Exposition GENÈVE ET LA GRÈCE au Musée d’art et d’histoire de Genève

GENÈVE ET LA GRÈCE, Une amitié au service de l’indépendance jusqu’au 13 février 2022

Pour en savoir plus, télécharger la présentation de l’exposition ou rendez-vous sur http://institutions.ville-geneve.ch/fr/mah/expositions-evenements/expositions/geneve-et-la-grece/

Conférence « Quels genres grecs en Babylonie juive ? Esquisse d’un modèle » – en visio. (Genres littéraires)

Conférence du Laboratoire d’études sur les monothéismes

Mardi 23 novembre prochain de 11h à 13h, James Adam Redfield est l’invité du Laboratoire d’études sur les monothéismes pour parler des influences grecques dans le Talmud de Babylone (lien en visio sur demande).

Résumé

En tant que peuple trans-impérial, les Juifs participaient certainement aux diverses formes d’échanges culturels qui venaient quelque peu estomper la frontière entre les empires romains et sassanide dans l’antiquité tardive. Parmi ces échanges, il faut aussi compter le transfert de certaines formes littéraires. L’intensité, la chronologie, les mécanismes, la qualité et les conséquences de ces échanges restent cependant débattus. Quelques études récentes ont souligné la nécessité de développer un nouveau modèle permettant de comprendre, non seulement la réception passive des formes littéraires grecques (ou perses) par les Juifs babyloniens, attestée dans le Talmud mais aussi les bols à incantations, mais aussi les processus par lesquels les communautés juives de Babylonie ont activement transformé certains éléments de la culture gréco-romaine et les ont adapté à et leur nouveau milieu d’accueil et aux institutions particulières de ces communautés. 

Dans le but d’esquisser un tel modèle à partir d’une démarche inductive, nous allons nous concentrer ici sur l’analyse littéraire et philologique d’une longue composition, très complexe : une série de contes fantastiques suivis de commentaires exégétiques(midrash) sur des thèmes cosmologiques, mythologiques, et sotériologiques (b. Baba Batra, 73a-75b : une traduction de ce passage, ainsi que le texte original, seront mis à la disposition des auditeurs). Des chercheurs ont déjà montré la présence dans cette composition de structures mythiques spécifiquement iraniennes, et d’autres motifs folkloriques plus largement diffusés. Mais y a-t-il quelque chose de grec dans ce produit de la culture judéo-babylonienne ? Combien, comment ? Dans quel sens faut-il comprendre ici la notion de « culture » ? Pour répondre à ces questions, nous allons considérer, non seulement certains parallèles grecs, comme le Roman d’Alexandre, ou tirés des exemples de paradoxographie, qui peuvent être sérieux ou parodiques, ou encore de l’ethnographie hellénistique, mais aussi l’évolution de ces éléments narratifs dans la tradition talmudique elle-même. Dès lors que les Juifs entreprennent de mobiliser des formes littéraires similaires pour thématiser de problèmes analogues, on peut parler d’échange culturel. Dans cette perspective, il nous faut aussi une définition plus dynamique et réciproque de la «culture» des Juifs de Babylonie, susceptible de renouveler notre regard sur le rôle écologique de l’« hellénicité » dans ce contexte.

Daniel Barbu

Cliquer pour accéder à conference_redfield.pdf

Qu’est-ce qu’un theos ? La Grèce ancienne en comparaison. jeudi 4 nov. 2021, 9h-18 h, Paris

Journée d’étude : Qu’est-ce qu’un theos ? La Grèce ancienne en comparaison

Organisateurs : Claude Calame, Vinciane Pirenne-Delforge, Gabriella Pironti

Lieu : Collège de France, Salle 4

Inscription gratuite mais obligatoire (dans la limite des places disponibles) : manfred.lesgourgues @ college-de-france.fr

