La Genèse de l’écriture, par Denise Schmandt-Besserat

La Genèse de l’écriture, par Denise Schmandt-Besserat

Traduit par : Nathalie Ferron, Postface de : Grégory Chambon

Les Belles Lettres, Paris, 2022

Pour le commander ou l’acheter  ( 25,50 €) :

https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251452937/la-genese-de-l-ecriture

Présentation

Pour les civilisations antiques, l’écriture était un don divin. Les philosophes et les linguistes ont spéculé sur ses origines. À la fin du XXe siècle, des objets archéologiques ont permis de retracer l’évolution de pratiques aboutissant aux premières traces d’écriture en Mésopotamie. Bousculant le mythe et les certitudes savantes, leur étude a montré que les fonctions primordiales de l’écriture ne relèvent ni de la transmission, ni de la conservation du langage, mais de la gestion de biens. 

La conception scientifique de la genèse de l’écriture découle des découvertes de Denise Schmandt-Besserat. Ce livre présente les preuves matérielles que sont les « jetons », examine leur évolution jusqu’à la transmission de leurs fonctions aux tablettes d’argile, puis analyse les implications socioéconomiques de ce processus multimillénaire, avant de restituer la classification des artefacts. 

Cette démarche est comparable à celle d’André Leroi-Gourhan : elle introduit une problématique fondamentale dans le champ des études paléo-historiques en même temps qu’une méthode éclairant la relation entre une classe d’artefacts et l’évolution de l’humanité. Dans une postface inédite, Grégory Chambon fait le point sur les enjeux toujours actuels de cette œuvre fondatrice.

BIOGRAPHIES CONTRIBUTEURS

Denise Schmandt-Besserat

Archéologue et professeur d’art et d’archéologie du Proche-Orient, Denise Schmandt-Besserat a reçu de nombreux prix académiques et été distinguée par l’American Association of University Women. La Genèse de l’écriture (How Writing Came About) a été inclus par American Scientist dans la liste des 100 livres de science les plus importants du XXe siècle.

Grégory Chambon

Grégory Chambon est directeur d’études à l’EHESS, chaire « Savoir et culture matérielle au Proche-Orient Ancien (IIIe-Ier millénaire av. J.-C.) ».

TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS À L’ÉDITION FRANÇAISE  
PRÉFACE 

INTRODUCTION. UNE NOUVELLE THÉORIE 
1. Mythes 
2. La théorie des pictogrammes 
3. Les jetons 
3.1. Études portant sur les jetons 
4. Les archéologues 
4.1. Leo Oppenheim 
4.2. Pierre Amiet 


PREMIÈRE PARTIE. TÉMOINS ARCHÉOLOGIQUES

Chapitre 1. Les jetons 
1. Types et sous-types 
2. Des jetons simples aux jetons complexes 
3. Matériau 
4. Fabrication 
5. Présentation de la collection de jetons étudiée 

Chapitre 2. En quels lieux et par qui les jetons étaient-ils utilisés ? 
1. Types de site 
2. Répartition au sein des sites 
3. Structures 
4. Dépôts de jetons 
5. Contenants 
6. Objets associés 
7. Des jetons comme offrandes funéraires 
7.1. Sites 
7.2. Sépultures 
7.3. Jetons 

Chapitre 3. Cordons de jetons et enveloppes 
1. Cordons de jetons 
1.1. Jetons perforés 
1.2. Bulles pleines 
2. Enveloppes 
2.1. L’objet 
2.2. Répartition géographique et quantité
2.3. Chronologie 
2.4. Contexte 
2.5. État de conservation 
2.6. Jetons enclos dans des enveloppes 
2.7. Marques 

Chapitre 4. Tablettes à encoches 
1. Quantité 
2. Contexte 
3. Chronologie 
4. Description 
5. Signes 
5.1. Mise en page 
5.2. Techniques d’impression 
5.3. Des jetons aux signes 
6. Des tablettes à encoches à la pictographie 
6.1. Les jetons : prototypes des signes imprimés 
6.2. Les jetons : prototypes des signes imprimés/incisés 
6.3. Les jetons : prototypes des pictogrammes incisés 
7. Signification des signes et jetons correspondants 
7.1. Signes imprimés 
7.2. Signes incisés 
7.3. Les chiffres 
8. Place des tablettes à encoches dans l’évolution de l’écriture 


