Imaginer les gestes-barrière contre le retour à la production d’avant-crise, par Bruno Latour (2020 – 03)

2020-04-07 Bruno Latour P-202-AOC-03-20

Allez lire cet  article qui m’a semblé remarquable par sa largeur de vue et sa capacité prospective.

J’y ajoute  un commentaire …

Il s’agit pour nous de donner au mot « crise » toute sa valeur  : le terme vient du grec krinô  qui signifie voir, discerner, juger  juger; une racine qui a donné en latin  cerno d’où le français discerner… 

Tout ne doit pas repartir …

Nous prenons conscience en ce moment de ce qui est nécessaire /superflu;  de ce qui est utile/nuisible ;  de ce que nous maîtrisons/ ou  non ;  de la puissance de la Nature et de la faiblesse de notre  espèce ; de l’équilibre de la Nature à laquelle notre espèce s’est adaptée au fil de millions d’années  et de la capacité exponentielle de nuisance   de certains  groupes humains ne réfléchissant  pas plus loin que leur ego…

Mettons toutes nos forces à  un effet-cliquet   pour empêcher des tentatives de retour en arrière  en oubliant les leçons de la crise. Il ne peut être question de rattrapage, de retour, de « comme avant »  ou d’ « autant »   mais de « mieux ».
Mettons toutes nos forces de réflexion sur le long terme, sur les choix à faire.
La  machine était devenue écervelée  ( rien d’étonnant ) et folle, le conducteur somnolait … Un cliquet de sécurité a joué déclenchant la sirène d’alarme  et arrêtant  pour un temps les dommages.

Empêchons  une reprise irréfléchie  dans les conditions précédentes :  l’Etat a des moyens d’infléchir  d’une façon souple et compréhensible par tous  : pas d’aide d’Etat pour certaines entreprises, voire certaines personnes :

  • celles qui  donnent  des dividendes aux actionnaires au delà de l’indice de la consommation par exemple  et prennent alors sur les deniers publics
  • celles qui ont des fonds dans les paradis fiscaux ou consacrent une part trop grande de leur énergie   et des fonds qu leur sont confiés à trouver et profiter des niches fiscales
  • celles qui n’infléchissent pas leur production à vendre en tenant compte des aspects planétaires de notre biotope commun à tous
  • celles qui comptent sur les autres sans faire réellement l’effort en contre partie qui leur sera demandé

Cela impliquera sans doute des reconversions et des sélections , des mots qui nous inquiètent aujourd’hui certes,mais qui  sont positifs  puisque ce sera laseule façon de pouvoir encore aider ceux qui  enont réellement besoin ensuite.

Les aides doivent être orientées  pour permettre aux entreprises de régler leurs dettes , mais les aides  ne sont pas faites pour  refaire comme avant . D’ailleurs, certaines entreprises, si on les aide à redémarrer comme avant feront faillite peut après …
Qui peut croire en effet aujourd’hui que nos impôts directs et indirects ne vont pas augmenter et que notre  niveau de vie ne va pas être impacté?
Il est donc évident et prévisible que nous, 4 personnes sur 5 peut-être,   aurons des budgets bien plus serrés : nous irons donc moins au restaurant, au théâtre, en voyage,  dans un magasin d habits de marque,  et achèterons moins de produits qui auraient voyagé en avion… Toutes ces entreprises, ces métiers,  doivent se reconvertir,  sans attendre et préventivement,  dans des secteurs  qui seront porteurs et que nous avons discernés pendant cette période de confinement : production plus locale pour circuits courts, éducation, hygiène, écologie, services ( lutte pour une bonne justice financière,  prévention des violences, des  comportements nuisibles à la santé  et aux autres etc. ),  techniques utilisation  le virtuel pour remplacer les déplacements trop coûteux  ou la culture  trop « luxueuse »… ou  trop abondante en offre aidée  non concertée, éducation à la simplicité goûteuse du beau  et de la vie etc.