Programme 

  • 9h00 – Introduction par Gabriella Pironti (EPHE) et Vinciane Pirenne-Delforge (Collège de France)
  • 9h30 – Claude Calame (EHESS) : Au-delà de la « personne » et de la « puissance divine » : comment divinités et héros grecs sont-ils invoqués par mortelles et mortels ?
  • 10h15 – Thomas Galoppin (Toulouse/MAP), Francesco Massa (Fribourg) : Theoi et puissances divines à l’épreuve du comparatisme, dans le sillage des rencontres toulousaines en l’honneur de Jean-Pierre Vernant
  • 11h00 – Pause
  • 11h30 – Ilaria Calini (Hastec, EPHE) : Dieux-héros et rois-dieux dans les compositions littéraires de la Mésopotamie ancienne
  • 12h15 – John Scheid (Collège de France) : Numen, deus, diuus. La notion romaine de la divinité
  • 14h30 – Anna Angelini (Zürich) : Du super-corps du dieu trônant à l’invisibilité du dieu céleste : la représentation de Yhwh dans la Septante
  • 15h15 – Hélène Collard (Liège) : Dieux au figuré, ou comment l’image fait le dieu
  • 16h00 – Renaud Gagné (Cambridge) : « Tous les dieux. » Rituel, rhétorique et totalité divine
  • 16h45 – Pause
  • 17h15 – Table ronde avec la participation de Philippe Borgeaud (Genève), Jean-Jacques Glassner (CNRS), Charles Malamoud (EPHE), François de Polignac (EPHE).

« Nos archives débordent, regorgent, de puissances, de divinités, de dieux, des grands, des petits, des obèses, des obscènes, des terribles, des minables, de tout poil, de toutes couleurs, drôles, pitoyables, transcendants, ronds-de-cuir. Des dieux en pagaille, une population en pleine expansion. On en fabrique partout, sans cesse. » Ainsi Marcel Detienne introduisait-il, en 1988, un dossier comparatiste intitulé précisément : « Qu’est-ce qu’un dieu ? ». La question posée à cette occasion, ti theos ?,  trouve sa formulation indigène en Grèce ancienne dans un fragment de Pindare. Elle a été reprise en 2010 par Albert Henrichs qui y répondait en reconnaissant aux theoi helléniques trois caractéristiques fondamentales : l’immortalité, l’anthropomorphisme, le pouvoir.

Peut-on se contenter de cette réponse ou bien faut-il poursuivre le questionnement ? Dans l’historiographie de la définition du « dieu » envisagé en milieu polythéiste se profile en particulier la notion de « puissance divine », à la suite des travaux de Jean-Pierre Vernant et en contraste avec l’application généralisée de la notion de « personne » aux divinités du monde grec. Dans cette recherche sur la spécificité de la figure divine, il faut aussi tenir compte des études qui ont signalé depuis lors les limites de l’anthropomorphisme. Dans la volonté qui nous anime de reprendre l’interrogation de Pindare et de placer une fois encore le dieu, la déesse, les dieux, theos et deus, thea et dea, au centre d’une réflexion commune, la perspective comparative est double : définition par contraste avec la figure du héros et celle du mortel, et comparaison différentielle avec les dieux dans d’autres religions antiques, tout en tenant compte des formes discursives et iconographiques qui font apparaître une divinité comme telle. Il s’agira dès lors de faire le point sur les enquêtes récentes et d’ouvrir de nouvelles pistes de recherche sur cette question cruciale pour l’histoire des religions antiques.

« Le papyrus dans tous ses États, de Cléopâtre à Clovis », Paris,18 sept.-26 oct. 2021

Le terme « papier » vient de « papyrus » qui vient du grec ancien πάπυρος, pápyros (« papyrus ») qui vient de … ?

Eh non, le terme grec n’a pas d’étymologie bien sûre .. Cependant, on [1] le rapproche d’une expression égyptienne : pa-p-oura : « celui du roi, le royal», c’est à dire « avec un monopole royal ».

On pourrait aussi penser  que ce terme décrit son usage peut-être aux tout débuts de son invention, en rapprochant ce sens de certains faits : dans certains pays, l’écriture était le privilège de certains ( autorités civiles ou religieuses ) ; dans d’autres, c’était la fabrication de certains matériaux qui était  secret d’Etat…

Ci-dessous, toutes les informations sur l’exposition et les 5 conférences.

Bonne lecture de ce « papier », surtout que maintenant vous en savez toute l’épaisseur avec son étymologie !!


[1] J. Vergote, Mélanges Grégoire 3, 1951, 414-416,

L’exposition « Le papyrus dans tous ses États, de Cléopâtre à Clovis » se tient au Collège de France jusqu’au 26 octobre.