DEUXIÈME PARTIE. INTERPRÉTATION

Chapitre 5. Évolution des symboles au cours de la Préhistoire 
1. Symboles et signes 
2. Symboles des Paléolithiques inférieur et moyen 
3. Symboles du Paléolithique supérieur et du Mésolithique 
4. Symboles néolithiques 
4.1. Une forme nouvelle 
4.2. Un nouveau contenu 
5. Une nouvelle étape dans la communication et la conservation des données 

Chapitre 6. Implications économiques et sociales des jetons 
1. Outils de calcul et économie 
1.1. Chasse et cueillette 
1.2. Agriculture 
1.3. Industrie 
2. Outils de calcul et organisation sociale 
2.1. Sociétés égalitaires 
2.2. Sociétés hiérarchisées 
2.3. L’État 

Chapitre 7. Du comptage à l’émergence de l’écriture 
1. Méthodes de comptage 
1.1. Un, deux, beaucoup 
1.2. La correspondance terme à terme 
1.3. Le comptage concret 
1.4. Le comptage abstrait 
2. Témoignages philologiques dans la langue sumérienne 
2.1. Systèmes de numération ternaire 
2.2. Multiplicité des noms de nombres 
3. Données archéologiques proche-orientales 
3.1. Les bâtons de comptage du Paléolithique 
3.2. Les jetons 
3.3. L’écriture 

Chapitre 8. Conclusions : le rôle des jetons au cours de la Préhistoire et leur apport à l’archéologie 
1. Économie 
2. Structure politique 
3. Mathématiques 
4. Communication 

TROISIÈME PARTIE. LES OBJETS

Croquis et photographies 
1. Cônes 
2. Sphères 
3. Disques 
4. Cylindres 
5. Tétraèdres 
6. Ovoïdes 
7. Quadrilatères 
8. Triangles 
9. Biconiques 
10. Paraboloïdes 
11. Boudins repliés 
12. Ovales / Rhomboïdes 
13. Récipients 
14. Outils 
15. Animaux 
16. Divers  

Glossaire 
Abréviations 
Postface 
Bibliographie 
Index

La recherche de la vérité dans la Grèce archaïque, par Pierre Vesperini, le mardi 8 mars 2022, 14h 30-15h 30, à Paris et en visio.

Vinciane Pirenne-Delforge (Normes religieuses et questions d’autorité dans le monde grec recevra Pierre Vesperini, CNRS, qui donnera  un séminaire au Collège de France, 11, place Marcelin Berthelot, Salle 2. 

Les cours et séminaires sont gratuits, en accès libre. Cependant, pour assister en visio,  il faut demander le lien  à Manfred : manfred.lesgourgues    @           college-de-france.fr

Notre commentaire est plus bas .

Résumé de l’auteur :

Du grand livre de Marcel Detienne Les Maîtres de vérité dans la Grèce archaïque (1967), on a gardé l’image d’une sorte de « premier âge » de la « pensée grecque », au cours duquel aèdes, devins, « rois de justice » et autres « sages » (sophoi) auraient possédé et proclamé à leurs contemporains des vérités inspirées par les dieux. C’est dans un deuxième temps, et au prix d’une « laïcisation » du savoir, qu’aurait pu naître la philosophie au sens tout à la fois de recherche (et non plus possession) du vrai, et de critique de la doxa (mythes, traditions, autorités, en un mot, « conglomérat hérité », pour le dire avec Gilbert Murray).

Ce qu’on voudrait tenter de montrer ici, c’est que ce schéma évolutionniste est trompeur. Les « maîtres de vérité » n’ont pas disparu avec le passage à la philosophie. Qu’il suffise de penser à Épicure, symbole du rationalisme philosophique s’il en fut. Et, symétriquement, l’idée de recherche et l’idée d’examen sont présentes dès les débuts de la pensée grecque, en ce qu’elles sont en fait inhérentes à l’esprit même du polythéisme grec.

Notre commentaire :

Ce séminaire semble particulièrement intéressant pour ceux qui s’intéressent à la représentation que nous nous faisons de l’intelligence grecque… comme exemple probant de l’idée de progrès, et d’un progrès qui va de ce que nous appelons l’irrationnel à ce qui est plus rationnel ; de ce que nous considérons comme plus « primitif » à ce qui est plus .. « civilisé »: nous aujourd’hui évidemment !

Nous avons sans doute encore bien du chemin à faire comme le montre Pierre Vesperini !