Il s’agit pour nous de donner non seulement au mot « crise » toute sa valeur, mais encore  de profiter de toute la valeur  de  la crise elle-même.

Ce n’est pas un retour que nous devons viser, un  retour qui ferait revenir une crise inévitablement pire.

Nous devons pousser de toutes nos forces pour infléchir la direction et reprendre le contrôle pour aller  vers un mieux.

Marguerite Champeaux-Rousselot ( 2020-04-26)

Et après ?  (2020-03) par Pierre-Alain Lejeune. ( après la crise du Covid19)

Et tout s’est arrêté…

Ce monde lancé comme un bolide dans sa course folle, ce monde dont nous savions tous qu’il courait à sa perte mais dont personne ne trouvait le bouton « arrêt d’urgence », cette gigantesque machine a soudainement été stoppée net.
A cause d’une toute petite bête, un tout petit parasite invisible à l’oeil nu, un petit virus de rien du tout… Quelle ironie ! Et nous voilà contraints à ne plus bouger et à ne plus rien faire.
Mais que va t-il se passer après ?
Lorsque le monde va reprendre sa marche ; après, lorsque la vilaine petite bête aura été vaincue ? A quoi ressemblera notre vie après ?

 

Après ?
Nous souvenant de ce que nous aurons vécu dans ce long confinement, nous déciderons d’un jour dans la semaine où nous cesserons de travailler car nous aurons redécouvert comme il est bon de s’arrêter ; un long jour pour goûter le temps qui passe et les autres qui nous entourent. Et nous appellerons cela le dimanche.

 

Après ?
Ceux qui habiteront sous le même toit, passeront au moins 3 soirées par semaine ensemble, à jouer, à parler, à prendre soin les uns des autres et aussi à téléphoner à papy qui vit seul de l’autre côté de la ville ou aux cousins qui sont loin. Et nous appellerons cela la famille. Après ? Nous écrirons dans la Constitution qu’on ne peut pas tout acheter, qu’il faut faire la différence entre besoin et caprice, entre désir et convoitise ; qu’un arbre a besoin de temps pour pousser et que le temps qui prend son temps est une bonne chose. Que l’homme n’a jamais été et ne sera jamais tout-puissant et que cette limite, cette fragilité inscrite au fond de son être est une bénédiction puisqu’elle est la condition de possibilité de tout amour. Et nous appellerons cela la sagesse.

 

Après ?
Nous applaudirons chaque jour, pas seulement le personnel médical à 20h mais aussi les éboueurs à 6h, les postiers à 7h, les boulangers à 8h, les chauffeurs de bus à 9h, les élus à 10h et ainsi de suite. Oui, j’ai bien écrit les élus, car dans cette longue traversée du désert, nous aurons redécouvert le sens du service de l’Etat, du dévouement et du Bien Commun. Nous applaudirons toutes celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, sont au service de leur prochain. Et nous appellerons cela la gratitude.

 

Après ?
Nous déciderons de ne plus nous énerver dans la file d’attente devant les magasins et de profiter de ce temps pour parler aux personnes qui comme nous, attendent leur tour. Parce que nous aurons redécouvert que le temps ne nous appartient pas ; que Celui qui nous l’a donné ne nous a rien fait payer et que décidément, non, le temps ce n’est pas de l’argent ! Le temps c’est un don à recevoir et chaque minute un cadeau à goûter. Et nous appellerons cela la patience.

 

Après ?
Nous pourrons décider de transformer tous les groupes WhatsApp créés entre voisins pendant cette longue épreuve, en groupes réels, de dîners partagés, de nouvelles échangées, d’entraide pour aller faire les courses où amener les enfants à l’école. Et nous appellerons cela la fraternité.