Gratuite et destinée à tous les publics, elle rassemblera dans le grand foyer du Collège de France une soixantaine de pièces datant de l’Égypte antique jusqu’au début du Moyen Âge, présentant l’histoire de ce qui pendant plusieurs millénaires constitua dans tout le pourtour méditerranéen le support essentiel de l’écriture.

L’exposition, sans oublier l’Égypte et l’Orient, a en effet choisi de mettre en avant les utilisations moins connues du papyrus en Europe : outre un papyrus d’Herculanum ayant survécu à l’éruption du Vésuve ou une décision de l’empereur romain Théodose II, on aura la chance d’y voir exposées des pièces maîtresses illustrant l’utilisation du papyrus en France, tels des actes de Dagobert ou de Clovis II. 

C‘est la première fois que l’histoire du papyrus sera ainsi retracée dans toute son extension chronologique, de l’Égypte pharaonique au Moyen Âge, et géographique, de l’Égypte à Byzance et Rome, de la Bretagne à l’Afghanistan, grâce à la réunion de pièces peu connues du public provenant de collections publiques et privées. Des visites guidées et des conférences rythmeront également les six semaines de l’exposition, qui sera accompagnée d’un catalogue de 200 pages richement illustré et rédigé par les plus éminents spécialistes.

Cette exposition a lieu grâce au soutien de la BRED, en partenariat avec Télérama et le magazine L’Histoire.

Conférences publiques

Cinq conférences publiques seront données à l’occasion de cette exposition :

Téléchargez ou écoutez l’audio de la conférence en cliquant sur l’image

Autre support : https://www.college-de-france.fr/media/jean-luc-fournet/UPL2237821046630206891_Fournet_Papyrologie_Expo_2021.pdf


Mardi 21 septembre, 17h-18h : Jean-Luc Fournet (Collège de France), « Les papyrus, une fenêtre ouverte sur l’Antiquité »

Mardi 28 septembre, 17h-18h : Valérie Schram (CNRS), « Sur le Nil s’élève une forêt sans branches… Des verts marais à la feuille blanche : le papyrus dans tous ses états »

Mardi 5 octobre, 17h-18h : Daniel Delattre (CNRS), « À la découverte de la Villa des Pisons et de la mystérieuse bibliothèque carbonisée d’Herculanum : Les Papyrus d’Herculanum de Paris »

Mardi 12 octobre, 17h-18h : Laurent Morelle (EPHE), « Une royauté par éclats et lambeaux : les papyrus mérovingiens des Archives nationales »

Mardi 26 octobre, 17h-18h : Julien Auber de Lapierre (Collège de France), « La collection de papyrus grecs et coptes de la Bibliothèque nationale de France : deux siècles d’histoire »

Conformément aux consignes gouvernementales, la présentation du passe sanitaire est indispensable pour assister aux enseignements, aux événements et aux visites pour toutes les personnes de 18 ans et plus. Cette obligation s’étendra à toutes les personnes de 12 ans et plus à partir du 30 septembre 2021. Le port du masque est obligatoire à partir de 11 ans.

Un duel romantique, ’’Le Giaour’’ de Lord Byron par Delacroix : exposition

Magnifique exposition consacrée au Giaour, poème de Lord Byron, histoire d’amour passionné et surtout de vengeance…

Le duel entre Hassan et le Giaour se déroule sur le Liakoura : c’est en fait le nom du sommet du massif du Parnasse. ( Delphes se trouve sur les contreforts sud de ce massif et Byron a été fasciné par le Parnasse, Delphes, appelé alors Kastri ou Castri, et Castalie ).

19 mai-23 août 2021-06-22

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Giaour

Musée Eugène Delacroix, à Paris.

Quelques minutes pour vibrer ?

http://www.musee-delacroix.fr/fr/actualites/expositions/un-duel-romantique-le-giaour-de-lord-byron-par-delacroix

Téléchargez le dossier de presse

Réservez vos billets

«Ministères, charismes et pouvoir dans une Église synodale» 23 juin 2021, 20 h 30. Zoom ou YouTube

Troisième débat organisé par Saint-Merry Hors-les-Murs 

À la veille du synode sur l’Église sur la synodalité, une bonne articulation entre ministères, charismes et pouvoirs institutionnels ou non, ces réalités à valeur structurantes  telles qu’elles sont vécues dans nos communautés chrétiennes, semble un des antidotes au cléricalisme et aux abus de toutes sortes qui dérivent d’un « ministère » au sens évangélique confondu avec un pouvoir  au sens banal du terme.