La doxa reçue par les Anciens n’était pas aussi rigide que la nôtre qui a été influencée indirectement, et par la foi en une vérité unique en matière religieuse, et par le désir d’une vérité unique pour le domaine rationnel. C’est notre conception même de la religion des Anciens grecs que nous devons réviser.

Une prise de conscience salutaire de la plupart des chercheurs qui prennent du recul nous semble bien converger vers cette découverte, au fur et à mesure que tombent les préjugés.

Comment parler de ce qui ne peut se mettre en mots ? « Phénoménologie de la transcendance », par Sophie Nordmann, 9 février 2022

L’exposé de Sophie Nordmann, mercredi 9 février 2022, sera suivi d’un débat avec Philippe Gaudin.
 
– Sophie Nordmann (enseignante-chercheuse à l’EPHE en philosophie contemporaine, éthique, pensée juive, et membre du GSRL) a écrit deux livres Phénoménologie de la transcendance I (Création Révélation Rédemption) et Phénoménologie de la transcendance II (Humanité).  
– Philippe Gaudin (directeur de l’IREL et membre du GSRL)  

La rencontre aura lieu à la MSH (salle AS1-01), 54 boulevard Raspail à Paris mais également en ligne : dans les deux cas sur inscription (ouverture des inscriptions à partir du 15 février).    

« Toute phénoménologie, par définition, part de et en reste au monde tel qu’il s’offre à la conscience.
Une phénoménologie de la transcendance semble donc une entreprise impossible, puisqu’il s’agirait de chercher dans l’expérience du monde « quelque chose » qui ne puisse en aucune manière que ce soit être rapporté au monde. (…) Pour le dire autrement, si la transcendance était objet d’expérience possible, alors justement elle ne serait plus transcendance.
Par principe, une ‘phénoménologie de la transcendance’ ne cherchera donc pas positivement quelque chose de transcendant dans le monde. Il ne pourra s’agir que d’une phénoménologie de la trace : phénoménologie de ce qui est au monde sur le mode de la non-présence et de la non-représentabilité.» 
Une phénoménologie de ce qui « brille par son absence» qui nous invite à une réflexion nouvelle et inattendue sur l’humanité de l’homme.  

( NDLR : cela devrait être fort intéressant ! Cette phénoménologie de la Transcendance à mon avis pourrait se rapprocher de certaines spiritualités ou religions  pour qui Dieu ou un dieu ne se mettent pas en mots   car ils sont saints et brillent par une absence qui rend l’Homme libre et heureux  : théologie apophatique, négative ou mystique…, certaines découvertes théologiques plus ou moins récentes, le doute qui vaut mieux que la foi, le Dieu caché, les paradoxes de l’Evangile, le « liquide » et le seuil, le Hors-les-Murs et le nomadisme etc. Des réalités humaines, des valeurs, des idéaux éventuellement non-religieux qui sont peut-être en chaque Homme ? Marguerite Champeaux-Rousselot )

S’inscrire pour assister à cette rencontre

« Norme religieuse et questions d’autorité dans le monde grec » , cours de ​Vinciane Pirenne-Delforge. 

Cours donné en 2022 au Collège de France. 

Séminaire en parallèle ce mardi 8 février à 14h30 : deux premières interventions 

Josine Blok (Université d’Utrecht) sur What has citizenship to do with the gods? Reflections on the religious foundations of ancient Greek citizenship 

Summary :

Citizenship has two components: membership of the group of citizens (the citizen body) and the rights, duties, and obligations the citizens have towards the community and the state. Each of these components, as well as the connection between them, is shaped by formal rules (laws) and informal conventions and values. In classical Greece membership of the citizen body formally depended on descent, while the community as such consisted in their shared heritage (ta patroia), the total of their material and immaterial goods, founded on the common cult of the gods. In classical Athens, this communal religious foundation was called ta hiera kai ta hosia, all the gifts to the gods and all obligations of humans towards each other and towards the gods that were pleasing to the gods.

In my contribution to the séminaire I will clarify this element of Greek citizenship in more detail and discuss some of the critical responses by colleagues to my viewpoints.

