Europe, Banques, Grèce : inverser le système ? (2011-11-07)

Deux poids,  deux mesures ? est-ce le bon sens ?  

Il est bien connu qu’une action pourrait rapporter d’autant plus que la prise de risque est élevée : celui qui ne veut pas prendre de risque a une rémunération plus faible, ce sont les obligations ou les actions à faible risque.  Chacun choisit et celui qui s’est trompé ne fait pas supporter  ses erreurs au voisin de droite et ne fait pas un hold-up chez son voisin de gauche !   C’est pourtant ce que tentent de faire les Banques  qui ont prêté à la Grèce.

Chacun doit s’assurer dans la vie, et les marchés l’ont pourtant également fait… Mais l’envie de « performance »  et/ou   l’appât du gain ( le leur, comme celui de leurs clients )  les a poussés à prendre plus de risque que ce qu’ils avaient couvert.  Ils étaient irresponsables et désormais,  ils se réclament de leur irresponsabilité pour être sauvés ! Est-ce ainsi qu’eux-mêmes se sont conduits avec les personnes surendettées ?  ou en cas de chèque sans provision ? Les associations de consommateurs n’ont-elles pas encore assez expliqué que la Banque peut, elle aussi,  être responsable  du surendettement d’un de ses clients ?

Quand quelqu’un veut absolument courir un risque, il n’a pas le droit  d’en faire courir aux autres ! même en le leur cachant … Et ne peut rien demander non plus si le risque s’est concrétisé… Il le savait statistiquement.

Il faut inverser la manœuvre

Que les gouvernements souhaitent ralentir la crise devrait les amener à recapitaliser, non pas les banques ou les institutions financières, mais les investissements productifs.

En effet, en 2008, les Etats  où se trouvent ces banques, « leurs » banques ,  ont augmenté leur déficit pour les aider, un déficit qui coûte cher aux Etats : en fait, et au final, aussi cher aux Etats qu’il  aurait coûté aux Banques, évidemment, puisque la reprise n’a pas été au rendez-vous imaginé par de doux idéalistes optimistes ou de dangereux démagogues… Pourtant les Banques et l’Etat ont de nouveau  fait  campagne  pour pousser à la consommation…  Pourtant les Banques ont de nouveau pris des risques  et présenté des bilans qui ont presque fait croire qu’elles étaient sorties de la crise…

En fait, il est clair aujourd’hui qu’en 2008, la première  recapitalisation  n’a pas servi de leçon aux banques,  ( bonus aux traders, prises de risques identiques, pas assez de fonds propres  ) ni d’ailleurs aux Etats :  pire, elle a fait croire qu’un  Zorro aux poches pleines arriverait toujours d’une quelconque  5° dimension …  Il  ne faut donc pas utiliser la même méthode.

 

Depuis quand l’Etat, (c’est nous ! ) paie-t-il les dettes d’une société ? d’une famille ? d’une personne ? Faut-il qu’il commence à le faire pour  un type d’établissement ( car ce n’est pas le cas de toutes les banques ) qui a préféré des bénéfices à court terme, malgré tous  les avertissements et les protestations ?

Imaginons le naufrage d’un petit bateau de croisière, naufrage causé d’ailleurs par un des responsables du bateau :  il n’avait jamais voulu mettre son gilet de sauvetage, par coquetterie et risque de  se noyer  par le fond  ( c’est le cas de le dire ! ). Son coéquipier, secourable,   tente de le sauver : il lui lance son propre gilet. Mais  à peine sur le pont,  le demi-noyé, crachant encore l’eau amère, rejette le gilet  à la mer…

Quels objectifs alors ? Quelles nouvelles règles du jeu ? Quelles « valeurs » ?  

Les plans d’aide à la Grèce – comme ceux qui suivront pour d’autres pays victimes de financiers trop gourmands  ou de gestionnaires publics  irréfléchis   –   doivent avoir deux buts 1°) aider le pays  à  se réformer et à retrouver des finances réellement saines

2°)  contribuer à réformer les Banques.

C’est ici du 2°que nous traiterons : il faut saisir l’occasion de moraliser le système bancaire en mettant en place ce qui a fait défaut pour éviter les spéculations qui détruisent les équilibres au profit de quelques uns et encouragent à s’endetter pour couvrir les dettes, qu’elles soient souveraines ou minimes.

Les Etats, ( c’est nous ), sont en position de pouvoir moraliser le système qui a été mis en place  depuis une trentaine d’années seulement en fait  : il est réformable, et il faut saisir cette occasion. Ce sont les crises qui font grandir. Le bon sens, la confiance, la transparence, la compétence, le souci du long terme et de la justice sont les valeurs qui doivent guider cette réforme.

Il faut  imposer

  • l’exigence d’assurance à hauteur suffisante, réglée par les Banques : c’est la prudence et la stabilité

  • la mise en place de contrôles financés par les Banques contrôlées, et gérés par d’autres : c’est la transparence et l’honnêteté

  • le risque supporté par les actionnaires des Banques qui ont voté ces politiques financières nuisibles : c’est la responsabilisation et la justice

  • l’abondement d’un fonds de solidarité ( FM Européen et Mondial ) : c’est la solidarité et la générosité

De telles mesures brideront la spéculation, alors qu’aider directement les Banques la ferait repartir de plus belle. Un chiffre : les banques françaises ont des créances sur la Grèce à hauteur de 16,3 milliards d’euros… une somme, selon les experts, supportable  par les banques elles-mêmes.

Sur un plan concret

  • la Grèce doit donc accepter de se considérer comme en faillite partielle : accepter le plan de remise partielle de sa dette et du remboursement complémentaire de sa dette, rester dans l’Europe et dans l’Euro.

  • les banques, qui ont failli à leur mission, doivent éponger elles-mêmes les pertes : elles devront négocier avec les Etats européens, accepter de revenir au bon sens, et  accepter des règles européennes  ( voir ci-dessus ).

  • les Etats, qui étaient prêts à aider les Banques, peuvent donc et doivent investir les mêmes sommes pour faire repartir la croissance dans l’économie et la production «  réelles » au plus près des citoyens européens.

I.L.