La démarche synodale conduisant à plus de synodalité sera éclairée par Roselyne Dupont-Roc, helléniste et bibliste, et Antoine Guggenheim, théologien, codirecteurs de l’ouvrage Après Jésus. L’invention du christianisme, Albin Michel, 2020 : en effet, revenir aux sources  permet de découvrir que c’est non seulement la démarche la plus ancienne de l’Eglise aux premiers siècles, mais encore et surtout la manière même dont Jésus semble-t-il considérait  sa relation avec sa propre Assemblée   et la loi de son   peuple.

Assainir cette relation entre service et pouvoir dans le Royaume de ce monde qui est aussi déjà celui des cieux semble un des antidotes possibles et nécessaire pour faire fructifier les paradoxes de la Bonne Nouvelle.

A suivre par Zoom :
https://zoom.us/j/96133393901?pwd=enUxWDBwVmhlNGljRGllbHV5ei9QQT09
Code secret : 5uF9Mz

Et sur la chaîne YouTube de Saint-Merry Hors-les-Murs :https://www.youtube.com/channel/UCpJLbG_ocr73VZeGQXxfVow

Conférence « Du laurier au mythe de Daphné »

Conférence (suite) sur Zoom le jeudi 20 mai à 14 h, par Marguerite Champeaux-Rousselot

Inscription gratuite ( voir plus bas) Conférence organisée par l’Université Populaire de Poissy.  

Session 2 ; Grèce du V° siècle av. J.-C. jusqu’à l’époque romaine.

Thème : comment le laurier devint en Grèce la plante d’Apollon.  Peut-on parler de sacralisation ?

Une branche de laurier, une couronne de laurier sur une peinture du XVIIIème siècle ou sur une pièce de monnaie ou un vase antique se déchiffrent, simplement,  comme l’évidence d’une allusion à Apollon, ou même à Delphes voire à la poésie, deux domaines réputés d’Apollon par excellence. Chacun s’imagine connaître l’importance de cet attribut d’Apollon et son origine. Cependant comment ce  végétal utile par exemple comme épice culinaire a-t-il reçu un autre statut jusqu’à avoir une signification profonde d’ordre affectif ou symbolique pour la collectivité, puis participer au sacré  dans le cadre rituel et religieux de l’Apollon de Delphes ?

Lors de la première session, nous avons observé cette promotion, cette progression à partir des premières traces concernant le laurier ( textes, dessins, sculptures ) pour le voir prendre sa place dans le sanctuaire pythien de Delphes. Le panorama ainsi dressé s’était arrêté vers les Vème et  IVème siècles av. J.-C. 
Cette seconde session montrera  la  place importante ( et religieuse ? ) des auteurs de théâtre installant a posteriori le laurier dans les récits fondateurs de Delphes, et le rôle politique et social des artistes utilisant le laurier pour favoriser certaines idées. Nous irons probablement jusqu’à l’époque romaine comprise où Ovide donna une si grande célébrité au mythe de Daphné en le déplaçant pour le relier  au célèbre Apollon de Delphes : si nous avons le temps nous pourrons étudier comment se constitua ce mythe, bien longtemps auparavant, en Argolide. 

Ce recul temporel permet de  comprendre comment  un objet peut être enrichi et parfois sacralisé : nous aurons mené en quelque sorte une exploration anthropologique qui, en redonnant au laurier son histoire complexe, permet de mieux prendre conscience du travail de l’Homme sur son environnement : une question bien contemporaine ! 
Cette deuxième session enseigne également à  vérifier comment nous utilisons les informations antiques que nous avons… : lutter contre les simplifications culturelles abusives, savoir reconnaître les lacunes et nos ignorances, ne pas démissionner devant les nuances de l’Homme à respecter : autres enjeux cruciaux

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INFORMATIONS PRATIQUES :

C’est gratuit et organisé par l’Université Populaire de Poissy..