Christophe Pébarthe (Université de Bordeaux) sur La naissance de la politique. Autorité humaine et ordre divin dans les poèmes homériques et hésiodiques 

Résumé :

Des études classiques ont expliqué la naissance de la polis en mettant en avant le logos et le meson. Le discours, tenu en public, marquerait l’avènement d’un monde nouveau dans lequel la persuasion aurait remplacé la force. Désormais, l’efficace de la parole supposerait l’approbation du groupe social et ne nécessiterait pas l’intervention des divinités. D’autres travaux ont préféré évoquer, sans véritablement l’expliquer, l’extension d’un domaine soumis, non plus au cours naturel des choses, mais aux actions humaines. D’autres encore envisagent des individus s’agrégeant progressivement jusqu’à former une communauté civique ou bien des transformations des conditions matérielles. Toutes ces explications ont en commun de n’accorder aucune place au monde divin, comme si celui-ci occupait dans les conceptions grecques la même position par rapport au monde humain que dans certaines conceptions contemporaines, pris dans la logique du couple immanence/transcendance.

Pourtant, comme le rappelait naguère Jean-Pierre Vernant dans sa Leçon inaugurale au Collège de France, « l’insertion du religieux dans la vie sociale, à ses divers étages, ses liens avec l’individu, sa vie, sa survie ne prêtent pas à une délimitation précise du domaine de la religion ». La lecture des poèmes homériques et hésiodiques confirme l’existence d’une tout autre articulation entre les univers divin et mortel. Elle invite à comprendre les transformations du monde grec archaïque autrement. C’est en pensant conjointement les êtres humains et les divinités, à partir d’une même grille de lecture, qu’il a été possible aux poètes de rendre compte de l’émergence d’une sphère dans laquelle l’ordre divin ne fondait pas l’autorité humaine. Celle-ci pouvait dès lors être le produit d’une activité collective – ou travail social –, la politique.

La séance qui dure 1 h se tiendra au Collège de France, 11, place Marcelin Berthelot, en salle 2.

Les cours et séminaires sont gratuits, en accès libre, sans inscription préalable.

Le fantastique et le mythique dans l’Antiquité grecque. Autour d’Apollon et de Python

par Marguerite Champeaux-Rousselot

En attendant de pouvoir mettre la conférence ou l’article sur le site ou ailleurs, voici l’annonce de sa publication chez Garnier .

https://classiques-garnier.com/frontieres-et-limites-de-la-litterature-fantastique-le-fantastique-et-le-mythique-dans-l-antiquite-grecque.html

Si vous souhaitez me demander quelque chose, merci de m’écrire par le site.

Le fantastique et le mythique dans l’Antiquité grecque
Autour d’Apollon et de Python
, par Marguerite Champeaux-Rousselot

  • Type de publication: Article de collectif
  • Collectif: Frontières et limites de la littérature fantastique
  • Auteur: Champeaux-Rousselot (Marguerite)
  • Résumé: Notre Fantastique d’incertitude est presque absent des récits grecs antiques concernant du surnaturel. Une fois que la ferveur des croyants et leur utilité sociale les avaient validés, croyants et incroyants en constataient des versions différentes, dues au fait, reconnu, que les auteurs tentaient d’y traduire du divin en utilisant leur phantastikè (capacité de mettre en image). Le mûthos s’avère avoir été le point de jonction d’une vérité entre réel naturel, réel surnaturel et réel imaginé.
  • Pages: 85 à 113
  • Collection: Rencontres, n° 441
  • Série: Études dix-neuviémistes, n° 47

L’exemple est pris à partir d’Apollon et Python à Delphes , un sujet que je connais bien car évoqué longuement dans ma thèse sur Castalie

http://www.theses.fr/2013EPHE5006

Voici la première page :

Qu’est-ce qu’un theos ? La Grèce ancienne en comparaison. jeudi 4 nov. 2021, 9h-18 h, Paris

Journée d’étude : Qu’est-ce qu’un theos ? La Grèce ancienne en comparaison

Organisateurs : Claude Calame, Vinciane Pirenne-Delforge, Gabriella Pironti

Lieu : Collège de France, Salle 4

Inscription gratuite mais obligatoire (dans la limite des places disponibles) : manfred.lesgourgues @ college-de-france.fr

