sont instrumentalisés pour faire croire au pouvoir de celui qui les donne. Cette dynamique personnelle est le contraire d’un processus très technique qu’on qualifie vulgairement de magique, sorcier, superstitieux ou païen. Je ne serais pas choquée que cette demande librement faite du fond du cœur soit même qualifiée d’auto-référentielle, et le geste, de symbolique, voire de « simple symbole », ce qui est pour moi une appréciation très recommandée. Ce serait également plus juste que de faire croire ( aux Indiens mais surtout à ceux qui ne les connaissent pas ) que le geste sacramentel dispensé par l’Eglise, geste matériel objectivable, contrôlable, comptabilisable, va résoudre spirituellement tous les problèmes matériels et spirituels de chacun ( lui évitant en outre l’Enfer dont certains clercs n’hésitent pas à le menacer ) de l’Amazonie et de la planète par exemple. Dire aux Indiens d’Amazonie, lors de ce Synode, que la grâce de Dieu les concerne, est aussi utile que le dire en ce moment aux spéculateurs et aux court-termistes.
Lors que le cardinal écrit sur l’ »intégrité de l’Homme », est-ce aux indiens spoliés et asphyxiés qu’il songe ou à ceux qui l’ont mis à mal ? Lorsqu’il évoque la filiation avec la bio-nature et la réconciliation avec l’environnement, il prêche des convaincus, mais ce n’est pas une religion, cela… C’est l’évidence reconnue par notre Eglise, mais ce n’est pas du même ordre que le rappel de la foi (et de plus est-ce la place de la faire spécialement dans l’IL pour l’Amazonie ? ) au sujet de notre filiation à Dieu. ? Les Indiens ont-ils besoin, eux, qu’on leur rappelle un fois encore … leur propre intérêt, à savoir la « vie éternelle comme récompense de la conversion à Dieu », ce gain suprême, pour qu’ils se battent pour précisément faire sauter les obstacles qui selon eux-mêmes les empêchent de vivre de la vie proposée à tous dans l’Evangile, obstacles qui ne se trouvent pas dans l’Evangile, au contraire… ? Le cardinal semble, étrangement, renverser les choses et témoigner d’un grand aveuglement en adressant ses lignes finales aux Indiens et à ceux qui veulent évangéliquement tenir compte de leurs appels.
Qui peut penser que ces chrétiens osent comme le dit le cardinal « réduire le développement intégral à la simple mise à disposition de ressources matérielles. » Cette démarche ne serait pas chrétienne, ni même humaine…
Finir par cette affirmation à la limite d’une opinion dictée par des préjugés, par un complexe de supériorité ou par une crainte mal placée, et continuer en plus directement par une citation de Saint-Jean, qui s’adresse peut-être à des païens ou à des chrétiens ignorants,, est bien audacieux.
Je me permets ici de m’adresser directement à vous.
Saint Jean que vous citez, (I Jn 1 ) dit là en effet : « Ce que nous avons vu et entendu, nous vous annonçons à vous aussi afin que vous aussi vous ayez une communion avec nos ; et la communion est nôtre quand elle est avec le Père et avec son fils Jésus Christ. ». Comme nous l’avons expliqué, bien des éléments contenus dans votre lettre ne relèvent pas de l’Evangile lui-même : votre lettre elle-même ne répond pas à un appel au secours de frères sur une tonalité évangélique. Jésus a si souvent semble-t-il, dit et répété ce qu’il faut faire pour son prochain : se mettre à sa place, faire à un autre ce qu’on ferait pour Jésus … Votre réponse à la demande pressante qui est faite à l’Eglise ressemble à ces gens plus aisés qui donnent un pain dur comme pierre et immangeable à ce frère venu leur en emprunter… Est-ce ainsi que l’on «communie » en « enfants de Dieu » tous frères, « avec Jésus et avec le Père » ?
La deuxième citation à la quelle vous vous référez ( I, Jn, 3 sq. ) outre qu’elle ne contient pas de référence à l’Esprit ni aux Saints etc. malgré ce que vous sous-entendez, concerne uniquement la vie éternelle qu’une vie en « enfants de Dieu » nous permettra d’atteindre : « vous voyez quel grand amour nous a donné le Père au point que nous fûmes nommés « enfants de Dieu », et que nous le sommes. Si le monde ne nous connaît pas, c’est parque il ne l’a pas reconnu. Bien-aimés, maintenant nous sommes enfants de Dieu et il n’a pas encore été manifesté ce que nous serons. Nous savons que s’il s’est manifesté, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons comme il est. Et quiconque ayant cette espérance en lui, purifie lui-même comme celui-ci est pur. » Purifier soi-même se fait non pas par des actes magiques mais en ayant l’espérance et la foi qui nous permettent de faire – concrètement – la volonté du Père, et de vivre de plus en plus en « enfants de Dieu » sur cette terre avant de devenir on ne sait comment un peu semblables à ceux qui nous ont donné la vie, Dieu et Jésus. Vivre en enfants de Dieu , c’est vivre en frères du même Père, le vivre en actes : répondre en paroles et en actes au cri de notre frère sur cette Terre même, sans se contenter de lui dire « Ce sera mieux après ta mort : Dieu t’aime ! »

La citation finale de Dei Verbum fait référence à un texte dogmatique et abstrait qui ne répond pas lui non plus à la demande de l’Amazonie : quant à Dieu « le mystère de sa volonté » (cf. Ep 1, 9) est clairement dévoilé avant tout dans l’Evangile et beaucoup moins clairement par les théologiens ultérieurs. Ep 2, 14 et suivant rappelle d’abord que Jésus nous a rendus tous frères, nous a donné la paix, a aboli ce qui divisait, « faisant un nouvel Homme », nous réconciliant tous, « à travers lui nous, les uns et les autres, avons l’accès dans un seul esprit auprès du Père » : c’est l’unité de frères si différents auparavant, unité qui se fait par Jésus, unité faite dans la dynamique d’un seul esprit ( il n’y a pas le mot « saint ») qui donne l’ accès, le seul moyen d’accès, ( l’article est défini et singulier) au Père de tous .
Connaître l’origine de notre foi est évidemment nécessaire chaque fois que c’est possible, et il est évident que la source principale en est le message évangélique.
Contrairement à ce que laisse entendre la conclusion du cardinal , l’Il ne présente pas de ce fait « une religiosité vague » sacralisant « le cosmos et la nature et l’écologie de la biodiversité » pour en faire de cette espèce d’idéologie de bon sens une sorte de planche du salut pour la planète. L’approche de l’IL n’est pas ambiguë : elle tente de faciliter la réponse aux questions posées par des chrétiens en butte à des problèmes qui sont trop souvent inconnus ou laissés de côté.

Marguerite Champeaux-Rousselot
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Texte du cardinal Müller

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