Il suffit de s’inscrire à l’avance sur le site à l’onglet inscriptions : donnez votre nom et adresse mail ( ne vous occupez pas du code demandé) et en dessous dans la partie Text , écrivez le jour et le nom ou le titre de la conférence. Ainsi ils connaissent  le mail de la personne et lui envoient  le lien d’accès à la conférence qu’elle souhaite. 

https://unipop-poissy.fr/inscriptions/

Si la personne souhaite par la suite adhérer à l’université, il lui faut remplir le bulletin d’adhésion qui se trouve sur le site à l’onglet Adhésions où les modalités sont expliquées. Mais on peut tester 1 ou 2 conférences sans adhérer.

https://unipop-poissy.fr/modalites-dadhesion/

« Liturgie » et « clerc » : étymologie et histoire

Le sens étymologique et l’histoire de ces mots sont nourrissants pour notre aujourd’hui car ils rappellent que la liturgie est expression créative existentielle de chacun et de tous. Ce qui a tout son intérêt dans la recherche sur la « synodalité » et dans la perspective du Synode convoqué par le Pape François en 2022.

par Marguerite Champeaux-Rousselot

Etymologie : laos et ergon

Étymologie. Le terme liturgie vient du grec λειτουργία / leitourgía,  à partir du nom commun ἐργον / ergon, « action, œuvre, service »  et de l’adjectif λειτος / leitos, «public», dérivé de λεώς = λαός / laos, « peuple ».

Le terme laos a une valeur forte déjà chez Homère. En effet, en Grèce antique, le terme dèmos signifiait l’ensemble des citoyens, ce qui est .. ( eh oui ! )  sélectif :  cela écarte les  femmes, les esclaves, les enfants, les étrangers etc. ,  mais le terme  laos ( qui n’ a pas d’étymologie assurée ) signifie « les gens », et a donné par exemple en grec moderne leôphoros qui désigne  une avenue où circulent les gens, un boulevard, une grande avenue, et un de ses dérivés latinisé, a donné en français laïc ou lai.

Le verbe  leitourgeô  en Grèce ( au moment de la démocratie, fin VI° et V° et suivants  )  exprimait le fait d’assurer  un service  au bénéfice du peuple :  il s’agissait  de certains citoyens volontaires ( riches ) qui était candidats pour avoir l’honneur de financer sur leurs propres deniers les besoins du laos, de la population tout entière : par exemple des armes et des soldats pour la sauvegarde de la cité, des fêtes religieuses si utiles pour se concilier les dieux, des représentations théâtrales qui étaient perçues comme un moment éducatif pour la population tout entière et avaient également une fonction religieuse etc. : tout cela pouvait s’appeler une « Liturgie ».

Parmi ces candidats mus par un idéal liturgique – ou … moins spontanés ! -,   comment le laos, c’est à dire les gens, choisissaient-ils ceux qui seraient  les  liturges ? Ce choix important s’est effectué  selon les sujets et les époques de deux façons bien significatives : certains choix en Grèce s’effectuaient par tirage au sort car le nom sorti  manifestait  la volonté des dieux,  mais à l’époque des liturgies,  ( Vème et IVeme siècles surtout )  il relevait de citoyens élus comme magistrats qui étaient ensuite responsables de la pertinence  de leurs  choix… Ces liturgies, entièrement offertes au service du peuple dans son entier, laos, soudaient les habitants la cité en une communauté et leur bénéficiaient à tous. Leur contenu était mûrement pensé.

Avec le déclin de la Grèce classique, le terme prit peu à peu un sens moins précis  et moins organisé pour désigner simplement un travail quelconque fait en faveur du peuple.

… et leitarchie ?

En grec, il existait aussi dans le domaine religieux, un verbe composé avec le même terme leitos mais qui désignait précisément ceux qui conduisent   pour le peuple ( laos)   les sacrifices et  les banquets, les chefs, les prêtres  : c’étaient les  leitarchoi = ceux qui conduisent  (archein ). Il s’agissait là d’un groupe très particulier avec un statut élevé que marque le verbe « conduire ».

Ceux qui se réclamaient de Jésus pouvaient-ils utiliser un tel terme pour désigner leurs responsables, puisque le paradoxe évangélique ( le plus petit est le plus grand .. ) pointe le piège contenu dans de tels termes ?