Programme 

  • 9h00 – Introduction par Gabriella Pironti (EPHE) et Vinciane Pirenne-Delforge (Collège de France)
  • 9h30 – Claude Calame (EHESS) : Au-delà de la « personne » et de la « puissance divine » : comment divinités et héros grecs sont-ils invoqués par mortelles et mortels ?
  • 10h15 – Thomas Galoppin (Toulouse/MAP), Francesco Massa (Fribourg) : Theoi et puissances divines à l’épreuve du comparatisme, dans le sillage des rencontres toulousaines en l’honneur de Jean-Pierre Vernant
  • 11h00 – Pause
  • 11h30 – Ilaria Calini (Hastec, EPHE) : Dieux-héros et rois-dieux dans les compositions littéraires de la Mésopotamie ancienne
  • 12h15 – John Scheid (Collège de France) : Numen, deus, diuus. La notion romaine de la divinité
  • 14h30 – Anna Angelini (Zürich) : Du super-corps du dieu trônant à l’invisibilité du dieu céleste : la représentation de Yhwh dans la Septante
  • 15h15 – Hélène Collard (Liège) : Dieux au figuré, ou comment l’image fait le dieu
  • 16h00 – Renaud Gagné (Cambridge) : « Tous les dieux. » Rituel, rhétorique et totalité divine
  • 16h45 – Pause
  • 17h15 – Table ronde avec la participation de Philippe Borgeaud (Genève), Jean-Jacques Glassner (CNRS), Charles Malamoud (EPHE), François de Polignac (EPHE).

« Nos archives débordent, regorgent, de puissances, de divinités, de dieux, des grands, des petits, des obèses, des obscènes, des terribles, des minables, de tout poil, de toutes couleurs, drôles, pitoyables, transcendants, ronds-de-cuir. Des dieux en pagaille, une population en pleine expansion. On en fabrique partout, sans cesse. » Ainsi Marcel Detienne introduisait-il, en 1988, un dossier comparatiste intitulé précisément : « Qu’est-ce qu’un dieu ? ». La question posée à cette occasion, ti theos ?,  trouve sa formulation indigène en Grèce ancienne dans un fragment de Pindare. Elle a été reprise en 2010 par Albert Henrichs qui y répondait en reconnaissant aux theoi helléniques trois caractéristiques fondamentales : l’immortalité, l’anthropomorphisme, le pouvoir.

Peut-on se contenter de cette réponse ou bien faut-il poursuivre le questionnement ? Dans l’historiographie de la définition du « dieu » envisagé en milieu polythéiste se profile en particulier la notion de « puissance divine », à la suite des travaux de Jean-Pierre Vernant et en contraste avec l’application généralisée de la notion de « personne » aux divinités du monde grec. Dans cette recherche sur la spécificité de la figure divine, il faut aussi tenir compte des études qui ont signalé depuis lors les limites de l’anthropomorphisme. Dans la volonté qui nous anime de reprendre l’interrogation de Pindare et de placer une fois encore le dieu, la déesse, les dieux, theos et deus, thea et dea, au centre d’une réflexion commune, la perspective comparative est double : définition par contraste avec la figure du héros et celle du mortel, et comparaison différentielle avec les dieux dans d’autres religions antiques, tout en tenant compte des formes discursives et iconographiques qui font apparaître une divinité comme telle. Il s’agira dès lors de faire le point sur les enquêtes récentes et d’ouvrir de nouvelles pistes de recherche sur cette question cruciale pour l’histoire des religions antiques.

2021-07-12 Le portique des Athéniens à Delphes révèle-t-il un programme athénio-delphien ? Devons-nous réviser certaines de nos conceptions ?

Un article par Anne Jacquemin et Didier Laroche, récemment  publié sur internet , à propos du  Portique des Athéniens à Delphes[1],  donne des éléments archéologiques concernant la datation et son objectif.  

Cette lecture nous a incitée à quelques réflexions  d’ordre moins matériel que nous partageons en toute simplicité : nous reprenons les éléments factuels donnés dans l’article, comme points de départ d’un questionnement plus ample.

Les indices  listés par les auteurs concluent en définissant une fourchette chronologique  de 510-490. Or il n’ pas été bâti   à la suite aux guerres médiques: après Marathon, les Athéniens ont offert la base et le trésor voisin, plus tard le monument érigé à l’instigation de Cimon dans la partie méridionale du sanctuaire ( SD  110). Ce n’est pas pour la bataille de Platées : ils ont consacré les boucliers pris aux Perses et aux Thébains sur l’entablement du temple. .Ce n’est pas non plus, enfin, pour l’Eurymédon : ils ont dressé une statue d’Athéna sur un palmier en bronze près du temple.)

C’est probablement  après la grande victoire navale  sur Égine vers 491 (Hdt. 6.88-92) qu’il a été  édifié, et ce sont sans doute les témoignages directs de cette dernière victoire qu’il contenait. On note d’ailleurs que  c’est le prototype d’une nouvelle espèce architecturale : ce qui confirme cet objectif. Par la suite, ce système de « portique » se diffusa largement, pour répondre aux mêmes besoins ailleurs.

