L’arbre du monde, poème de Stéphane

L’ARBRE DU MONDE

 

Vous mes frères humains

Qui élevez haut les arbres de la liberté

Vous mes frères humains

Que les matins fusillent sans sourciller

Sans se soucier d’épargner vos genoux

Vous mes frères humains

Je vous tiens la main

Parce que la main de l’homme vaut l’homme

Vous mes frères humains

Qui apprenez la douleur des précipices

La terreur des chars

L’enfant incrédule devant le silence

Vous mes frères humains

Qui saignez du sang des humains

Je vous tends la main

Car une main peut être une feuille de justice

Vous mes frères humains

Dont le soleil pleure

Au midi de la mort

Vous mes frères humains

Dont les murs crient sous les balles

Mères défigurées par la torture d’aimer

Pères tombés dans la tombe étonnée

Vous mes frères et sœurs

Victimes de toutes les guerres sans aucune distinction

Je ne puis pas me taire

Vous mes frères humains

Je vous ouvre ma main pour nourrir vos étoiles

Je ne puis pas me taire car mon sang est en jeu

Le sang du monde est en jeu

Vous mes frères humains

Depuis tant de jours le deuil enfonce vos portes

Ouvre vos fenêtres

Change vos vêtements et la couleur de vos yeux

Vous mes frères humains

Depuis tant de jours

Les oiseaux chantent la mort

Mais la vie résiste

Pleure

et résiste

et pleure

et résiste

Parce que la vie

Est une fleur fragile

Un papillon de verre

Une étoile qui persiste et signe sa lumière

Vous mes frères humains

Inépuisable est la douleur des palmiers

Le plus rouge des sables s’égoutte au sablier

La vie n’a pas besoin de bourreau

La vie est un miracle divin

On ne tue pas un miracle divin

Vous mes frères humains

Le printemps craque de toutes ses fleurs

Je me joins au cortège du sacrifice

Et dans ma main naît le sang de ma solidarité

La plus belle vérité est la vérité du cœur

Et ce désir de liberté que la mort déracine

Je l’ai nommé arbre du monde

Je l’ai planté dans la douleur du monde

Et je regarderai ses fruits

Je soupèserai ses fruits qui nous attendent

Et je vous dirai merci pour la leçon d’honneur

 

Stéphane       ( 2016)