Cela n’était pas envisageable ! Pour désigner leurs responsables, les chrétiens n’utilisèrent donc pas ce terme archein  qui impliquait un reniement dangereux des valeurs évangéliques. Ils voulurent conserver  l’idée que les gens ( laos )  choisissaient  une personne responsable d’une action, d’un  travail  (ergon )  que tous   ( laos) les fidèles organisaient  pour  répondre à leurs  propres besoins, et ils utilisèrent alors peu à peu le terme leitourgeia dans ce sens.

Un détour par l’étymologie de klèros

Dans l’Antiquité grecque, on pouvait utiliser le terme de klèrikoi pour qualifier ceux qui avaient des charges religieuses héréditaires.  Le terme vient de klèros  qui fait référence soit au tirage au sort, soit  à l’héritage qu’on recevait, souvent par tirage au sort entre des parts égales, soit à tout  héritage et aux droits héréditaires. C’est le terme utilisé par la Septante en grec, pour traduire l’hebreu qui qualifie les  prêtres juifs ( voir par exemple Deutéronome 18, 4) . Les structures de la prêtrise païenne ou juive en faisaient souvent une charge héréditaire, un privilège dont on héritait.

Chez les premiers disciples de Jésus, pas de prêtrise héréditaire certes, mais peu à peu l’idée que les responsables forment un groupe à part se précise  et  seulement vers le III° siècle, on choisit ce vieux terme pour désigner  ce qui peu à peu s’élabore en reconstruisant un groupe séparé qui s’est retrouvé à suivre les anciennes structures de la prêtrise  juive qui était une charge héréditaire, un privilège dont on héritait, ce qui deviendra bien plus tard, en passant par le latin, le futur  « clergé ».

Cependant, la prêtrise chez les chrétiens n’a jamais été ni un droit ni une obligation héréditaires, même si on sait, par de nombreux témoignages écrits de l’époque, que le clergé pouvait être marié et avoir des enfants dont certains eux aussi devenaient clercs. L’aspect héréditaire dès le début du christianisme s’est effacé devant l’importance de la vocation personnelle ou l’appel de la communauté à accepter cette responsabilité.

Le mot restait cependant : le sens en était gênant. On a alors adapté son sens et formulé une autre explication pour ce mot qui désignait en contexte chrétien les (futurs) prêtres : 

cf. Jérôme, Ep. 52,5 :  clericus : si enim κληρος  graece, sors latine appellatur, propterea uocantur clerici, uel quia de sorte sunt Domini, uel quia ipse Dominus sors, id est pars clericorum est.  

« Si klèros en grec signifie bien  en effet le sort en latin, et que en outre les clercs sont appelés ainsi à cause de cela également, c’est ou bien parce qu’ils sont d’après le sort, « du Seigneur », ou bien parce que le Seigneur lui-même est leur sort,  c’est-à-dire qu’il est la part des clercs. »

L’usage du terme se répand et finit par délimiter en quelque sorte une catégorie : ce groupe si distingué, si choisi, des klèrikoi  au nom certainement perçu comme significatif. De ce fait, consciemment ou non, volontairement ou non, il se différencie du groupe de « ceux qui ne sont pas klèrikoi » : il sera plus pratique de les désigner par un terme eux aussi, et c’est alors qu’on se servira d’un dérivé du terme laos, les gens : laïkos . Cet adjectif sera substantivé et  deviendra très utilisé quand il s’agira de marquer la différence avec les klèrikoi ( terme qui donnera clerus en latin, héritage etc.  et  clerc et clergé en français ), une différence qui sera d’abord simplement ressentie comme d’ordre hiérarchique, avant que des théologiens la valident comme telle.

On voit combien déjà cette appellation klèrikoi  les  séparait implicitement  des autres fidèles.

… d’où le terme « liturgie »

Pour en revenir au mot leitourgia : la première partie du mot est un adjectif qui dérive de laos , que nous venons de définir comme les gens, sans spécificité  ni exclusion, et signifie public. La deuxième partie  fait référence au travail (ergeia, comme dans sidérurgie, chirurgie, énergie). La liturgie, à l’époque où a été créé ce mot pour un travail fait en faveur des gens, était donc vécue comme se définissant  comme un service rendu aux gens, et par des personnes choisies par eux et perçues quasiment comme des bienfaiteurs qui mettaient leurs biens au service de la communauté.