Les auteurs font remarquer que ce portique des Athéniens   a été bâti sur l’espace de rassemblement principal des Delphiens, en prenant même sur lui.

Or les Athéniens s’étaient déjà engagés à doter le sanctuaire panhellénique d’un temple monumental en partie en marbre. Il était superflu qu’il vienne le compléter d’une façon aussi spectaculaire: il avait  donc un autre objectif.

Il venait compléter le temple à valeur spirituelle (et médiatique) par un bâtiment à visée ouvertement plus politique et médiatique.

Ce complément avait visiblement pour objectif de permettre  à la cité d’Athènes de disposer d’un lieu panhellénique de démonstration de sa puissance nouvelle sur terre et sur mer à travers des éléments directs et indirects. On peut parler d’un programme  architectural  portant un programme religieux et politique, ou politique et religieux.

Que ce programme ait été conçu et réalisé montre l’étroitesse des liens existant en 491 environ entre Delphes et Athènes, le prix  ( dans tous les sens du terme)  qu’Athènes accordait à figurer à Delphes, et  la place ( dans tous les sens du terme ) que les Delphiens lui firent.  

Cela  incite à se poser diverses questions liées entre elles : nous en citons de façon non limitative.

Si ces liens Delphes-Athènes  n’étaient pas exclusifs mais à proportion de la puissance,  qu’en était-il   à Delphes de la place  matérielle et spirituelle faite aux cités hostiles à Athènes ? Cela ne modifie-t-il pas la conception que nous avons de la religion grecque, de ses sanctuaires, de leurs liens avec la société ?

L’ambitieux  et coûteux programme athénien devait être «  rentable » pour Athènes. IL avait été certainement établi après mûre réflexion.  Il ne peut s’être limité à bâtir à Delphes. Il a certainement été décliné dans divers domaines : arts, littérature ancienne revisitée, prières et cultes modifié, réécritures de mythes, orientés tous  pour y inscrire Athènes et sa puissance.

           Ces liens ne fonctionnaient-ils que dans ce sens, Athènes édifiant à Delphes les signes de son pouvoir politique   ?  ou le pouvoir spirituel de Delphes  avait-il sa contrepartie dans le culte et les édifices à Athènes ?  Peut-on penser que la « place » d’Apollon à Athènes augmenta  de façon quasi-volontariste ? Et inversement que la place d’Athéna à Delphes augmenta également ? Cela ne se traduisit-il pas positivement en monuments, en symboliques communes,  comme résultant d’influences réciproques ou de bijections plus ou moins contraintes, mais aussi en essayant également de diminuer la  renommée d’autres lieux qui se revendiquaient comme apolliniens  (Délos  en particulier) ?  Ceci pouvait se faire hostilement en tentant de les éliminer, de façon ambiguë en les absorbant ou en s’y installant côte à côte, ou amicalement en s’y reliant..  Il nous semble que si nous observions ce qui se passe à Athènes d’un œil aiguisé par cette question, on trouverait des éléments qui en augmenteraient l’intérêt. 

Ce renforcement mutuel entre  Athènes et Delphes est-il concerté  ou non ? A-t-on affaire à un programme athénio-delphien ou  à une évolution naturelle faite des  choix individuels  d’une société vivante ?  

           Devons-nous considérer  que, Athènes étant  la plus « riche », son influence a tenté  ou non d’être quasi-monopolistique ou totalitaire ? Ne doit-on pas faire une place beaucoup plus grande aux intentions des « auteurs » ( cela comprend les artistes en tous genres) dans les textes qui nous sont parvenus , et en particuliers  dans les variantes des mythes ? Cela ne change-t-il pas de façon radicale notre définition du terme « mythe » appliqué indistinctement à la Grèce  de toutes les époques ?  Arriverait-on enfin à étudier des textes anonymes comme s’ils étaient d’un auteur connu contemporain ?      

Autre question : Athènes étant alors plus riche, plus célèbre, plus dynamique, plus productive, nous devons nous poser la question de savoir si  les témoignages qui nous sont parvenus de l’Antiquité sont  déséquilibrés. Il en va de même  pour toutes les civilisations  et les cultures passées et même contemporaines, ce qui fait que  mémoriellement les pauvres « n’existent »  pas ou presque pas, même de leur vivant.