 

Après ?
Nous rirons en pensant à avant, lorsque nous étions tombés dans l’esclavage d’une machine financière que nous avions nous-mêmes créée, cette poigne despotique broyant des vies humaines et saccageant la planète. Après, nous remettrons l’homme au centre de tout parce qu’aucune vie ne mérite d’être sacrifiée au nom d’un système, quel qu’il soit. Et nous appellerons cela la justice.

 

Après ?
Nous nous souviendrons que ce virus s’est transmis entre nous sans faire de distinction de couleur de peau, de culture, de niveau de revenu ou de religion. Simplement parce que nous appartenons tous à l’espèce humaine. Simplement parce que nous sommes humains. Et de cela nous aurons appris que si nous pouvons nous transmettre le pire, nous pouvons aussi nous transmettre le meilleur. Simplement parce que nous sommes humains. Et nous appellerons cela l’humanité.

 

Après ?
Dans nos maisons, dans nos familles, il y aura de nombreuses chaises vides et nous pleurerons celles et ceux qui ne verront jamais cet après. Mais ce que nous aurons vécu aura été si douloureux et si intense à la fois que nous aurons découvert ce lien entre nous, cette communion plus forte que la distance géographique. Et nous saurons que ce lien qui se joue de l’espace, se joue aussi du temps ; que ce lien passe la mort. Et ce lien entre nous qui unit ce côté-ci et l’autre de la rue, ce côté-ci et l’autre de la mort, ce côté-ci et l’autre de la vie, nous l’appellerons Dieu.

 

Après ?
Après ce sera différent d’avant mais pour vivre cet après, il nous faut traverser le présent. Il nous faut consentir à cette autre mort qui se joue en nous, cette mort bien plus éprouvante que la mort physique. Car il n’y a pas de résurrection sans passion, pas de vie sans passer par la mort, pas de vraie paix sans avoir vaincu sa propre haine, ni de joie sans avoir traversé la tristesse. Et pour dire cela, pour dire cette lente transformation de nous qui s’accomplit au coeur de l’épreuve, cette longue gestation de nous-mêmes, pour dire cela, il n’existe pas de mot.

 

Pierre-Alain LEJEUNE, prêtre du diocèse de Bordeaux

 

Fight the virus (Simon and Garfunkel revisité…***)

Que le cœur me bat en entendant cela.

 

Toute la fougue de la jeunesse et l’énergie à en revendre !

Le lien du site est (il faut enlever lesespaces !) https://       www.youtube.      com/watch?v=3    OFKkCdq2y8

Paroles (Alvin Oon)

Hello virus from Wuhan
Another problem’s here again
Because you see the contagion creeping
And the virus is indeed spreading
And the memory
Of SARS planted in my brain
Still remains
We stand and fight

the virus

We hear of theories how it grew
From snakes and bats became a flu
Passing the sickness from man to man
Now it’s growing getting out of hand
It’s a virus that has travelled near and far
Corona
We have to fight

the virus

And in the latest news I saw
Ten thousand people maybe more
People falling sick with much coughing
People falling ill with much sneezing
People worried for their health and their ones so dear
Pneumonia
We keep the fight

the virus

Keep your hand clean always know
Hygiene will stop that virus grow
When you sneeze cover with a tissue
Even coughing just let me teach you
Wear a mask if you’re sick
So that others won’t get it too
We count on you
To help to fight

the virus

Together we must overcome
To beat this virus fight as one
For a life of health and harmony
It’s in our hands, it’s up to you and me
For the health of our land, of our friends and family
Humanity
We will win this fight

the virus

Les dix derniers siècles de pratique du célibat des prêtres: quel bilan pour quel avenir ? ( 2019-11-04) Marguerite Champeaux-Rousselot

A propos du célibat des prêtres, le cardinal Ouellet a écrit que l’Eglise n’avait pas besoin d’ordonner des « viri probati ».

J’ai pu avoir cette info sur un site qui suit de près le Synode en Amazonie

Après lecture du texte du Cardinal Ouellet, nous nous interrogeons sur trois points.

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