Ce terme général fut utilisé par les premiers chrétiens lorsqu’il fallut s’organiser : les rassemblements (prière, enseignement, partage…) se déroulèrent n’importe où mais souvent, pour des raisons pratiques, dans les maisons adéquates et disponibles, leurs propriétaires ouvrant leurs bourses. La transposition se fit naturellement dans l’esprit de l’évangile : liberté des pratiques liturgiques pour répondre aux besoins écoutés de chacun, fraternité et réciprocité garantissant la communion liturgique dans la diversité. (N.B. pour le terme communion et communautaire, voir aussi sur ce site : contrairement à une opinion répandue, ces termes n’ont pas de racine commune avec un ou union. )

A cause de cela, le terme aujourd’hui désigne souvent de façon réductrice les rites communautaires.

Il en est toujours ainsi.

Mais l’histoire du mot met en évidence ce qui donne sens et valeur aux rites. Elle fonde en fait les textes sur lesquels ils s’appuient.

: telles furent les grandes lignes qui évoluèrent peu à peu au fil des siècles pour en arriver à une prière communautaire obéissant à un rituel liturgique codifié et uniformisé pour être universel et à l’abri des dérives, les clercs et les laïcs ayant chacun des rôles définis comme inégaux.

Cependant peu à peu un écart existentiel s’est creusé entre la pratique et ce qui est devenu plus théorique. Le peuple n’avait quasiment plus son mot à dire ni rien à faire. Cette dichotomie a contribué à conduire aux résultats que nous connaissons : par exemple, au début du XXème siècle, un désintérêt certain pour la liturgie dominicale, une incompréhension de la liturgie sacramentelle, une « éloignement » du clergé sont sans doute quelques uns des facteurs de la chute du nombre de « messalisants », chute ininterrompue depuis les année 1930.

Certains veulent continuer à approfondir le sillon qui dessine une frontière symbolique et belle d’aspect entre les laïcs et le sacré, sacré mystérieux dispensé par des clercs, ce qui rend plus désirable.

Mais avec Vatican II, avec François , et surtout avec l’Evangile, aujourd’hui nous sommes pourtant invités à nous inspirer du sens originel du mot liturgie pour lui redonner son sens vivifiant, lequel n’a aucun mal à s’adapter à notre quotidien : une action bénéfique accomplie par le peuple de tous, pour le peuple de tous : un besoin à satisfaire certes mais qui est orienté par Jésus qui nous invite à prier Dieu, seuls ou en communauté,  » en esprit et en vérité », à agir en enfants de Dieu puis nous assembler pour partager, nous ressourcer en Dieu lors d’une prière souvent communautaire avant de repartir agir en enfants de Dieu. La liturgie est en quelque sorte une traduction commune de nos diversités qui se tournent vers notre Père.

Si 90% de notre peuple (laos) est sorti pour vivre sans nos églises , (oui : VIVRE mieux sans elles… ) ne peut-on s’interroger pour redonner au terme liturgie son sens initial, avec son poids et son vécu?

Si la liturgie s’ouvre sur les besoins implicites de ceux qui ont quitté l’Eglise, ne serait-ce pas une démarche pastorale d’écoute ? Cet appel muet de la foule ne nous mettrait-il pas en route ?

L’Eglise, au lieu de cheminer pour se réformer en circulant à l’intérieur de son milieu ecclésial, pourrait ouvrir les portes, s’intéresser au seuil, aux parvis, aux périphéries, au Monde, à nos frères, à toutes nos Galilées. Elle pourrait « ouvrir » et libérer sa liturgie en la mettant chaque fois au diapason des hommes.

Ce serait une manière synodale de vivre ce « travail du peuple » dans la perspective du Synode convoqué par le Pape François pour 2022.

Marguerite Champeaux-Rousselot

recherches-entrecroisées.net : quesaquo ?