Ce type  de question se pose de façon  bien plus argumentée depuis que l’archéologie (efficace, il faut bien le reconnaître, en gros, depuis moins de cent ans pour les périodes antérieures à  la période hellénistique)  peut atteindre finement les couches  antérieures spatio-temporelles tant dans le sol  et la matière des traces et  objets subsistants  que  dans le fond et la forme des objets humains que sont les textes et les artefacts.  On s’aperçoit ainsi – parfois avec incrédulité d’abord –  qu’il y avait un autre monde avant  l’Apollon du V° siècle, d’autres dieux, d’autres Apollon ailleurs et  plus anciens… Bref que notre vision   de la Grèce passait – je ne mentionne pas les problèmes de réception et transmission  – par la vision humaniste,  héritière simplificatrice de la vision romaine, qui reprenait  à sa façon la  vision quasi-totalitaire de l’âge d’or d’Athènes.

Bonnes réflexions…

Marguerite Champeaux-Rousselot

Post-doctorante EPHE,

CRATA.  

MCR=


[1] Le Portique des Athéniens revisité, par Anne Jacquemin et Didier Laroche, 2019, in From Hippias to Kallias . 

https://www.academia.edu/49768271/LE_PORTIQUE_DES_ATH%C3%89NIENS_REVISIT%C3%89?email_work_card=title

Plan de la thèse de Marguerite Champeaux-Rousselot sur Castalie ( 2013)

Pour aller voir le plan de la thèse sur internet :https://www.academia.edu/31729787/Plan_de_la_th%C3%A8se_Castalie.:

pdf

Résumé de la thèse sur mon site, jury, direction…

Si vous souhaitez des renseignements plus précis sur tel ou tel point, je serai contente de vous répondre : écrivez-moi par le site.
Depuis la soutenance, j’ai avancé dans la recherche et lorsqu’il y avait plusieurs hypothèses à envisagées, elles se réduisent en nombre ou celles qui restent se renforcent d’autres éléments ou se réduisent à une seule qui parfois devient une certitude.

Continuer la lecture de Plan de la thèse de Marguerite Champeaux-Rousselot sur Castalie ( 2013)

Conférence « Du laurier au mythe de Daphné »

Conférence (suite) sur Zoom le jeudi 20 mai à 14 h, par Marguerite Champeaux-Rousselot

Inscription gratuite ( voir plus bas) Conférence organisée par l’Université Populaire de Poissy.  

Session 2 ; Grèce du V° siècle av. J.-C. jusqu’à l’époque romaine.

Thème : comment le laurier devint en Grèce la plante d’Apollon.  Peut-on parler de sacralisation ?

Une branche de laurier, une couronne de laurier sur une peinture du XVIIIème siècle ou sur une pièce de monnaie ou un vase antique se déchiffrent, simplement,  comme l’évidence d’une allusion à Apollon, ou même à Delphes voire à la poésie, deux domaines réputés d’Apollon par excellence. Chacun s’imagine connaître l’importance de cet attribut d’Apollon et son origine. Cependant comment ce  végétal utile par exemple comme épice culinaire a-t-il reçu un autre statut jusqu’à avoir une signification profonde d’ordre affectif ou symbolique pour la collectivité, puis participer au sacré  dans le cadre rituel et religieux de l’Apollon de Delphes ?

Lors de la première session, nous avons observé cette promotion, cette progression à partir des premières traces concernant le laurier ( textes, dessins, sculptures ) pour le voir prendre sa place dans le sanctuaire pythien de Delphes. Le panorama ainsi dressé s’était arrêté vers les Vème et  IVème siècles av. J.-C. 
Cette seconde session montrera  la  place importante ( et religieuse ? ) des auteurs de théâtre installant a posteriori le laurier dans les récits fondateurs de Delphes, et le rôle politique et social des artistes utilisant le laurier pour favoriser certaines idées. Nous irons probablement jusqu’à l’époque romaine comprise où Ovide donna une si grande célébrité au mythe de Daphné en le déplaçant pour le relier  au célèbre Apollon de Delphes : si nous avons le temps nous pourrons étudier comment se constitua ce mythe, bien longtemps auparavant, en Argolide. 

Ce recul temporel permet de  comprendre comment  un objet peut être enrichi et parfois sacralisé : nous aurons mené en quelque sorte une exploration anthropologique qui, en redonnant au laurier son histoire complexe, permet de mieux prendre conscience du travail de l’Homme sur son environnement : une question bien contemporaine ! 
Cette deuxième session enseigne également à  vérifier comment nous utilisons les informations antiques que nous avons… : lutter contre les simplifications culturelles abusives, savoir reconnaître les lacunes et nos ignorances, ne pas démissionner devant les nuances de l’Homme à respecter : autres enjeux cruciaux

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INFORMATIONS PRATIQUES :

C’est gratuit et organisé par l’Université Populaire de Poissy..

Il suffit de s’inscrire à l’avance sur le site à l’onglet inscriptions : donnez votre nom et adresse mail ( ne vous occupez pas du code demandé) et en dessous dans la partie Text , écrivez le jour et le nom ou le titre de la conférence. Ainsi ils connaissent  le mail de la personne et lui envoient  le lien d’accès à la conférence qu’elle souhaite. 

https://unipop-poissy.fr/inscriptions/

Si la personne souhaite par la suite adhérer à l’université, il lui faut remplir le bulletin d’adhésion qui se trouve sur le site à l’onglet Adhésions où les modalités sont expliquées. Mais on peut tester 1 ou 2 conférences sans adhérer.

https://unipop-poissy.fr/modalites-dadhesion/

« La fabrication de l’Antiquité par les Anciens / objets et lieux sacrés : réalités et imaginaires », séance le 3 mars 2021 à 16h, par Marguerite Champeaux-Rousselot (Séminaire Patrimoine Littérature Histoire)

Pour la prochaine séance EN LIGNE du séminaire CRATA-ERASME « La fabrication de l’Antiquité par les Anciens / objets et lieux sacrés : réalités et imaginaires », j’aborderai le mercredi 3 mars 2021 à 16h : « Omphalos : d’un sens banal à un objet consacrant ou consacré (des premiers écrits grecs à l’époque classique) ».

En raison de la situation sanitaire, la séance aura lieu en ligne. Pour obtenir le lien de connexion, vous pouvez écrire à : francois.ripoll@univ-tlse2.fr

Laboratoire Patrimoine Littérature Histoire (PLH / EA 4601) : Séminaire commun des équipes PLH-CRATA / PLH-ERASME 2020-2021.

Ce séminaire réunit historiens et littéraires, chercheurs et jeunes chercheurs, Toulousains et extérieurs.

Université Toulouse - Jean Jaurès
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2020-2025  Projet CRATA quinquennal 2020-2025

La fabrication de l’Antiquité par les Anciens « Objets et lieux sacrés : réalités et imaginaires »

Mercredi 16h – 18h, semestre 2, Maison de la Recherche (en raison de la situation sanitaire, la séance aura lieu en ligne)

3 février : Élodie Guillon (PLH-ERASME) « Le buste de Tanit à Ibiza : un objet symbole d’une identité ébuzitaine actuelle »

10 février : Laurent Bricault (PLH-ERASME) « Le Mithraeum, réalités et perception de l’Antiquité à nos jours »

17 février : Adeline Grand-Clément (PLH-ERASME) « Les bruissements de l’oracle : retour sur le « gong » de Dodone »

3 mars: Marguerite Champeaux-Rousselot (PLH-CRATA) « Omphalos : d’un sens banal à un objet consacrant ou consacré (des premiers écrits grecs à l’époque classique) »

10 mars : Thibaud Lanfranchi (PLH-ERASME) « Sagmina, herbe sacrée des Romains »

17 mars : Vilma Losyte (PLH-ERASME): « Jeux et jouets dans les sanctuaires du monde grec »

24 mars : Arnaud Saura-Ziegelmeyer (PLH-ERASME): « Identités sonores réelles et fantasmées dans l’Antiquité: à chacun sa percussion ? »

31 mars : Bénédicte Chachuat (PLH-CRATA) « La Thessalie comme sanctuaire infernal : la perversion de l’espace sacré dans la Pharsale de Lucain »

7 avril :  François Ripoll (PLH-CRATA) « L’espace sacré de Rome au chant VIII de l’Énéide : des « lieux de mémoire » au paysage allégorique »

14 avril : Hélène Frangoulis (PLH-CRATA) « L’Éthiopie : lieu sacré ou maudit ? Entre réalité et imaginaire chez Héliodore »

21 avril : Patrick Robiano (PLH-CRATA) « La représentation de Delphes dans les Ethiopiques d’Héliodore »

Contacts : François Ripoll (francois.ripoll@univ-tlse2.fr) ou Anne-Hélène Klinger-Dollé (dolle@univ-tlse2.fr)