Pour naviguer facilement sur le site : plan du site et renseignements pratiques

To maintain the Centre Pastoral Saint-Merry in Paris. Sign on change.org





to sign   : http://chng.it/fjWSPksPGW

The Most Rev Michel Aupetit, Archbishop of Paris, announced on February 7th that he would «from March 1st, 2021, put an end to the mission commissioned in 1975 by [the then Archbishop] Cardinal Marty to the « Pastoral Centre of St Merry’s parish »https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Merri, in the heart of Paris. That mission workhttps://recherches-entrecroisees.net/2021/03/04/1975-lettre-de-mission-pour-le-centre-pastoral-halles-beaubourg-par-mgr-f-marty/ consisted of the creation of a space for «experimenting» new ways of evangelization and «inventing new/novel means for Tomorrow’s Church». 

The thousands of people from Paris and its surroundings and beyond France’s borders, who have known and loved that unique outcome of the Second Vatican Council within the Church of Paris, which is St Merry’s Pastoral Centre, hereby manifest their shock at such a damaging decision, taken without any consultation.

In a time when the Church is reflecting on synodality and promoting participation, a time when Pope Francis is inviting us to reach to the peripheries, such a counterproductive decision is baffling to us.

For more than 45 years, St Merry’s Pastoral Centre has been a venue where people from Paris and its surrounding area, especially those people who had strayed away from the Church, have found warmth, acceptance and prayer. The thousands of messages – from France and beyond – left on our site are a testament to that. 

Are there no novel ways of announcing the Gospel? That is the issue at stake.

We, the Undersigned,

Guy Aurenche, Danielle Mérian, Pietro Pisarra, Jean Verrier, Jacqueline Casaubon, Claude Plettner, Anne-René Bazin, Marianne Grilhé, Claire Saconney, Bernadette Capit, Michel Lahaie, Didier Pény, Marie-Odile et Jean-François Barbier-Bouvet, Nathalie Thillay, Anne Tardy-Planechaud…

proclaim our commitment to St Merry’s Pastoral Centre in Paris. We request that the Centre be allowed to go on with its original mission, and that a dialogue be established, so that this particular face of the Church may continue on with its valuable ministry.

1975 Lettre de mission pour le Centre Pastoral Halles-Beaubourg, par Mgr. F. Marty

mai 1975      

Lettre de mission du Cardinal Marty, confiée au père Xavier de Chalendar, premier responsable du Centre pastoral Halles-Beaubourg (CPHB)

 «Les Halles : pour l’Église de demain… des modes nouveaux

Les Halles, le plateau de Beaubourg… on sait les vastes projets en cours de réalisation et qui modifient progressivement le visage et la vocation de ce quartier.

Ce centre de Paris voit surgir et se développer des lieux de recherche et de rencontre, des lieux de commerce et de détente, des lieux de culture et d’expression artistique qui se veulent au service de tous et vont attirer, chaque jour, et pour chaque fête, des milliers de personnes.

Il est inutile de souligner l’importance de ce qui va se jouer là, dans les années qui viennent.

Les églises sont nombreuses dans ce secteur et elles comptent parmi les plus belles de Paris : Saint-Merry, Saint-Gervais, Saint Leu-Saint Gilles, Saint-Eustache. Elles sont les plus visibles de l’Église. Elles accueillent des communautés chrétiennes paroissiales : elles sont le lieu d’une pastorale locale aux formes multiples ; elles resteront au service du quartier.

Mais elles doivent permettre aussi d’inventer des modes nouveaux pour l’Église de demain. Elles ne doivent pas devenir des musées.

Depuis plusieurs années déjà, des chrétiens se préoccupent de proposer ensemble des services à tous ceux qui vont venir dans ces quartiers rénovés, à tous ceux qui y travaillent ou qui y vivent. Service de prière selon des styles assez divers : possibilités de rencontre, de communications, d’accueil ; réflexions et travail sur la foi au contact des nouvelles formes de culture…

Des prêtres diocésains, des prêtres oratoriens de Saint-Eustache et des laïcs vont poursuivre ce travail de recherche et prendre les initiatives nécessaires pour réaliser là un vrai service pastoral, original et adapté.

L’abbé Xavier de Chalendar, ancien vicaire épiscopal pour le monde scolaire et universitaire, est chargé d’animer et de coordonner l’ensemble de ce secteur pastoral non territorial.

Cardinal François Marty,

Mai 1975 »

Ce Centre Pastoral Halles-Beaubourg est devenu Centre-Pastoral Saint-Merry.